L’Imam Khomeini, Fondateur de la République Islamique d’Iran, était pionnier d’une vision équilibrée, ouverte et inclusive en politique étrangère. Cette politique équilibriste basée sur «Ni Est Ni Ouest», visait à mettre en œuvre une diplomatie sereine, dynamique, rationnelle, agile, intelligente, pertinente, active et harmonieuse et à établir un équilibre dans tous les aspects : entre l’Orient et l’Occident, entre l’intérêt national et les intérêts transnationaux du monde islamique, et entre l’idéalisme et le pragmatisme. Nous avons cerné dix aspects d’une politique étrangère équilibrée dans la vision de l’Imam Khomeini que nous allons aborder ci-après :
1- l’équilibre dynamique entre l’intérieur et l’extérieur : comme la politique étrangère est liée et interconnectée à la politique interne, l’Imam khomeini soutenait que s’appuyer sur les potentialités indigènes et le développement des capacités internes favoriserait l’interaction constructive des facteurs externes et internes pour une politique d’ouverture internationale, tout en préservant l’indépendance du pays et en rejetant sa dépendance envers les grandes puissances.
2- L’équilibre synthétique entre les idéaux et les réalités: L’Imam khomeini était pour la mise en œuvre d’un équilibre entre les valeurs idéologiques et les idéaux islamiques (comme la négation du système hégémonique, le soutien aux mouvements de libération et à l’axe de résistance, l’unité du monde islamique) d’une part et les réalités de la scène internationale (par le biais de son pragmatisme basé sur la préservation de l’intérêt national, le respect mutuel des Etats et l’engagement envers les accords internationaux) de l’autre. L’Imam Khomeini insistait tantôt sur les idéaux lorsqu’il disait: «Nos relations extérieures sont fondées sur la préservation de la liberté, de l’indépendance et de la protection des intérêts de l’islam et des musulmans, et sur cette base, nous agissons dans le respect mutuel avec tous les pays qui le souhaitent» et tantôt sur l’intérêt national lorsqu’il déclarait: «Le principe qui ne peut être changé est que notre politique étrangère doit être basée sur la préservation de la liberté et de l’indépendance du pays, ainsi que sur la protection des intérêts du peuple iranien».
3- L’équilibre négatif entre l’Orient et l’Occident: Selon son slogan de « Ni East Ni Ouest», il soutenait la négation des blocs communiste et capitaliste. Il n’avait aucunement confiance aux superpuissances occidentale et orientale mais cela ne signifiait pour autant qu’on ne devrait pas avoir de relations avec elles. Cette politique de non-alignement idéologique visait la réalisation de l’indépendance et des intérêts nationaux du pays, tout en établissant des relations bilatérales avec tous les pays sauf le régime sioniste et le régime apartheid de l’époque.
4- Equilibre multidimensionnelle entre la politique, l’économie et la culture dans la diplomatie du pays: cette politique étrangère inclusive, cohérente et coordonnée entre les composantes de la diplomatie soutenait que l’indépendance intellectuelle et culturelle constituait la base de l’indépendance politique et économique mais tous ces facteurs sont interconnectés.
5- L’équilibre logique de diversification: L’Imam Khomeini était pour la diversification des partenaires et l’interaction avec tous les pays non-belligérants, n’ayant pas de visées interventionnistes ou protagonistes et cela pour assurer que le pays ne tombe pas dans le piège d’isolationnisme. Il disait que «La République islamique entretient de bonnes relations avec tous les pays sur la base du respect mutuel». Cette politique de diversification visait une politique proactive des 3-D équilibrée (Défense, Développement et Diplomatie) pour subvenir aux besoins économiques et sécuritaires du pays dans la lignée de maximalisation des intérêts nationaux et de l’entrée forte dans les enjeux internationaux avec le sens de l’engagement intelligent.
6- L’équilibre contextuelle entre la coopération et la confrontation: L’Imam khomeini était pour la coopération avec les pays frères et amis et pour la confrontation avec les pays ennemis et belligérants. Selon cette politique de différenciation entre les pays amis et ennemis, la nature des relations bilatérales dépend d’une manière contextuelle de l’évaluation de l’approche et de l’attitude des autres acteurs étatiques. Cette politique était basée sur le principe qu’on ne devrait pas être trompé ni tromper autrui. Ainsi, là où il y avait la fraternité entre les deux pays, l’Imam Khomeini prônait pour la coopération constructive avec les pays frères et amis comme les pays islamiques. D’autre part, l’Imam Khomeini plaidait pour une confrontation déterminée contre les visées hégémoniques de l’impérialisme et contre la nature discriminatoire et usurpatrice du régime sioniste.
7- L’équilibre logique entre le régionalisme et l’internationalisme: L’Imam khomeini était pour l’intégration régionale et l’unité du monde musulman ainsi que pour la politique de bon voisinage et l’apaisement des tensions régionales. Cependant, comme il y a une sorte d’interconnexion entre le système régional et le système international, il était pour l’ouverture vers le monde et l’interaction avec les puissances extrarégionales tant qu’elles n’ont pas des visées interventionnistes, expansionnistes ou dominatrices.
8- L’équilibre épistémologique entre les rationalités ontologique, normative et instrumentale. Cette approche de rationalité extensive et inclusive visait la prospérité matérielle et spirituelle de l’Homme ainsi que la promotion des valeurs humaines, l’utilisation des moyens légitimes pour parvenir aux objectifs prédéterminés, et l’utilisation d’une voie moins dangereuse, moins couteuse, plus bénéfique, et plus courte.
9- L’équilibre intelligent entre la puissance douce et dure (Soft Power& Hard Power): là où il y avait la nécessité pour le renforcement des capacités militaires pour assurer la stratégie de dissuasion, l’Imam Khomeini était pour, surtout au moment de la guerre entre l’Iran et l’Irak. Là où il y avait la nécessité d’inspirer le monde par le biais de l’explication des valeurs telles que la démocratie islamique, l’Imam Khomeini soutenait la diplomatie publique et l’utilisation de la puissance douce.
10- L’équilibre entre la structure sociale et l’acteur gouvernemental : L’Imam Khomeini était pour l’équilibre à deux niveaux : le niveau de structure sociale où le peuple dispose d’un rôle particulier pour la participation politique notamment durant les élections; et le niveau de l’acteur gouvernemental (les élites politiques et bureaucratiques) qui détient l’appareil décisionnel pour la gestion de l’arène diplomatique.
Pour conclure, nous pouvons constater qu’une politique étrangère équilibrée dans la pensée de l’Imam Khomeini devra prendre en considération la gestion du temps, la gestion du changement et des évolutions ainsi que la gestion des défis et des opportunités.