Est-il un mana- geur compétent ? Quels sont les résultats qu’il a enregistrés dans les différentes stations qu’il a occupées au sein de l’Administration et de l’Etat ? Dans ses passages à la Direction générale de la Douane, à la présidence de la République, à la Direction générale de la Se- nelec et aujourd’hui au Ministère de l’Energie et du Pétrole, cet ins- pecteur général d’Etat, ancien proche d’Oumar SARR du Pds, traine des insuffisances qui ont entaché toute sa réputation partout où il est passé. L’affaire Akilee en est le point culminant. Voici les faits !
saupoudrage technologique il n’y a qu’un pas que nous allons franchir ai- sément».
Les syndicalistes de la Senelec sont dans leur droit lorsqu’ils dénoncent ce contrat qui s’oppose à l’intérêt gé- néral. Dans leur communiqué, le Syn- dicat Unique et Démocratique des Travailleurs de l’Energie (Sudeten) in- titulée : «Scandale combine», les mots n’ont rien d’excessif, on peut lire : «La situation de la Senelec est mar- quée par une politique de désenga- gement et de désintégration avec le transfert et l’externalisation des prin- cipales activités à de nouvelles enti- tés alors qu’il n’est démontré nulle part que cela signifie plus de perfor- mances dans les résultats et la baisse des coûts d’accès à l’électricité». Les syndicalistes ont voulu ici mettre en relief le projet de déplumage de la Se- nelec initié par Makhtar Cissé qui a voulu externaliser les services cen- traux de base de l’entreprise au profit d’une société qui vient de naître.
La renégociation du contrat est une exigence nationale et une œuvre de salubrité publique. Car, il s’agit main- tenant d’épargner les deniers publics face à la bande des sieurs Mr Éric Ber- thaud, Mr Bruno Lejossec et leurs complices. Quels intérêts se cachent derrière Akilee pour que certains ten- tent de s’opposer à une renégocia- tion ? «De grandes largesses injustifiables sont offertes à Akilee sur une dizaine d’années avec la mise à disposition par Senelec des moyens financiers, matériels, humains, logis- tiques, des assurances de paiements et de rémunérations fixes et variables non plafonnées en contrepartie de l’utilisation d’un logiciel de mesures des pertes d’énergie» s’interrogent lé- galement les syndicalistes de Sude- ten. Car la Senelec donne tout et Akilee gagne tout au détriment des sénégalais. Ils expliquent «qu’au- jourd’hui plus que ce logiciel c’est plutôt le métier d’acheteur de comp- teurs intelligents avec un profit d’un euro par compteur, nous a-t-on dit que Akilee s’est spécialisé. Faites le calcul de 655,957 FCFA multiplié par de centaines de milliers de comp- teurs à acheter. Senelec devient dans cette hypothèse un faiseur de milliar- daires à la barbe du client et du contribuable».
Voilà tout le problème dans cette affaire. Lorsque des sénégalais nous dit-on, travaillent pour leur pays en vendant une marchandise à la Sene- lec, encore plus cher à l’unité, que le coût proposé par les israéliens, cela inspire bien des interrogations. Pour- quoi les compteurs d’Akilee sont plus chers que ceux de Powercom ? D’ail- leurs, les détracteurs des israéliens peuvent s’approcher de l’Armp qui a donné l’autorisation à la Direction gé- nérale de passer la commande en toute transparence pour mieux com- prendre la chose. Donc ce contre-feu que cherchent à allumer les partisans de Makhtar Cissé s’est naturellement vite éteint. Et il laisse la place à la vic- timisation…
Abass SECK
Très introduit dans le club des an- ciens «Enfants de troupe», Makhtar Cissé ne devrait éprouver aucune dif- ficulté à comprendre les raisons qui pousse la presse à s’intéresser à lui. Lorsqu’on gère des affaires pu- bliques, on s’expose au contrôle des organes de l’Etat mais aussi de la presse libre. Makhtar Cissé intuitu personae n’intéresse pas notre groupe de presse. C’est plutôt ses fonctions et les actes qu’ils posent en tant qu’agent de l’Etat qui captent notre attention. S’il avait quitté l’es- pace étatique, on n’arrêterait de nous intéresser à lui.
Depuis que le journal «DakarTimes» a publié les termes du contrat d’Aki- lee, certains ont tenté d’étouffer cette affaire pourtant, plus gros que leurs bras. A défaut d’avoir des éléments solides pouvant contredire les révéla- tions de «DakarTimes», les «Makhou boys» ont préféré créer des contre- feux en évoquant un marché attribué par la Direction de la Senelec à une entreprise israélienne Powercom.
