Malgré son inconstance en politique, Idrissa Seck garde intact sa capacité à faire parler de lui. Si sa dernière sortie était un coup de com, il l’aura réussi de fort belle manière, même si rien ne semble présager qu’un gain politique réel puisse s’en suivre. En effet, depuis sa conférence de presse vendredi dernier à ce jour, il est l’acteur politique qui occupe le plus les Unes des journaux et les titres des éditions d’information.
En fait, pour faire parler de lui, Idrissa Seck a visé trois cibles majeures : Macky Sall, le président de la République, Ousmane Sonko, l’opposant le plus adulé et Abdoulaye Wade qui fait figure d’icône dans le paysage politique sénégalais. Avec ces trois, Idy était presque sûr de ne pas rater sa communication. Et il l’a réussi.
Il est vrai que Ousmane Sonko et ses partisans (qui ont sans doute d’autres priorités, notamment avec la justice) n’ont pas jugé utile de répondre aux attaques de Idy. Pastef a fait le mort et aucun responsable n’a porté la réplique. Sonko et Cie ont donc répondu par un mépris total. Le Pds également a eu le même procédé, même si les partisans de Wade préparent une réponse, selon Les Echos.
Toutefois, malgré le silence des partis et des responsables, la carrure des deux hommes fait que les attaques sont beaucoup commentées. Les Sénégalais n’ont pas du tout apprécié l’irrévérence dont Idrissa Seck a fait preuve à l’encontre de mon maître, le Pape du Sopi. Les termes utilisés comme ‘’yengueul arach’’ (troubler les cieux), ‘’euppeul’’ (manquer de retenue)… ont particulièrement choqué les Sénégalais.
Mais si Idy a connu un écho retentissant, c’est surtout lié au manque de tolérance des responsables Apr. Depuis sa sortie, l’allié de Macky Sall reçoit des tirs venant de partout du côté du pouvoir. D’abord, des leaders de l’Apr et de Benno comme Amadou Ba, Oumar Youm, Abdoulaye Diouf Sarr, Papa Mahawa Diouf… Certains en appellent même à la démission de Seck et au limogeage des deux ministres de Rewmi.
Ensuite sur le plan institutionnel, avec les 8 membres frondeurs du bureau du Conseil économique social et environnemental dirigé par Idrissa Seck. Ces derniers dénoncent entre autres un absentéisme et une léthargie qu’ils semblent subitement découvrir.
Autant de réactions de la part du parti et de la majorité présidentielle qui instaurent finalement un duel Idy-Macky qui a même fini d’éclipser le duel Sonko-Macky, favorisé par le silence du leader du Pastef.
Et il faut croire que ce n’est qu’un début. Déjà, les nominations en conseil des ministres sont très attendues. Les yeux sont braqués vers le palais pour voir quelle sera la réponse de Macky Sall. Le président peut tout de même ignorer royalement le sujet, mais ce ne serait quand même pas la fin. L’intolérance des gens de l’Apr va assurer à Idrissa Seck les premières places de l’actualité pendant encore quelques jours.