Pour le dictionnaire Larousse, l’impasse est une situation qui paraît n’offrir aucune issue favorable. Partant de cette définition simple, on peut dire qu’elle colle parfaitement avec la situation politique qui prévaut aujourd’hui au Sénégal.

Les signes avant-coureur étaient perceptibles en vérité, au tout début du processus électoral, lorsque de manière unilatérale le Président Macky Sall, avait réduit le délai d’inscription sur les listes électorales de 2 à 1 mois.  Mais aussi, suite à une décision de justice ordonnant la réintégration du candidat Ousmane Sonko sur les listes électorales, et la remise à son mandataire de sa fiche de parrainage, l’administration électorale avait refusé d’obtempérer. La Commission électorale nationale autonome en acronyme la CENA qui, usant de ses prérogatives de contrôle du processus électoral, avait à l’époque « intimé » à la Direction générale des élections (DGE) de remettre au candidat Ousmane Sonko sa fiche de parrainage pour accomplir la formalité substantielle pour sa candidature. Dans la foulée la CENA est dissoute, en toute illégalité par le Président Macky Sall.  Jusque- là hélas, il n’y avait aucune réaction significative, parce que c’est connu l’égoïsme des politiques a fait que tout le monde pensait que c’était une affaire qui ne concernait que  Sonko et son parti dissout. Quelle erreur !
En lieu et place de la défunte CENA, Macky Sall qui n’est pas candidat à sa succession, a nommé des militants de son parti, dont il reste le leader incontesté, et d’autres nouveaux membres en toute illégalité ; car faut-il le rappeler, la CENA ne peut -être renouvelée qu’au tiers, et les membres, dont le mandat est en cours, sont irrévocables.
Le processus électoral est ainsi biaisé, et l’arbitre du jeu drapé d’un voile épais de soupçon de partialité. Et pourtant y’avait matière à contestation. On a joué au plus malin entre acteurs politiques, société civile et le citoyen a « trinqué ».
Aujourd’hui tout cela semble être derrière nous, parce que Ousmane Sonko est en prison et sa candidature rejetée par le Conseil Constitutionnel, mais celui de son numéro 2 Bassirou Diomaye Faye, lui figure sur la liste des 20 candidats dont les dossiers ont été validés par le Conseil Constitutionnel, quoique sur lui pèsent des charges très lourdes.
La question qui se pose aujourd’hui avec urgence, est de savoir quand est-ce qu’on pourra tenir la présidentielle, dès lors que la date du 25 février 2024 ne peut plus tenir, dans les délais prévus, selon le conseil constitutionnel, qui a annulé la loi votée par l’Assemblée nationale le 06 Février 2024, portant report de la date de l’élection au 15 Décembre 2024.
En effet, le Conseil Constitutionnel constate qu’il est devenu impossible de tenir le scrutin présidentiel le 25 février 2024, à la suite de l’abrogation du décret de convocation du corps électoral du 29 novembre 2023.
Cette position qui, à l’évidence consacre le différé de l’élection, ouvre néanmoins une énorme brèche et des supputations quant à la tenue de l’élection à date. Comme on le sait, le Conseil a renvoyé aux autorités étatiques, la tâche d’organiser le scrutin dans « les meilleurs délais » constitutionnels s’entend.
On voit donc comment cette décision peut avoir des répercussions sur le mandat du président qui ne peut dépasser le 02 Avril, alors que le premier décret qui fixait la date des élections reste toujours en vigueur avec ses échéanciers, créant un imbroglio inextricable, car la décision du Conseil Constitutionnel a déjà annulé le 1er décret.

Le problème maintenant c’est que les 20 (ou 19 maintenant) candidats ne sont pas tous d’accord sur les réajustements, qu’ils avaient d’ailleurs suggéré au Conseil Constitutionnel dans leur requête , et pour lesquels la CEDEAO exige un consensus large des acteurs politiques.

Qui dit consensus dit discussions entre acteurs.

Il faudrait veiller cependant à ce que cela ne soit le prétexte à du dilatoire pour prolonger infiniment un mandat, pour raison de désaccords entre acteurs politiques, comme on semble s’y acheminer quasi surement, si à la date du 02 Avril terme du mandat du président Macky Sall, l’élection ne se tient pas. D’importantes manœuvres politiciennes sont en cours pour faire reprendre le processus à zéro au mépris de la décision du Conseil Constitutionnel, qui à tort est critiqué sur sa gestion du processus de parrainage alors que ce sont les acteurs politiques qui en avaient convenu. De plus le contrôle de la véracité de la nationalité exclusive des candidats n’est pas du ressort du Conseil.

Cette page est donc tournée, et vouloir revenir sur les étapes antérieures serait lourd de danger pour la stabilité et la sécurité juridique dès lors que les décisions des juridictions (insusceptibles de recours) peuvent être remises en cause par des accords politiques en dehors de toute légalité.

De ce point de vue, le Président Macky Sall doit user des prérogatives que lui confère sa charge, pour éviter au pays une impasse préjudiciable à la stabilité du pays et à son développement.
Le compte à rebours a commencé.  Il se fait déjà tard.
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