N’est-il pas important de rappeler que dans cette affaire Akilee, il s’agit du Conseil d’Administration et de l’Agent judiciaire de l’Etat qui s’oppo- sent à ce contrat avant même le Co- mité Exécutif ou le Comité de Direction. Face à cette situation Pape Demba Bitèye n’y peut rien, surtout que les arguments exposés par les Administrateurs, les Syndicalistes et l’Agent judiciaire de l’Etat sont fondés sur des bases légales et convain- cantes. Donc les réunions secrètes or- ganisées avec des journalistes pour s’attaquer à Pape Demba Bitèye et les coups de fil nocturnes qui partent d’une villa située à quelques enca- blures de l’hôpital Principal ne peu- vent pas changer la direction du vent. On ne parle pas de Bitèye. Là, il s’agit de la gestion de Makhtar Cissé, en- core une fois.
Makhtar Cissé n’était pas bien ins- piré en signant le contrat avec Akilee. C’était en Août 2017 que l’actuel Mi- nistre de l’Energie et du pétrole avait «vendu» aux sénégalais la solution d’Amadou Ly et de Samba Laobé Ndiaye proches des deux français Mr Éric Berthaud et Mr Bruno Lejossec.
En Août 2017, lors de la présenta- tion de Akilee, Makhtar Cissé, prolixe, peu sûr de lui et avec un regard fuyant face aux journalistes, disait : «Nous avons eu une belle rencontre au- jourd’hui. La Senelec a une nouvelle société qui s’appelle Akilee qu’on a lancée, dans laquelle, elle est mem- bre. Mais l’entreprise ne lui appartient pas. Les propriétaires sont là autour de moi, il s’agit de Samba Laobé Ndiaye à ma droite et Amadou Ly à
ma gauche». Ces propos de Cissé contredisent ceux qui prétendent faire d’Akilee est une filiale de la Se- nelec. C’est loin de la vérité. D’ailleurs, les Syndicalistes du Syndicat Unique et Démocratique des Travailleurs de l’Energie (Sudeten) l’ont très tôt com- pris en écrivant dans leur communi- qué : «Ce contrat est établi en faveur d’une entreprise qu’on nous a présen- tée comme étant au départ une filiale mais, à l’arrivée Senelec ne détient qu’une participation dite minoritaire de blocage de 34% sur le capital». Qui voulait-on tromper ?
«Ce sont des ingénieurs sénégalais qui étaient partis en France pour faire leurs études. Ils pouvaient rester en France mais ils ont préféré rentrer pour servir leur pays. Ils ont fait une solution que peuvent disposer tous ceux qui ont de l’internet chez eux. Cela leur permet de savoir en tout lieu, leur consommation en électri- cité. A partir de l’ordinateur portable, le téléphone ou l’ordinateur on peut surveiller la consommation et le fonctionnement. C’est la phase teste. Même-moi si je vous montre mon té- léphone, vous verrez les messages qu’Akilee m’a envoyés pour me don- ner des indications sur ma consom- mation» argue l’ancien Directeur général Makhtar Cissé devant la presse. Durant toute sa prise de pa- role, Cissé avait le regard fixé au sol comme si, son être était traversé par un profond malaise secrété par une crainte d’être rattrapé par cette af- faire dans l’avenir.
Il ajoute : «Son Excellence Monsieur le Président de la République Macky SALL m’a confié une noble mission en juin 2015, celle de contribuer au re- dressement de Senelec, un des fleu- rons de l’industrie Sénégalaise. Ainsi, dès mon arrivée à la tête de la société avec l’adhésion de l’ensemble de mes collaborateurs, j’ai mis l’accent sur la sécurisation de nos fondamen- taux, à savoir produire, transporter, distribuer et commercialiser l’électri- cité suivant les meilleurs standards de qualité ; ce défi est aujourd’hui en passe d’être relevé, avec de nom- breuses réalisations en cours et une nette amélioration de la performance opérationnelle sur les plans tech- niques et financiers».
Makhtar Cissé n’a pas réussi cette mission de redressement de la Sene- lec, car après son départ, la situation n’a pas été les meilleurs. Aujourd’hui, les sénégalais sont mieux placés pour apprécier la situation de la Senelec de 2015 à 2019.
Au mois de Juillet 2017, lors d’une réunion de sensibilisation sur les op- portunités qu’offre le PSE organisée
par la Convergence des jeunes et étu- diants diplômés du Sénégal (Cojed), l’actuel Makhtar Cissé disait : «Le pro- blème de la disponibilité de l’énergie est réglé et c’est ce qui nous permet de vendre au Mali et même à la Gam- bie, si j’arrive à m’entendre avec le ministre gambien, parce qu’il faut également payer».
