Comment être moins direct ? Barthélémy Dias ne se pose pas cette question quand il se rase tous les matins. Connu pour son franc-parler autant que son courage politique, Barth, comme l’appellent affectueusement ses inconditionnels, n’a pas froid aux yeux. Et il aime bien le fait savoir à qui ose se frotter à lui. L’énergique opposant entretient son image de jeune leader impétueux. Il est décrit par le média français TV5monde comme un jeune édile bouillonnant.

 

Né en 1971, d’origine cap-verdienne, Dias a été élu en 2009 maire de Mermoz-Sacré-Cœur avant d’être donné favori à la tête de la mairie de Dakar suite aux élections locales du 23 janvier. Il faut dire que c’est du sang politique qui coule dans les veines du jeune loup. Son père, Jean-Paul Dias, a été compagnon de route d’Abdoulaye Wade avant d’être exclu du PDS en 1993 avant de se rallier à Macky Sall lors de la présidentielle de 2012. Quant à sa mère, Chrystiane Lopes, elle fut la première capitaine de l’équipe de Basket du Sénégal en 1963. Mais celui qui se considère comme « la cause de tout ce que (son) père n’a pas obtenu de Macky Sall » aurait aimé associer son nom au mérite. Le moins que l’on puisse dire, le maire a un CV qui parle suffisamment pour lui.

 

Selon les informations de Ola Sn, le jeune homme a passé plusieurs années aux Etats-Unis où il a décroché un master MBA en transports, mais il a aussi -et surtout- profité de ces années outre-Atlantique pour forger sa réputation. Jeune adhérent au Parti socialiste, il a choisi de s’exiler au moment de la défaite de son camp à la présidentielle de 2000, lors de l’élection d’Abdoulaye Wade et la fin de l’ère Abdou Diouf. Paradoxalement, « c’est aux Etats-Unis qu’il va se faire connaître des Sénégalais », rapporte Ibrahima Kane, militant sénégalais des Droits de l’Homme au sein de la RADDHO. En Amérique, confie l’observateur attentif de la vie politique à TV5, « il booste la section locale du Parti socialiste et surtout s’affirme comme quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux, raconte Ibrahima Kane.

 

Lors des visites du président Abdoulaye Wade, il n’hésite pas à aller à la charge, à dire au président que ce qu’il fait au Sénégal n’est pas bon. C’est aux Etats-Unis que beaucoup de jeunes vont commencer à apprécier ses talents d’orateur et son goût pour la bataille politique ». Son mariage avec une Américaine octroie en outre à Barthélémy Dias une double-nationalité, dit-t-on. Il faut souligner que son alliance avec Ousmane Sonko-arrivé en troisième position à la présidentielle de 2019-a beaucoup contribué à sa victoire à la tête de la mairie de Dakar, souligne un commentateur politique. Pour rappel, Dias, tout comme son ami Khalifa Sall, a rallié la coalition Yewwi askan wi lancée en septembre dernier par Sonko. L’objectif était justement de faire des élections municipales de janvier 2022 un premier round de la présidentielle 2024. Le jeune Diaz qui prend ses nouveaux quartiers avenue Faidherbe, à quelques rues du palais de la République, va se sentir certainement pousser des ailes. Saura-t-il survoler les ambitions présidentielles de son ami Sonko ? 2024 est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Quid de la mort du jeune lutteur Ndiaga Diouf, une affaire qui a valu à Barthélémy Dias cinq mois de détention provisoire puis une condamnation à deux ans de prison dont six mois ferme en 2017 avant de s’inviter bruyamment dans la campagne pour les élections municipales du 23 janvier 2022 ?

Assirou.sn Ola Sn