Alors que le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs) menace de reprendre sa grève sur l’ensemble du territoire pour s’insurger contre la concurrence déloyale des véhicules particuliers et les tracasseries policières, les chauffeurs de taxis «Allo Dakar» sont traqués sur l’axe Touba-Thiès-Dakar. Ils sont accusés d’exercice illégal de transport. Ainsi, plus 300 véhicules de ce type de transport ont été immobilisés par l’Escadron de surveillance routière, basé à la caserne Waly Faye de Mbao (ex-Lgi), suite à une vaste opération menée sur l’autoroute Ila Touba. Tous ces véhicules sont actuellement mis en fourrière dans les locaux de la caserne de Mbao. Toutefois, dans la Cité du rail, ce phénomène de transport périurbain, très en vogue, reste aujourd’hui la préférence d’une large frange de voyageurs à destination de Dakar, Saint-Louis ou Mbour. Les usagers, de nos jours, ont fini par fuir la gare routière pour, disent-ils, «échapper à l’enfer des transports réguliers, avec souvent des véhicules obsolètes devenus presque des cercueils ambulants».
Par Ndèye Fatou NIANG- (Correspondante) – Au carrefour du quartier Som, des jeunes hommes, âgés d’une trentaine d’années, vont à l’assaut des taxis jaunes-noirs pour intercepter les voyageurs en route vers la gare routière, située à une vingtaine de mètres. «Dakar ! Dakar !», s’écrie un jeune homme qui veut attirer l’attention d’un voyageur assis à l’arrière du taxi. Le bonhomme court après le véhicule de couleur jaune-noire. Il ralentit, se range sur le rebord de la route et s’arrête net. Le jeune homme se précipite et ouvre la portière du taxi pour conduire le voyageur dans une rue où un chauffeur de taxi «Allô Dakar», en partance pour la capitale, cache sa voiture. Une Renault Dacia qui n’aura pas grand peine pour réunir, en un court temps, le nombre de clients requis lui permettant de pouvoir effectuer le trajet Dakar-Thiès. A peine sur la route, des éléments des Forces de l’ordre l’appréhendent à quelques mètres de l’entrée de l’autoroute à péage Ila Touba. Alors que certains réussissent à passer le check-point de la police à la sortie de la ville.
Aujourd’hui, ce type de transport fait le bonheur des usagers. Il y a la rapidité et le confort du Dacia. «Le parc automobile, au niveau de la gare routière de Thiès, est vétuste», se plaignent les voyageurs. Sans oublier «les nombreuses tracasseries que nous subissons avec les coxeurs».
Sans compter les mille et un cas d’indiscipline caractérisée presque érigés en «loi» au sein de la communauté des chauffeurs et apprentis. Dans la Cité du rail, les populations ont, à leur grand bonheur, fini par adopter ces moyens de transports interurbains. De Dakar, Touba, Mbour à Kaolack, de Dakar à Saint-Louis, les voyageurs sollicitent leurs services.
Pourtant, le quotidien de ces «chauffeurs clandestins» n’est pas de tout repos, avec les tracasseries liées aux contrôles de routine des Forces de l’ordre qui les arrêtent pour le délit d’«exercice illégal de transport». D’ailleurs en 2019, 83 conducteurs de taxis «Allô Dakar» ont fait au moins un mois à la prison de Thiès pour «exercice illégal de transport de personnes», pour violation de la loi 2003-04 du 27 mai 2003 portant orientation et organisation du transport terrestre en son article 35. Cela n’a pas freiné leur explosion. Malgré cette condamnation et la traque des Forces de l’ordre, ces chauffeurs clandestins continuent à braver les interdits de l’autorité. Comme si de rien n’était !