Mbaye Ndiaye est-il celui qui, à l’Alliance pour la république (Apr), est chargé de lancer les ballons de sonde ? On peut le penser, au lendemain de sa sortie sur la question de la limitation des mandats, qui défraie la chronique depuis quelque temps.

Face à Pape Ngaye Ndiaye mercredi, l’invité de « Faram Facce » a tombé le masque et semblé trahir un secret, en déclarant que Macky Sall peut bel et bien briguer un 3e mandat, alors que l’on faisait croire que ce dossier était définitivement classé.

En effet, de nombreuses personnalités de la mouvance présidentielle ont, durant ces dernières années, à travers plusieurs tribunes, écarté la thèse d’une troisième candidature de Macky Sall.

« Il faut s’en référer à la Constitution, vous vous rendrez compte que les marges de manœuvre pour interpréter sont très minces, pratiquement inexistantes. » déclarait Seydou Gueye, porte-parole du gouvernement et de l’Alliance pour la république dans un entretien avec APANEWS le 12 mars 2019. « Le problème qu’on avait connu par le passé, le président Macky Sall y a apporté une réponse en limitant le nombre de mandats, en fixant la durée du mandat du président de la République et en verrouillant un peu la Constitution pour que ces dispositions relatives à l’élection du président de la République soient pratiquement intangibles », ajoutait Seydou Gueye. Même son de cloche de Ismaila Madior Fall, alors ministre de la Justice qui affirmait le 12 octobre 2017 : « La Constitution du Sénégal est très claire sur la question du mandat du président de la République et ne laisse place à aucune interprétation sur la possibilité d’un troisième mandat. L’article 27 de la Constitution dispose : Le chef de l’État est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois ».

Macky Sall lui-même, n’a-t-il pas clos le débat, lorsqu’il déclare dans une vidéo : « Les deux mandats consécutifs dont fait état le constituant sénégalais sont indifférents d’un mandat de 7 ou de 5 ans. Alors peu importe qu’il soit un mandat de 7 ou de 5 ans, ce qui prévaut en l’espèce, c’est uniquement le nombre de mandat qu’aura exercé le Président en exercice. Ainsi, au titre de la « nouvelle » constitution le mandat de 7 ans (2012-2019) déjà exercé par le président de la République est considéré comme un mandat et comptabilisé dans le décompte des mandats ».

Toutes choses qui nous amènent à penser qu’en remettant en cause l’impossibilité où se trouverait le chef de l’Etat de candidater pour la 3e fois, Mbaye Ndiaye s’adonne à un exercice de conditionnement psychologique de l’opinion pour la préparer à un fait accompli.

L’homme qui a blanchi sous le harnais, pour avoir longtemps côtoyé Me Abdoulaye Wade, est réputé fin manœuvrier.

Un peu moins d’un an avant la tenue du référendum de mars 2016, c’était lui qui recommanda à Macky Sall de revenir sur sa promesse de réduite son premier mandat de 7 à 5 ans. «Une loi constitutionnelle ne peut pas être rétroactive», rejetait-il, sur le plateau de la Tfm, en avril 2015, la possibilité, pour le chef de l’Etat, de faire un mandat de 5 ans. «On ne peut pas personnaliser la loi et l’adapter au président Macky Sall. C’est impossible juridiquement. (…) L’Assemblée et le référendum posent le problème de la rétroactivité de la loi (…). S’il passe ou par le référendum ou par l’assemblée, le problème commence à être réel» (…). Le président n’est pas frappé d’incapacité», disait-il, réfutant la démission suggérée par certains spécialistes du droit.

Rejetant l’option du chef de l’Etat d’aller au référendum, il s’interrogeait : «Je ne  pense pas qu’il y ait un Sénégalais conscient, qui souhaite qu’il y ait un référendum, c’est coûteux et ça n’a pas de sens. C’est pour gagner quoi ? Dépenser 9 milliards et plus pour aboutir à quelle solution ?»

«Cet engagement de respecter et de faire respecter la constitution est beaucoup plus fort. Sur la faisabilité, sur le plan juridique, il n’y a pas de possibilité de réduire le mandat. Le président devrait saisir le gardien de la constitutionnalité des lois, le Conseil constitutionnel, qui aura un président d’ici les prochaines élections», préconisait-il.

La suite des évènements démontrera que Macky Sall donnera corps aux recommandations de l’ex-ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur.

Au sujet de la mise à l’écart de Khalifa Sall, on attribue encore le mauvais rôle à Mbaye Ndiaye qui, dans une déclaration tenue quelques mois avant les locales de 2014, demandait au socialiste de rejoindre l’Apr s’il voulait rester maire de Dakar. On connait le sort qui sera celui du leader de « Taxawu Ndakaru ».

Toute la question est maintenant de savoir le profil de celui qui actionne Mbaye Ndiaye, quand ses désirs sont toujours suivis d’actes. Dans les mêmes occurrences, Sory Ka et Mosutapha Diakhaté ont été lourdement sanctionnés.