Le parti au pouvoir en Écosse a élu Humza Yousaf à sa tête, faisant de lui la première personne de couleur et le premier musulman à diriger ce pays de 5,5 millions d’habitants.
Une élection historique
M. Yousaf a battu de justesse sa rivale Kate Forbes à l’issue d’une campagne meurtrière de cinq semaines qui a mis en lumière de profondes fractures au sein du parti indépendantiste Scottish National Party, confronté à une impasse dans sa tentative de faire sortir l’Écosse du Royaume-Uni.
Ce fils d’immigrés sud-asiatiques, âgé de 37 ans et né à Glasgow, devrait être confirmé dans ses fonctions de premier ministre lors d’une session du parlement écossais à Édimbourg.
M. Yousaf, qui est actuellement ministre écossais de la santé, a battu deux autres législateurs écossais dans le cadre d’un concours visant à remplacer la première ministre Nicola Sturgeon. Cette dernière a démissionné de manière inattendue le mois dernier, après huit années passées à la tête du parti et du gouvernement semi-autonome de l’Écosse.
Les membres du SNP ont préféré M. Yousaf au ministre écossais des finances, M. Forbes, par 52 % des voix contre 48 %, après qu’Ash Regan, candidat arrivé en troisième position, a été éliminé lors d’un premier vote. Le taux de participation des 72 000 membres a été de 70 %.
M. Yousaf devra relever le défi d’unir le SNP et de redynamiser la campagne pour l’indépendance, qui est dans l’impasse.
« Tout comme je dirigerai le SNP dans l’intérêt de tous les membres du parti, et pas seulement de ceux qui ont voté pour moi, je dirigerai l’Écosse dans l’intérêt de tous nos citoyens, quelle que soit leur appartenance politique », a-t-il déclaré dans son discours de remerciement au stade de rugby Murrayfield d’Édimbourg.
« Nous devrions tous être fiers d’avoir envoyé aujourd’hui un message clair : la couleur de votre peau, votre foi, n’est pas un obstacle pour diriger le pays que nous appelons tous notre maison.
Le SNP détient 64 des 129 sièges du parlement écossais et gouverne en coalition avec les Verts, un parti beaucoup plus petit.
M. Yousaf a indiqué qu’il agirait avec prudence. Il affirme vouloir constituer une majorité « stable et durable » en faveur de l’indépendance. Les sondages actuels indiquent que les électeurs écossais sont divisés à peu près également sur la question.
« À ceux qui, en Écosse, ne partagent pas encore la même passion que moi pour l’indépendance, je m’efforcerai de gagner leur confiance en continuant à bien gouverner », a déclaré M. Yousaf.
L’acrimonieuse course à la direction du SNP a fait chuter la côte de ce parti dans les sondages, pour le plus grand bonheur du parti travailliste et des conservateurs, qui espèrent gagner des sièges en Écosse lors des prochaines élections britanniques, probablement l’année prochaine.
Ses détracteurs estiment que M. Yousaf, qui a occupé plusieurs postes au sein du gouvernement de Mme Sturgeon, porte une part de responsabilité dans les longs délais d’attente en matière de soins de santé, le problème des sans-abri et le nombre élevé de décès dus à la drogue en Écosse.