Ce qui se passe au Mali n’est pas une question de clivage entre « Pro-Russe » et « Pro-France ».
C’est une lutte de pouvoir, de « survie », qui anime les Putschistes. Autant le coup d’Etat d’Aout 2020 pouvait s’expliquer par une paralysie du pays et l’absence de perspectives, autant celui auquel nous assistons aujourd’hui ne s’explique que par des intérêts de groupes.
La faute est cependant partagée. Le pouvoir est un rapport de forces. C’est une erreur de penser que les autorités civiles de la transition pouvaient empiéter sur le pouvoir des militaires au point de les exclure de certains postes stratégiques. Ce n’est peut-être pas l’Etat de droit mais c’est l’état réel des forces en place. Les militaires ont posé des actes depuis le coup d’Etat qui peuvent leur être opposés demain sur le plan judiciaire. Les jurisprudences sont là, même au Mali. En dehors d’une réelle assurance, ils ne feront pas de concessions substantielles sur leur pouvoir.
Le discours qui tend à expliquer cette destitution par un clivage Russie/France ne fait pas sens même si la quête d’influence de ces deux puissances sur le Mali, le Sahel plus largement, est une réalité. Les putschistes ont été formés dans divers pays, de l’Est et de l’Ouest. Au regard de l’importance de l’engagement Français au Sahel, la même nécessité de survie, qui explique ce nouveau coup d’Etat, ne dicte pas de grandes discordes avec la France au profit d’une Russie, certes intéressée, mais dont les ambitions restent floues.
Les pesanteurs d’une lutte de puissance auraient eu pour premier impact une dislocation du groupe des militaires. Or, l’enseignement majeur à tirer des derniers développements est que les militaires putschistes font bloc et ne s’opposent pas.
« Si du mal on peut dire du bien », c’est là qu’il faut mettre le curseur. L’unité des putschistes offre l’avantage d’un interlocuteur structuré qui peut être ménagé, par réalisme, et sauver les “exigences nécessaires” pour organiser des élections selon le calendrier fixé et qu’ils déclarent, par ailleurs, vouloir encore respecter.
La transition est ainsi appelée à modérer ses ambitions et à laisser de la marge au prochain président qui sera élu démocratiquement.
Mouhamadou Lamine Bara LO