La Belle a véritablement réussi à faire tourner la tête au Prince. A le rendre dingue et lui faire perdre tout discernement. Lorsqu’il la draguait, il ne lui avait pas juré un attachement indéfectible et éternel. Pour cause, la règle établie veut que le soupirant ne vive avec la très convoitée que durant un temps bien déterminé par la communauté. C’est à dire sept bonnes années sous les ors du pouvoir, pardon la couette.

Lui, pressé de l’étreindre et voulant la ravir à d’autres amoureux, avait promis de ne la garder que cinq ans avant de la remettre en compétition. Sa parole s’est vite évaporée devant les voluptés que lui procurait la présence de la Belle. Ça sera finalement sept années. Celles-ci bien entamées, il avait juré partout qu’il en finirait avec elle après cinq ans supplémentaires. Pas un de plus. On l’avait cru sur parole, même si certains la jugeaient trop élastique cette parole. Sa cour avait également proclamé urbi et orbi qu’après les cinq ans de voluptés, il laisserait la belle entre d’autres mains. Mais voilà, c’est à croire que lui et sa cour ont oublié leur serment.

Depuis quelque temps, ils s’agitent dangereusement. Ils ne laisseront pas la belle à des aventuriers ! Eux, ils l’aiment plus que les autres. Ils sont les mieux à même de la chouchouter, la dorloter, de prendre soin d’elle mieux que n’importe quel autre soupirant. Les autres, qui ne connaissent pas sa valeur, risquent de la maltraiter, de la battre, d’user de violences conjugales à son encontre. Tandis que lui, non content d’en faire une reine, la gâtera comme ces Emiraties ou ces Saoudiennes, en lui offrant des puits de gaz et de pétrole.

Nos gens oublient que les cimetières sont pleins de gens qui se croyaient irremplaçables. Ce pays, c’est leur propriété. Quitte à tordre le bras au Prince, ils vont le convaincre à être candidat à un troisième mandat. La Constitution, ils pissent dessus. Attendrissant, non ? Il est pathétique de voir un homme, arrivé au pouvoir à l’âge de 51 ans, vendanger tant d’acquis. Etre formaté dans des partis de gauche, avoir lutté pour la réalisation d’une démocratie achevée et venir tout piétiner au Un grand bond en arrière comme aurait parodié le maoïste qu’il fut dans sa prime jeunesse !
KACCOOR BI – LE TEMOIN