Donald Trump a affirmé sur Twitter que l’Iran n’aura jamais l’arme nucléaire, après les dernières annonces de Téhéran. Mais faute d’une guerre dont il dit ne pas vouloir, le Président ne sera-t-il pas contraint de revenir à la négociation ?
En un tweet, hier à son réveil, Donald Trump a fait faire un bond en arrière d’au moins une décennie aux relations internationales. Écrivant en lettres capitales -le code sur Twitter pour montrer qu’on n’est pas content-, le Président des États-Unis a énoncé une seule phrase :
L’Iran n’aura jamais l’arme nucléaire
Il réagissait à l’annonce dimanche, par Téhéran, que l’Iran se considérait dégagé de toutes les limitations imposées par l’Accord nucléaire de 2015 ; une formulation ambiguë qui redonne au pays sa liberté de relancer son programme d’enrichissement, sans pour autant dénoncer formellement un accord international certes moribond, mais pas encore mort.
La proclamation de Donald Trump rappelle évidemment les longues années de frustration au cours desquelles la communauté internationale s’opposait sans succès au programme nucléaire iranien, surtout à l’époque du Président Ahmadinejad. Et le seul moyen de s’y opposer semblait être une action militaire, sans que personne, pas même Israël qui y a pensé, n’ait franchi ce pas.
On n’en est pas vraiment revenu à ce stade. Entre temps, il y a eu l’accord de 2015, conclu par les États-Unis à l’époque d’Obama, le trio européen Allemagne, France et Royaume Uni, ainsi que la Commission européenne, et les deux autres membres permanents du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine. C’est cet accord qui a stoppé un temps la marche forcée de l’Iran vers la possession de l’arme nucléaire.
Le paradoxe du tweet de Donald Trump est qu’il fait comme s’il n’y avait pas eu d’histoire, pas de longues années de négociations, pas d’accord que l’Iran, selon l’Agence des Nations Unies pour l’énergie atomique, avait respecté. Mais ce sont les États-Unis qui s’en sont retirés, ouvrant la voie à la crise majeure que nous traversons.
La seule question qui se pose aujourd’hui est de savoir quelle est la leçon que tirent les dirigeants iraniens : se disent-ils qu’il leur faut au plus vite l’arme nucléaire, pour sortir de leur vulnérabilité et se retrouver, comme le leader nord-coréen Kim Jong-un, dans un rapport de force plus favorable ? Ou feront-ils le choix d’utiliser la menace de leur programme nucléaire comme arme de négociation, afin de regagner le statut international que devait leur assurer l’accord de 2015 ?
L’heure de la diplomatie n’a pas encore sonné. Les appels à la vengeance restent dominants côté iranien et Donald Trump a encore besoin de marteler que la dissuasion américaine est de retour. La possibilité du pire n’a pas encore disparu.
Mais, comme l’écrivaient deux experts américains hier dans le « New York Times », faute de retour à la négociation, Donald Trump va vite se retrouver avec un choix simple : accepter l’arme nucléaire iranienne ou bombarder l’Iran. Ni l’un ni l’autre ne sont souhaitables, ce qui laisse espérer, à un moment ou à un autre, le retour à la diplomatie.
C’est le calcul des Français, Allemands et Britanniques, qui ont publié un communiqué commun de vœux pieux, et s’agitent pour faire revivre une négociation inexistante. Ils sont aujourd’hui impuissants, et spectateurs d’une crise qu’ils ne souhaitent pas, mais si l’engrenage de la confrontation peut être arrêté, ça sera en passant par les seuls qui parlent à tout le monde : les Européens.
C’est un très mince espoir dans un climat délétère. Mais derrière le tweet de Donald Trump, il y a une impasse qui peut laisser la place à un retour à la raison.