Le boycott de Facebook par les grands annonceurs fait chuter le cours de l’action du géant des réseaux sociaux et la fortune personnelle de son directeur général. La fortune de Mark Zuckerberg a diminué de 7,21 milliards de dollars, samedi 27 juin, tandis que le cours de l’action de Facebook a chuté de plus de 8 % à la clôture de la Bourse vendredi dernier. Coca-Cola était alors la dernière marque en date à soutenir la campagne #StopHateforProfit, lancée plus tôt dans le mois par des groupes américains de défense des droits civiques. Cette campagne en ligne entend faire pression sur les principaux annonceurs de Facebook pour qu’ils repensent leurs dépenses publicitaires sur la plateforme jusqu’à ce qu’elle mette en place des politiques de modération plus strictes. La semaine dernière, de grandes entreprises, dont Unilever, Hershey Co, The North Face et Verizon, ont soit interrompu, soit cessé de diffuser leurs publicités sur Facebook et d’autres réseaux sociaux.
Le directeur général de Coca-Cola, James Quincey, a déclaré vendredi que la société suspendrait toutes les publicités sur les réseaux sociaux pendant 30 jours, le temps de repenser sa politique. »Il n’y a pas de place pour le racisme dans le monde et il n’y a pas de place pour le racisme sur les réseaux sociaux », a écrit James Quincey sur le site de Coca-Cola. « La société Coca-Cola va suspendre la publicité payante sur les plateformes de médias sociaux du monde entier, pendant au moins 30 jours. Nous prendrons ce temps pour réévaluer nos politiques publicitaires afin de déterminer si des révisions sont nécessaires. Nous attendons également de nos partenaires des réseaux sociaux une plus grande responsabilité et une plus grande transparence ».
Pour comprendre l’origine de la campagne de boycott, il faut remonter au 25 mai dernier, lorsque George Floyd, un afro-amérain de 46 ans, meurt après avoir été immobilisé par un policier blanc de Minneapolis. Par la suite, la vidéo de sa mort, largement relayée sur les réseaux sociaux, a suscité une émotion mondiale et des manifestations dans plusieurs pays, contre les violences policières et le racisme. La campagne #StopHateforProfit a été lancée le 19 juin dernier et a été déclenchée par le refus de Facebook de retirer un message de Donald Trump, dans lequel il menaçait les manifestants américains de violentes répressions. Après avoir traité les manifestants de « voyous », le président américain a écrit dans son post, « quand les pillages commencent, les coups de feu commencent ».
La pression semble porter ses fruits. Vendredi soir, Mark Zuckerberg a annoncé que l’entreprise allait désormais étiqueter les messages des politiciens qui enfreignent ses règles, par exemple en matière de discours de haine ou de violence. Ils seront désormais accompagnés de la mention : « dignes d’intérêt public ». Il s’agit d’un changement significatif, étant donné que la société a jusqu’à présent refusé de modérer les message des politiciens.
Tanya Dua, journaliste pour Business Insider US, a également rapporté que l’équipe publicitaire de Facebook tente d’apaiser les annonceurs qui fuient la plateforme en leur expliquant que l’entreprise est sérieuse dans sa volonté de répondre à leurs préoccupations concernant les discours de haine et qu’elle s’est engagée à faire auditer sa politique de modération par un tiers. En outre, la publicité représente presque 100 % des revenus de Facebook, la société ayant réalisé 17,4 milliards de dollars de ventes publicitaires au cours des trois premiers mois de cette année.
Les groupes de défense des droits civils à l’origine de la campagne #StopHateforProfit, la NAACP (la National Association for the Advancement of Colored People), Color of Change et l’Anti-Defamation League, ont appelé Facebook à prendre des mesures plus fermes. »Nous avons déjà été sur cette voie avec Facebook », a écrit la NAACP sur son site. « Ils ont déjà présenté des excuses par le passé. Ils ont pris de maigres mesures après chaque catastrophe durant laquelle leur plateforme a joué un rôle. Mais cela doit cesser maintenant ».