En vue d’harmoniser leurs positions en direction de la Cop27 qui aura lieu dans quelques mois en Égypte, une quarantaine de ministres africains chargés de l’Environnement seront à Dakar, du 12 au 16 septembre prochains, dans le cadre de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE).

À travers un déjeuner de presse hier, le ministre Abdou Karim Sall est largement revenu sur les préoccupations majeures de l’Afrique en direction de Sharm El-Sheikh.

En prélude à la Cop27 qui va se tenir en terre africaine, à Sharm El-Sheikh, Dakar accueille, du 12 au 16 septembre prochains, une quarantaine de ministres africains chargés de l’Environnement. Un grand rendez-vous qui a été hier au cœur des discussions entre le ministre Abdou Karim Sall et la presse.

Selon le ministre, Sharm El-Sheikh doit être un tournant décisif pour permettre aux États africains de prendre en charge certaines préoccupations.

Il déclare : « L’Afrique doit saisir cette opportunité et peser sur la balance pour être entendue. Le rendez-vous de Dakar va être l’occasion d’harmoniser nos positions, pour aborder dans les meilleures conditions la Cop27 ».

Six préoccupations majeures seront à l’ordre du jour, aussi bien dans la capitale sénégalaise qu’en terre égyptienne. Le premier point, c’est le financement de l’adaptation. « Lors de la Cop26 à Glasgow, il a été promis 100 milliards de dollars ; une promesse faite par les pays développés. Je pense que nous allons travailler à ce que ces promesses se concrétisent », a plaidé M. Sall.

En sus de cette problématique, il y a le financement de l’atténuation. Sur cette question, insiste-t-il, l’Afrique doit avoir une stratégie claire et précise.

« De la même manière que nous avons un objectif sur l’atténuation (on ne doit pas dépasser par exemple 1,5 degré Celsius par rapport au niveau préindustriel en ce qui concerne le réchauffement climatique), on doit aussi s’accorder sur nos objectifs en termes d’adaptation… »

Par rapport à la transition écologique, Abdou Karim Sall a surtout rappelé la position du Sénégal plusieurs fois rappelée par le chef de l’État. Sur ce troisième point, a-t-il indiqué, le président a beaucoup insisté là-dessus. « Il dit qu’il est hors de question qu’après que les pays occidentaux ont bâti leur développement à partir des énergies fossiles, qu’ils refusent de financer le développement des pays africains à partir de ces énergies ». Aujourd’hui, du fait de la guerre en Ukraine, les lignes ont certes bougé, reconnait-il, mais les Africains doivent rester sur leurs gardes, qu’ils ne dorment surtout pas sur leurs lauriers…

Dans la même veine, le ministre est largement revenu sur le financement des pertes et dommages, qui doit aussi être une question importante qui sera abordée en Égypte.

Il est essentiel, selon lui, que les pays développés intègrent le principe de la responsabilité commune, mais différenciée. « Si nous, pays africains, nous polluons moins, il faut que l’on puisse avoir un fonds qui nous permettra de faire face à ces calamités dont nous ne sommes pas forcément les responsables ». Enfin, à Dakar comme à Sharm El-Sheikh, il sera également question de la reconnaissance de besoins spécifiques de l’Afrique.

Selon lui, les pays développés continuent de refuser aux pays en développement cette possibilité qui est d’ailleurs inscrite dans la Convention-cadre des Nations Unies sur le climat. « Ce que nous demandons, nous pays africains, c’est que le texte d’application de l’Accord de Paris puisse mentionner très clairement cette reconnaissance de besoins spécifiques de l’Afrique… Il y a de cela quelques années, nous avons connu des pluies hors saison. Ce que les pays occidentaux nous demandent, c’est de souscrire des assurances. Or, c’est des phénomènes imprévisibles. Donc, il va falloir lutter pour que ce point soit bien entendu ».

Revenant sur le sommet récent de Rotterdam, en Hollande, le ministre de l’Environnement a regretté l’absence des pays développés, ainsi que de leur secteur privé. « Ce sommet, souligne-t-il, est organisé par le Centre mondial de l’environnement et la Banque africaine de développement. Le président Macky Sall y a été invité en sa qualité de président de la République du Sénégal, mais aussi en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine. Et il a fait un plaidoyer retentissant, notamment pour les pays africains ».

Le ministre retient principalement trois messages du discours du chef de l’État. D’abord, l’Afrique ne quémande pas. Ensuite, il a indiqué de manière très claire que l’Afrique s’engage dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques. Enfin, les pays occidentaux doivent comprendre et accepter ce qu’on appelle le principe de la responsabilité commune, mais partagée quant aux effets des changements climatiques.

« Vous savez que l’Afrique ne contribue pas plus de 3 % des émissions. Et elle dépense près de 5 % de son PIB pour lutter contre les effets pervers des changements climatiques. Dans le cadre de l’adaptation et du programme PAAA (Programme d’accélération, de l’adaptation en Afrique) qui doit mobiliser presque 25 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, dont la moitié devrait être mobilisée par la Banque africaine de développement, c’est-à-dire les 2,5 milliards de dollars ».

Le ministre est aussi revenu sur la Contribution déterminée internationale qui est la feuille de route du Sénégal dans les 30 ans à venir.

Dans la lutte contre les changements climatiques, le Sénégal a aussi sa stratégie propre qui s’intègre bien dans la stratégie régionale de lutte.

Abdou Karim Sall : « Cette feuille de route prévoit, dans le cadre de l’adaptation, près de 4,3 milliards de dollars. Il y a 1,9 milliard de dollars pour la partie inconditionnelle (ce qui doit être dégagé à partir du budget national). En ce qui concerne la partie conditionnelle, c’est 2,4 % que le Sénégal doit mobiliser pour faire face à l’adaptation au changement climatique ».

Le ministre chargé de l’Environnement est aussi largement revenu sur la politique du gouvernement, en particulier dans le domaine du reboisement, en matière de transition énergétique.

Il déclare : « Je rappelle que le Sénégal est quand même un des rares pays africains à avoir atteint la barre des 31 % dans le domaine du mix énergétique. Ce sont des efforts importants qu’il faut également magnifier et qui montrent que notre pays est résolument engagé dans cette dynamique ».

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