« Où va le Sénégal ? » Nous sommes loin du cri du cœur du professeur Pierre Fougeyrollas dans un retentissant ouvrage écrit en 1971. Mais la question mérite une grande réflexion des fils et filles de ce pays. La barque « Sénégal » tangue dangereusement face à une indifférence généralisée. Après les évènements de mars dernier, on pensait l’arène politique pacifiée. Mais depuis quelques jours, tout le monde concorde à dire que la situation politique est lourde de danger. On s’est pendant longtemps cru un peuple à part et que rien de grave ne pourrait nous arriver. Qu’il serait illusoire d’assister à une guerre civile. Grave erreur! Il nous faut prendre très au sérieux les déclarations guerrières des uns et des autres. Plutôt que de se regarder en compatriotes, on se voit en ennemis. D’un côté, les bons et de l’autre, les ennemis qu’il faudra exterminer. Si certains ont déploré la présence de nervis dans le cortège présidentiel lors de sa tournée économique dans le nord du pays avec des violences exercées sur des populations sans défense, il faudra aussi se désoler de la prise de position guerrière de quelques leaders politiques, appelant à la violence. On ne devrait pas se faire face entre Sénégalais. Mais se parler, s’écouter pour faire de la politique en gentlemen. Chaque leader politique voulant le meilleur pour ce pays et non le pire. D’ailleurs, les Sénégalais pour qui ils disent se battre, sont aujourd’hui taraudés par un quotidien difficile. Pendant donc que la population cherche le diable pour lui tirer la queue, nos hommes politiques, qui jouent à se faire peur, s’adonnent à la danse du sioux au bord du précipice.

Ce que l’on peut appeler « Yee fitna » est la chose la mieux partagée. Et nos leaders politiques, sans coup férir, s’en donnent à cœur joie. Le « daasse paaka » est devenu de règle. Deux camps se font face et prêts à s’entretuer. Il urge d’arrêter la surenchère. Il est temps également de pacifier la scène politique. Personne ne s’en sortira indemne si le pays, qui nous appartient tous, sombre dans le chaos.

Madior Salla