La question de la double nationalité a récemment pris une place centrale dans le paysage politique sénégalais, en particulier, en vue des élections de 2024. Deux figures politiques, Karim Wade et Khalifa Sall, ont été mises en avant dans ce débat, soulevant des interrogations sur leur éligibilité, en raison de leur statut de binationaux. Cette problématique soulève des préoccupations quant à la loyauté des candidats envers leur pays d’origine et alimente un débat passionné au sein de l’opposition et de la société civile.
Karim Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais, est au cœur de cette controverse. L’opposition dénonce une tentative de manipulation politique, visant à l’écarter du processus électoral. Certains opposants considèrent cette démarche comme une menace pour la stabilité politique, soulignant les parallèles avec des situations de crise dans d’autres pays de la sous-région.
La sociologue Fatou Sow Sarr et le politologue Babacar Justin Ndiaye, partagent un point de vue optimiste sur la double nationalité. Ils considèrent que dans un monde de plus en plus connecté, la pluralité des nationalités peut être une opportunité pour le développement du Sénégal, notamment grâce aux envois de fonds des migrants binationaux.
La position de l’opposition
L’opposition, représentée par des voix telles que Seydi Gassama d’Amnesty International, craint que cette polémique ne crée un précédent dangereux. Certains opposants soulèvent la question de la contestation par des candidats exclus, faisant référence à des situations similaires dans d’autres pays de la région.
Les implications juridiques
Selon l’article 18 du code de la nationalité sénégalaise, « tout Sénégalais majeur qui prend une autre nationalité, perd automatiquement la nationalité sénégalaise ». Cependant, les candidats ont la possibilité de renoncer à leur nationalité d’adoption, à la veille de l’élection présidentielle.
Certains acteurs politiques estiment que l’exigence de l’article 28 de la Constitution, stipulant que tout candidat à la présidence doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, est justifiée. Ils soulignent que cette exigence n’est pas choquante, étant donné les raisons invoquées et les distinctions déjà présentes entre Sénégalais d’origine et Sénégalais naturalisés.
Comparaison avec le Droit comparé
L’article analyse également le droit comparé, notant que la Constitution sénégalaise est moins restrictive que celle de nombreux pays africains, où l’accès à la présidence est réservé exclusivement aux nationaux d’origine.
Nationalité et élections
L’article explique les dispositions relatives à la nationalité en matière électorale, couvrant à la fois les électeurs et les candidats aux élections présidentielles, législatives et locales.
Élargir la Question de la Nationalité
Le texte suggère d’étendre le critère d’exclusivité de la nationalité à d’autres postes de responsabilité publique, tels que les hauts postes dans la sécurité, la justice, le gouvernement, le parlement et les représentants diplomatiques. Il propose également des sanctions en cas de fausses déclarations sur l’honneur, concernant la nationalité.
Conclusion et perspectives
En conclusion, l’article appelle au maintien du statu quo pour une application rigoureuse de la loi actuelle sur la nationalité. Cependant, il souligne la nécessité d’une adaptation future de la loi aux réalités actuelles et propose une réflexion sur une éventuelle convention internationale sur la question complexe de la double nationalité. Enfin, il invite le gouvernement à renforcer les moyens du Conseil constitutionnel, pour un contrôle plus efficace de la question de la nationalité.