Qu’est-ce qui peut justifier l’appel incessant à la paix des forces vives de la nation ? Si ce n’est pas des religieux, ce sont des politiques ou des organisations de la société civile qui sortent de leur réserve pour attirer l’attention des uns et des autres sur la nécessité de pacifier l’espace public.

A y regarder de près, les évènements de mars 2021 hantent toujours les esprits. Surtout avec les tensions politiques ambiantes deux mois des élections locales.

Plus jamais les évènements de mars 2021 ayant fait une dizaine de morts et de nombreux blessés un peu partout dans le pays ! Ces émeutes nées d’une affaire de viol présumé impliquant l’opposant Ousmane Sonko ont fait vaciller l’actuel régime.

Elles renseignent aussi sur la nécessité de prévenir les conflits au Sénégal.
C’est certainement la raison pour laquelle de nombreuses organisations ont pris leur bâton de pèlerin pour sensibiliser les uns et les autres sur la nécessité de pacifier l’espace politique à un peu plus d’un mois des élections locales. Cela est d’autant plus important que ce scrutin présente un fort enjeu du fait de la multiplication des listes, de l’adversité des candidats, des mandats des maires et présidents des Conseils départementaux dépassant largement leur limite, de l’impact que ces élections peuvent avoir sur les législatives de 2022 et la présidentielle de 2024 …

Ainsi, le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis), réunissant les différentes familles religieuses du pays, a été le premier à alerter. Mieux, il a proposé une charte de non-violence qu’il compte d’ailleurs soumettre à tous les acteurs politiques. Le Cudis veut ainsi faire revenir à la raison les forces en présence pour une compétition saine sans escalades verbales ni violence.

Pour autant, il lui faudra échanger davantage avec les responsables politiques pour plus d’adhésion à ce projet. En effet, le leader de Pastef, lors du meeting d’investiture de Barthélémy Dias à Grand-Yoff, dimanche dernier, a indiqué clairement qu’il ne répondra pas à cet appel et qu’il ne signera pas cette charte. Même s’il a magnifié la démarche du Cudis, Ousmane Sonko a demandé aux militants et sympathisants de «répondre coup par coup ». Parce que, croit-il mordicus, la violence dans l’arène politique ne vient que du pouvoir.

Cependant, la coalition qu’elle dirige avec Khalifa Sall ne semble pas fermer toutes les portes de la négociation. La conférence des leaders de Yewwi Askan Wi (Yaw) compte recevoir aujourd’hui, suite à sa demande, une délégation du Cadre unitaire de l’Islam du Sénégal (Cudis). Une rencontre qui portera sur la situation du Sénégal et le projet de charte de la non-violence.

Des acteurs politiques et de la société civile en renfort du CUDIS
En plus des religieux, il y a des acteurs politiques qui s’inscrivent dans la même dynamique que le Cudis. C’est le cas de l’Union Citoyenne BUNT BI qui appelle à une campagne électorale de programme dans la paix et le respect.

Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», Théodore Chérif Monteil et ses camarades ont exhorté les citoyens sénégalais à ne pas verser dans la violence, à respecter les institutions de la République, à cultiver la paix et à ne privilégier que des programmes entreprenants et solidaires pour le développement de la capitale, des villes et communes du Sénégal. Ils invitent également les candidats aux élections locales à privilégier des valeurs citoyennes fortes, des compétences réelles et des programmes novateurs et pertinents.

Du côté de la société civile, on peut compter sur le «Comité Ad hoc des Femmes Leaders pour la Paix, la démocratie, le respect des institutions et de l’Etat de Droit». Regroupant des femmes issues de partis politiques au pouvoir, de l’opposition et de la société civile, le Comité organise aujourd’hui un atelier en prélude à la campagne électorale.

Ces femmes se disent conscientes du contexte pré-électoral de plus en plus tendu où la violence ne cesse de prendre de l’ampleur dans l’espace public sénégalais. Elles comptent, à travers leur cadre, jouer leur partition et proposer des pistes de solutions pour des élections locales apaisées.

L’As