Cent milliards de francs CFA ! C’est le montant que réclame Amadou Ba, fondateur de Carrefour Automobile, à son fils aîné Khadim Ba et à ses coprévenus Ramin Sedeghi et Momath Sarr. Le plaignant reproche à ceux-ci les chefs d’association de malfaiteurs et d’escroquerie au jugement. L’affaire a été évoquée hier à la barre de la Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar.

 

Le bras de fer entre Amadou Ba, fondateur de Carrefour Automobile, et son fils aîné Khadim Ba est loin de connaître son épilogue. Le père et le fils se sont encore écharpés, hier, à la barre de la Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ba père reproche à son fils, à Ramin Sedeghi et à Momath Sarr, Directeur général adjoint de la société Locafrique, les délits d’association de malfaiteurs et d’escroquerie au jugement.

 

A l’origine de ce problème familial, il y a eu le mariage d’Amadou Ba qui, après avoir épousé une seconde femme, s’était rendu en France. Au lendemain de son retour, il avait été interpellé par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). A la police, les enquêteurs lui avaient fait savoir qu’il faisait l’objet d’une plainte de la part de son fils Khadim Ba pour détournement portant sur 28 milliards de francs CFA, au préjudice de Carrefour Automobile. L’homme d’affaires était tombé des nues.

 

En effet, il ressort de la procédure qu’Amadou Ba, qui présidait le Conseil d’administration de la société Locafrique Sa, a nommé son fils Khadim Ba au poste de directeur général de ladite société. Celui-ci venait fraîchement de terminer ses études à Montréal.

 

Selon Amadou Ba, suite à son second mariage, son fils s’est prévalu d’un faux sous la forme d’un protocole de cession d’actions du 24 novembre 2016, pour prétendre qu’il est devenu minoritaire dans le capital de Carrefour Automobile SA. L’accusation renseigne que son fils a fait croire qu’il a cédé ses actions aux membres de sa famille.

 

Allant de surprise en surprise, l’homme, qui est entré dans le monde des affaires en vendant des pièces détachées au Crédit foncier dans les années 80, découvre que l’entreprise Casone Finance, une société de droit anglais, réclame à Carrefour Automobile une créance de 12 milliards de F CFA. Ce qui est faux, si l’on se fie aux déclarations de la partie civile qui soutient que Casone Finance n’a jamais eu de relation avec Carrefour Automobile, ni avec Locafrique. «Carrefour ne doit rien à Locafrique. Les problèmes ont commencé lorsque j’ai pris une seconde épouse. Khadim Bâ est venu me dire : ‘Puisque les données ont changé, garde Carrefour, nous prenons Locafrique.’ Je lui ai dit qu’il n’en est pas question. Je ne suis pas encore mort pour qu’on pense à mon héritage’’, a-t-il déclaré au prétoire, en l’absence de son fils et de ses coprévenus.

 

Les avocats de la partie civile, qui ont estimé que leur client a subi un énorme préjudice, ont réclamé la somme de 100 milliards de francs CFA pour le dédommager. ‘’Il a eu le malheur d’épouser une seconde épouse. Ça fait 5 ans qu’il n’ose pas mettre les pieds chez lui où vit sa première femme. Khadim Ba a porté le combat de sa mère. Pour écarter le père, c’est Khadim qui a élaboré toute la manœuvre. Il a mis en œuvre son imagination pour dépouiller son père’’, a martelé Me Baboucar Cissé.

 

A la suite du parquet qui a requis l’application de la loi, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 29 juillet.

 

MAGUETTE NDAO

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