Envoyé en prison, le blogueur guinéen Djibril «Agi» Sylla a comparu devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, ce mardi. Il est poursuivi pour les chefs de séjour irrégulier alors qu’une plainte a été déposée contre lui pour diffamation et injures publiques.

 

Le bloggueur guinéen Djibril «Agi» Sylla a comparu ce mardi devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. En détention préventive depuis le 11 avril, il est poursuivi pour séjour irrégulier. Et pourtant c’est suite à une plainte déposée contre lui pour diffamation et injures publiques par l’homme d’affaires guinéen Kerfalla Person Camara. Mais durant son audition, il lui a été reproché le chef de séjour irrégulier. Ce qu’il a reconnu à la barre. Toutefois, il a tenu à justifier sa venue au Sénégal. A l’en croire il s’est réfugié au sénégalais pour des raisons de survie. «Je suis arrivé au Sénégal par voie terrestre pour fuir la persécution en Guinée. J’ignorais que j’avais besoin d’un titre de séjour. A mon arrivée, je me suis rendu au siège d’Amnesty international pour obtenir le statut d’asile politique car je craignais pour ma vie. Cependant j’ai été orienté vers le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. J’ai apposé mes empreintes mais par négligence, je ne suis pas reparti recueillir le document y afférent», a-t-il soutenu.

A la suite du parquet qui a requis l’application de la loi, les avocats de la défense ont sollicité le renvoi des fins de la poursuite du prévenu. «La loi de 1971 qui a été visée est obsolète. c’est une humiliation de viser le séjour irrégulier contre un citoyen membre de la Cedeao qui garantit la libre circulation des personnes et des biens», ont plaidé Mes Babacar Ndiaye et Aliou Sow. «Votre décision peut avoir des conséquences sur la communauté. Le condamner, c’est le remettre à la merci d’un régime totalitaire qui veut se servir d’une décision judiciaire Sénégalaise. Rendre justice à Sylla c’est participer à la construction de la communauté», a plaidé  Me Amadou Aly Kane. L’avocat de poursuivre : «mon client est victime d’une erreur judiciaire car il n’existe pas de texte de loi qui permet de le punir en tant que citoyen CEDEAO».

Suite aux observatoires des avocats de la défense sur la libre circulation des ressortissants de la zone de la Cedeao, le maître des poursuites a tenu à répliquer. «Le principe de libre circulation ne peut pas être évoqué lorsqu’il s’agit d’une affaire de police ou de sûreté publique», a indiqué le substitut du procureur de la République. Il n’empêche la défense à maintenir son argumentaire avant de solliciter une demande de liberté provisoire avec le renvoi du délibéré. Le parquet s’y est opposé en alléguant des risques de trouble à l’ordre public. Le tribunal, après avoir rejeté la demande de mise en liberté provisoire, a fixé la date du délibéré au 23 avril prochain.