L’après-Coronavirus nous réserve bien des surprises. Au niveau du haut centre de décision des affaires publiques, il n’est pas exclu que des stratégies de mode de gouvernance nouvelle soient mises en place pour faire aux nouvelles exigences de citoyens durement éprouvés par une pandémie dont les séquelles vont longtemps marquer l’humanité et notre mode de vie.

Et parmi les stratégies à envisager, le gouvernement d’union nationale, c’est-à-dire celui de la majorité élargie à l’opposition n’est pas du tout à exclure.

Sur la forme, c’est une des rares démarches que Macky n’a pas encore hérité d’Abdou Diouf, une de ses références en politique. Or, que faisait Diouf en période de post-crise ?

Eh bien, il tendait la main à son opposition y compris la plus radicale, mettait en place un gouvernement élargi d’union nationale. Une méthode en général très efficace pour aplanir les difficultés, mettre d’accord presque tout le monde et avancer.

Dans le fond, autrement, à quoi servirait le dialogue national si Macky devrait seul continuer à gérer le pays avec ses idées, son programme et sa vision ?

Il nous semble que le contexte actuel est favorable à une telle situation qui aura le mérite de créer les conditions idoines d’une bonne réconciliation nationale autour de l’essentiel.

Et quel ce contexte ?

Comme on peut le constater, la pandémie du Covid-19 avec ses conséquences à tous les niveaux notamment économique et politique, a le mérite de mettre à nu les limites des systèmes politiques  les plus élaborés comme le nôtre. Elle nous a enseigné que quelque chose n’a pas fonctionné.

Car, au lieu de privilégier l’homme, la satisfaction de ses besoins, le monde a basculé dans un snobisme politique béat fait de calculs stratégiques, de batailles stériles, de manœuvres, d’alliances douteuses et de domination des uns par rapport aux autres.

Malheureusement, dans ce système, les faibles qu’ils soient institutions ou individus sont écrasés, humiliés,  réduits à néant.

Mieux, la crise sanitaire est intervenue au moment où le Sénégal a amorcé un dialogue politique qui se veut inclusif avec comme viatique de changer le mode de faire et de vivre ensemble.

Il s’en est suivi, par la suite, au début du règne de la maladie chez nous, un acte fort de Sall consistant à convoquer politiques et membres de la société civile au Palais de la République.

Il a eu pour conséquence un consensus assez fort sur la conduite à tenir, la stratégie à mettre en place. Idy, Sonko et autres sont partis au Palais, ce qui semblait surréaliste il y a seulement quelques semaines.

Eh bien, ce serait dommage de perdre le fil et de ne pas exploiter la nouvelle dynamique par une initiative fédératrice, constructive et stimulante. Et la seule que nous voyons actuellement est le gouvernement élargi à l’opposition et même à la Société civile.

Cette dynamique sera d’autant plus cohérente que le plus grand parti de l’opposition, le Parti démocratique sénégalais (Pds) était depuis de longs mois dans une forme de léthargie. Le parti faisait tout sauf de l’opposition. Il ne se réunissait plus et ne rendait plus publics des communiqués.

Dans le même ordre d’idées, beaucoup d’opposants qui participaient au dialogue national seraient, d’après certaines indiscrétions, dans la dynamique de travailler avec le régime.

En clair, on parle de nouvel ordre mondial au sortir de la pandémie. Mais, on peut aussi parler de ‘’nouvel ordre national’’ pour profiter de la situation et taire nos divergences.

Bien sûr, tout le monde ne sera pas dans cette dynamique. Certains vont rester conservateurs même s’ils sont jeunes. Il faudrait bien que quelqu’un s’oppose.

En tout état de cause, la majorité présidentielle s’est déjà assez élargie avec l’arrivée surprenante de nouvelles têtes. Et Macky a toujours rêvé d’en avoir de nouvelles.

Comme quoi, les prochains remaniements ministériels nous réservent plein de surprises.

Assane Samb