Israël, cet État qui est au-dessus de toutes les lois et organisations internationales, continue de semer un véritable crime collectif dans la bande de Gaza, et l’hypocrisie internationale nous parle des tirs de roquette palestiniens. L’anarchisme international dont ce pays fait preuve doit être combattu, car il y a va de la sécurité et de la paix dans le monde. Un État qui a été créé en 1948 pour réparer les torts de la barbarie européenne sème à son tour la barbarie sous le regard complice des États-Unis et des grandes puissances militaires. Sous le prétexte que le peuple juif a été persécuté depuis la nuit des temps et qu’il a été chassé de cette terre de la grande Palestine, les États occidentaux se sont déchargés du lourd fardeau de leur innommable culpabilité. C’est aux pauvres Palestiniens de payer la note de plusieurs siècles d’irresponsabilité et de cafouillage de la communauté internationales.

Vouloir faire payer aux arabes actuels, les crimes que leurs ancêtres auraient commis contre les juifs en les chassant de cette terre, c’est faire preuve d’un révisionnisme cruel et sans fondement scientifique. Pendant qu’on y est, pourquoi les Sérères du Sénégal ne revendiqueraient-ils pas leur droit de retourner en Egypte pour y fonder un État ?  Dans la mesure où même dans leurs récits les plus récents beaucoup de peuples noirs revendiquent d’être originaires de l’Égypte pharaonique qu’ils ont quittée à la suite de cycles d’envahissements pourquoi n’auraient-ils pas le droit d’y retourner ? Plus simplement, puisqu’on peut réparer et redresser les grands torts de l’histoire, pourquoi l’Europe ne nous dédommage pas des travaux forcés de nos ancêtres et crimes commis lors de la colonisation ? Qui a découvert l’Amérique ? Qu’ont fait les européens émigrés là-bas aux peuples autochtones qu’ils ont trouvés sur place ?

Le mythe n’est pas la vérité historique, c’est vrai ! Mais ça doit être valable pour tout le monde ! Y a-t-il d’ailleurs une parcelle de l’histoire humaine qui soit exempte de mythe ? Si les mythes continuent d’exercer une influence sur notre présent, comment les évacuer de la science qui étudie cette histoire évènementielle ? Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine est la preuve que quelle que soit notre connaissance scientifique de l’histoire, nous préférons évoquer les mythes pour justifier nos actions. L’asymétrie de la violence israélienne face à la résistance des Palestiniens n’a pas pour simple vocation la sécurité, personne n’est dupe. Les mythes et les croyances qu’ils charrient sont d’autant plus dévastateurs qu’ils créent des fanatiques. Ces fanatiques sont aujourd’hui en concubinage : des politiques et des religieux.

Tout homme libre devrait être solidaire de la cause palestinienne. Je les respecte quant à moi surtout pour leur dignité malgré 73 ans de violence et négation systématique de leur droit à la souveraineté internationale. Tout homme libre devrait chanter le désir de liberté du peuple palestinien.  Ceux qui opposent la liberté et la fatalité devraient plutôt méditer ce propos de l’ambassadeur de la Palestine au Sénégal : « Notre destin, c’est la lutte et on ne compte que sur Dieu ». Peut-on ne pas sentir toute son âme émue et son corps vibrer face à une telle détermination ? La modicité de nos moyen nous fait souvent baisser les bras face à l’adversité des choses oubliant du coup que l’adversité et la commodité du monde dépendent finalement de nos choix.

S’il est vrai, comme le suggère cette pensée d’inspiration stoïcienne, que de même que dans le jeu de cartes le joueur ne choisit pas les cartes qu’il reçoit par le hasard du tirage, ce qui ne l’empêche pas de choisir l’usage qu’il va en faire ; l’homme ne choisit pas sa situation, mais c’est lui qui lui donne un sens.  La lâcheté, c’est plutôt de projeter sa responsabilité sur Dieu ou sur autrui.

Démunis, désarmés, trahis par leurs frères de sang et de confession et ignorés par la « justice » mondiale, les Palestiniens n’ont pourtant jamais renoncé à leur droit inaliénable d’exister comme peuple et dans un Etat libre. Par leur courage, les Palestiniens nous prouvent que même si le monde est injuste, inique et cruel, ça ne nous exonère point de notre responsabilité. Je suis solidaire à tous les opprimés, et la Palestine a droit à la paix et à la sécurité comme Israël. Personne ne peut être en paix en en privant son prochain, et toute domination est précaire dès lorsqu’elle s’exerce sur des hommes !

Alassane K. KITANE

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