Le chef de l’État a coprésidé, ce mardi à Banjul, au côté de son homologue gambien, Adama Barrow, la troisième session du Conseil présidentiel sénégalo-gambien. Dans son discours lancé en anglais, que nous vous proposons en intégralité ci-dessous, il a souligné les réalisations accomplies dans le cadre de cette entité fondée en 2018 et signalé les chantiers qui restent à boucler.
Dans la première catégorie, on retrouve les avancées dans les domaines de l’énergie et du transport : érection de la sous-station et du réseau de lignes électriques de l’OMVG à Jarra Soma, en Gambie, et la fourniture de l’électricité à la NAWEC (la compagnie nationale gambienne) par la SENELEC, ainsi que la mise en service du pont de la Sénégambie à Fafatenni.
Dans la seconde catégorie (chantiers), le président de la République range «le parachèvement de la délimination et de la démarcation de la frontière», la préservation des ressources naturelles, avec la lutte contre la coupe et le trafic illicite de bois, et la concertation permanente entre les deux gouvernements, «sans s’encombrer de formalisme protocolaire».
LE DISCOURS DE MACKY SALL
Comme toujours, c’est avec joie que nous séjournons en terre gambienne, terre qui nous est si chère et familière, parce que nous y retrouvons des parents, des amis et de bons voisins.
Thank you very much, dear brother, President Adama Barrow, for your warm and fraternal welcome, and for all the arrangements made to make us feel like home.
Indeed, we really feel like home.
Dieureudieuf to you, your government and to our gambian brothers and sisters.
Nous sommes une seule et même famille. Le partage colonial nous a divisés en deux pays, mais, ni ce partage, ni rien d’autre ne peut nous séparer.
A Dakar comme à Banjul, à Serrekunda comme à Tambacounda, notre vécu quotidien, nos traditions ancestrales, nos contes et légendes, nos rites et mythes sont les mêmes.
Voilà pourquoi nous avons l’obligation familiale de conforter et perpétuer cet héritage ancestral, génération après génération.
C’est le sens du Secrétariat permanent sénégalo-gambien et de ce Conseil présidentiel bilatéral.
Ensemble, nous voulons que l’espace sénégambien soit une réalité à la hauteur des aspirations de nos peuples à vivre en paix et en sécurité, dans la stabilité, le progrès économique et l’harmonie sociale.
C’est ce que nous avons défini comme priorités dans la Feuille de route de la première session de notre Conseil, ici même à Banjul, le 13 mars 2018 : à savoir la défense, la sécurité, la justice, les affaires consulaires, la libre circulation des personnes et des biens, le tourisme, l’énergie et l’environnement.
Cette Feuille de route réitérée au 2e Conseil présidentiel à Dakar en mars 2020 garde toute sa pertinence. C’est en avançant sur ces priorités que nous pourrons réaliser nos objectifs communs d’améliorer les conditions de vie de nos populations.
A ce sujet, je me réjouis des progrès que nous avons enregistrés dans le domaine de la coopération en matière d’énergie.
C’est le cas au sein de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie, avec l’inauguration en octobre 2021 de la sous-station et du réseau de lignes électriques de l’OMVG à Jarra Soma, en Gambie.
En outre, au plan bilatéral, la SENELEC fournit de l’électricité à la NAWEC, à travers les points de connexion de Keur Ayib et de Karang. Nos deux compagnies coopèrent également en matière de renforcement de capacité des ressources humaines.
S’agissant du transport, la mise en service du pont de la Sénégambie à Farafenni en janvier 2019 a considérablement amélioré la libre circulation des personnes et des biens.
Cette dynamique est d’ailleurs renforcée par le pont de Foundiougne que j’ai inauguré en mars 2022.
Je rappelle que conformément aux conclusions des deux précédents Conseils présidentiels, nous voulons que la circulation des personnes et des biens soit assurée sur le pont de la Sénégambie 24h/24, sans tracasseries.
J’engage nos services compétents à travailler de façon effective dans ce sens, conformément d’ailleurs aux différents Traités de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens.
Parmi nos autres défis à relever, il y a le parachèvement de la délimitation et de la démarcation de la frontière.
Avec le soutien du Secrétariat permanent, la Commission mixte sénégalo-gambienne de gestion des frontières devrait intensifier ses efforts sur ce dossier dont l’enjeu est aussi sécuritaire.
Une frontière clairement délimitée et démarquée faciliterait en effet la collaboration entre nos forces de défense et de sécurité en matière de patrouilles mixtes dans le cadre de la lutte contre la criminalité transfrontalière.
Je n’oublie pas la question vitale de la préservation de nos ressources naturelles.
La coupe et le trafic illicites de bois continuent de décimer nos forêts et de mettre en péril les conditions de vie de nos populations.
Il nous faut poursuivre sans cesse la lutte contre ce fléau. Si nous baissons les bras, les dommages seront irréparables. C’est toute notre biodiversité qui va disparaitre. A la pace de la forêt nous aurons le désert.
Je redis fermement aux trafiquants et à leurs complices que nous ne leur laisserons aucun répit. Nous continuerons de mobiliser tous les moyens nécessaires pour mettre fin à leur pratique criminelle.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Si la tenue des Conseils présidentiels nous offre des occasions ponctuelles de faire le point sur notre coopération et tracer la voie du futur, la particularité de nos relations exige une concertation permanente entre nos gouvernements à tous les niveaux.
Nos Ministres doivent continuer à se concerter et agir au quotidien sans trop s’encombrer de formalisme protocolaire.
C’est l’esprit même de la Sénégambie qui le commande ; et c’est la meilleure façon de construire l’avenir commun que nous voulons pour les générations actuelles et futures de la grande famille sénégambienne.
Vive la Gambie !
Vive le Sénégal !
Vive la Sénégambie !
Je vous remercie de votre attention.