Il poursuit : «Je ne peux pas garder ici 100 MW à Dakar dans l’attente que Salémata ait des lignes. En atten- dant, je vends au Mali, à la Gambie et même si la Guinée-Bissau en veut, je peux lui vendre un peu en attendant qu’on construise ces lignes qui per- mettent de donner aux Sénégalais», déclare le patron de la Senelec. Heu- reusement que dans les contrats de vente d’électricité, il est stipulé qu’à chaque fois que de besoin, la Senelec peut arrêter de fournir aux étrangers pour satisfaire la demande natio- nale». Mais c’est lorsqu’il a quitté la Senelec que les Sénégalais ont dé- couvert amèrement la réalité. Ces dé- clarations de Cissé avaient la magie de masquer la vérité sur la situation réelle dans laquelle se trouvait la boîte qu’il dirigeait.
Avant de penser vendre de l’électri- cité, il faut d’abord en disposer en quantité suffisante. Force est de constater que les carences dans son management sont en partie, à l’ori- gine de la hausse du prix de l’électri- cité. Cette hausse avait poussé les consommateurs dans les rues. Si au- jourd’hui, le mouvement «No lank» a vu le jour, c’est à cause des difficultés que connait le Sénégal dans le do- maine de l’électricité depuis que Makhtar Cissé a fait irruption dans ce secteur en tant que Directeur Général de la Senelec. Plusieurs fois, «No Lank» a organisé des manifestations pour exiger la baisse du coût de l’électricité. Car les sénégalais n’arri- vaient pas à comprendre le décalage entre ce que disait Makhtar Cissé sur la bonne santé de la boîte et la situa- tion dans laquelle, Senelec s’est trou- vée par la suite. C’est la pandémie qui a d’ailleurs freiné l’élan de «No Lank».
La nouvelle direction a perdu beaucoup d’énergie à gérer des crises nées de la gestion précédente. D’autres disaient que Makhtar Cissé maquillait les chiffres de la Senelec. Aujourd’hui, si le Président Macky Sall lui avait confié la mission de re- dresser la Senelec, alors Makhtar Cissé a-t-il réussi ? Les consomma- teurs sénégalais répondront à cette question.
UN CONTRAT DÉSÉQUILIBRÉ ET CONTRE LES INTÉRÊTS DE L’ÉTAT
Aucun sénégalais ne crache sur la préférence nationale. Il faut aider les entrepreneurs nationaux mais faut-il le faire contre les intérêts de la majo- rité des sénégalais ? D’abord, Makh- tar Cissé qui, lors de la présentation du projet Akilee, a remercié ses «par- tenaires M. Éric Berthaud et Mr Bruno Lejossec qui ont fait le déplacement depuis la France», n’est pas allé loin pour expliquer le rôle et le niveau d’implication de ces deux français. On se demande même si Samba Laobé Ndiaye et Amadou Ly ne se- raient pas des prête-noms de ces deux français ? Qui sait ? On a tout vu dans ce pays. S’adressant à Mr Éric Berthaud et à Mr Bruno Lejossec, Makhtar Cissé disait : «Je les assure que notre partenariat sera fécond et riche de notre ambition». De quel partenariat disait-il ? Entre lui et Aki- lee ou entre les deux français et lui ?
Le Sudeten expliquait dans son communiqué : «Cette participation de Senelec égale à plus de 300 mil- lions de FCFA versés par Senelec sur un capital de 882,4 millions du capital d’Akilee ne devrait pas autant peser si le restant du capital estimé à plus de 582,4 millions soit 66% étaient in- tégralement versés par les autres ac- tionnaires dont nous aimerions bien savoir qui ils sont». Alors, qu’est-ce que Mr Éric Berthaud et Mr Bruno Le- jossec font dans cette affaire ? Sont- ils des bénéficiaires économiques de ce contrat ? DakarTimes avait posé ces questions à Makhtar Cissé en per- sonne, par mail, le 29 Août 2017, sans avoir de réponse même 03 ans après l’attribution du fromage.
Il est très important que les Séné- galais comprennent que les Adminis- trateurs de la Senelec ne demandent qu’une chose : la renégociation du contrat. Alors pourquoi faire tout ce tapage médiatique ? Pourquoi Makh- tar Cissé veut-il créer cet amalgame ? A la limite, l’actuel ministre du pé- trole cherche à se « victimiser » dans cette affaire qu’il a lui-même pensée, organisée, planifiée et exécutée.
La Senelec est dans ses droits en exigeant la correction de ce contrat taillé aux mesures du quarté Mr Éric Berthaud, Mr Bruno Lejossec, Samba Laobé Ndiaye et Amadou Ly. Les Syn- dicalistes n’ont pas tort en se deman- dant : «qui sont les véritables bénéficiaires de ce grossier montage juridico financier maquillé par un Quotidien d’informations générales – N°897 Mardi 05 Mai 2020