On ne peut manquer de souligner l’amateurisme du mandataire de GSB pour la ville de Dakar lors du dépôt des listes de sa coalition. Comment celui qui a rallié GSB au dernier moment, a-t-il pu être investi d’une telle mission ?
C’est l’effervescence schizophrénique dans certains états-majors politiques pendant cette période de vérification des listes de candidats déposées au niveau des préfectures et des sous-préfectures. Dès la clôture officielle des dépôts de candidatures, il y a eu une flopée de listes retoquées pour divers motifs. Mais toutes les listes rejetées, déclarées forcloses ou irrecevables sont bizarrement du côté de l’opposition.
Sur l’ensemble du territoire, aucune liste de Bennoo Bokk Yaakar (BBY), la majorité présidentielle, n’a été rejetée. C’est ce qui pousse l’opposition à dire que les représentants de l’administration territoriale ont été complaisants vis-à-vis du pouvoir.
Le préfet de Dakar, Mor Talla Tine, a été accusé par le leader de Gëm Sa Bopp (GSB), Bougane Guèye Danny, d’avoir même aménagé le bureau climatisé de son adjoint aux plénipotentiaires de Benno Bokk Yaakaar pour qu’ils y procèdent aux rectificatifs de dernière minute avant déposer définitivement. Alors qu’au même moment la liste de GSB pour la ville de Dakar était rejetée pour incomplétude. Ce que Bougane Guèye Danny, le leader de cette coalition et son candidat pour la ville de Dakar, a réfuté ainsi que le mandataire Bamba Fall arguant que leur liste remplit toutes les conditions requises.
A les en croire, ils ont même déposé 90 dossiers là où on ne leur en demandait que que 83. Et effectivement, le nombre de dossiers requis, c’est 83. Il n’en reste pas moins que ce que le préfet a dit est aussi indéniable parce que la liste proportionnelle doit être composée de 55 titulaires et la liste des suppléants 28. Ce qui fait 83. Or, de ce que Bougane Guèye a déclaré à Senego, le mandataire de GSP pour la ville de Dakar a déposé 45 titulaires et 45 suppléants pour la proportionnelle (https://senego.com/rejet-liste-gueum-sabopp-bougane-denonce-le-comportem…). Ce qui veut dire que la liste des titulaires pour la proportionnelle est incomplète alors que celle des suppléants est inutilement excédentaire. C’est la liste majoritaire qui doit comprendre 90 candidats répartis en 45 titulaires et 45 suppléants. C’est là où se trouve la confusion.
De ce fait, on aura beau tirer sur l’administration territoriale mais, s’agissant de ce rejet-là, le préfet de Dakar a raison même si son comportement à l’endroit de GSB laisse croire qu’il a une dent contre le mouvement que dirige Bougane Guèye Danny. Les deux hommes ont en effet des antécédents. Il n’empêche, on ne peut manquer de souligner l’amateurisme avec lequel le mandataire de GSB pour la ville de Dakar a conduit le dépôt des listes de sa coalition. Beaucoup se demandent comment Bamba Fall, qui a rallié GSB au dernier moment, a-t-il pu être investi d’une mission aussi importante que déposer les listes de candidats de cette coalition alors même que Kalidou Niasse est réputé maîtriser les questions d’investitures. Bamba Fall, même s’il est à la tête de la mairie de la Médina depuis une dizaine d’années, n’est pas connu pour maitriser les questions de confection et de dépôt des listes électorales.
Autrement dit, un spécialiste du processus électoral. D’ailleurs ce qui montre son manque de sérieux, c’est le méli-mélo constaté dans le classement requis pour les dossiers de candidatures. Des dossiers qu’il était censé vérifier dès l’instant qu’il accepté la mission de mandataire. Le premier magistrat de la commune de la Médina a d’ailleurs avoué avoir mal classé les dossiers et avoir même demandé au préfet de les lui remettre afin qu’il puisse les mettre dans le bon ordre. Pour dire que, concernant les listes de la ville de Dakar, GSB a fait un mauvais casting en mandatant Bamba Fall pour les élaborer et les déposer. D’ailleurs, beaucoup se demandent si le maire de la Médina n’a pas joué le jeu du pouvoir en poussant volontairement à la faute GSB pour ouvrir un boulevard au candidat du pouvoir Abdoulaye Diouf Sarr. Interrogé sur ce problème survenu lors du dépôt des listes, Bamba Fall a refilé la patate chaude à GSB en déclarant qu’il n’était qu’un mandataire et qu’on lui a simplement remis des dossiers pour qu’il les dépose. Un rôle de facteur ou de petit télégraphiste en somme.
Cette réponse simpliste en dit long sur la naïveté de GSB et le ponce-pilatisme de l’édile de la Médina. Dias en difficulté judiciaire, Bougane écarté, il ne resterait en lice contre les candidats du pouvoir (Abdoulaye Diouf Sarr et Mame Mbaye Niang) que Soham Wardini soupçonnée d’être la cinquième colonne du pouvoir ainsi que Doudou Wade dont la candidature est considérée comme l’Acte II du Protocole de Conakry…
Profil d’une grande versatilité
Bamba Fall est connu pour sa versatilité, son inconstance et son yo-yo dans le champ politique. Ne l’a-t-on pas vu s’accointer avec Yewwi Askan Wi avant de se démarquer de Taxawu Dakar ? Ne l’a-t-on pas vu se rapprocher du pouvoir pendant que Khalifa Sall croupissait en prison ? Bamba Fall est réputé pour ses déclarations chocs, bouleversantes, surprenantes, gênantes voire dérangeantes. Fraichement sorti de prison dans l’affaire de l’attaque contre le bureau politique du PS, il avait, à la surprise générale, déclaré : « Karim Wade nous était présenté comme une personne inhumaine qui n’a pas de valeurs et qui était là uniquement pour profiter de nos biens. J’étais avec Barthélémy Dias à Saint-Lazare pour le huer. J’étais aussi à la Mosquée omarienne avec mes jeunes pour le huer. Je me suis battu contre son père et la coalition Sopi…
Mais quand je me suis retrouvé en prison, mes camarades de parti ne sont même pas venus me voir, ni n’ont rendu visite à ma famille. Mais lorsque je vois qu’un Karim que j’ai combattu, cherche le numéro de téléphone de ma femme pour compatir à ma cause et me dédicacer un geste symbolique, même si cela n’atteint pas les 500.000 f CFA, c’est de la dépense hebdomadaire en moins de ma poche pour mon foyer. Et même si c’était 10 francs CFA, c’est un geste qui m’est allé droit au cœur. Il y avait des gens qui pouvaient en faire autant et qui ne l’ont pas fait … »
Après avoir déclaré à brûle-pourpoint au sortir d’une audience du procès Khalifa Sall le 3 janvier 2018 que « le candidat à la présidentielle de la coalition Manko Taxawu Senegaal est Idrissa Seck », Bamba s’était extasié devant le Premier Bamba s’était extasié devant le Premier ministre Boun Dionne venu avec une forte délégation — et un « diakhal » très consistant — lui présenter les condoléances du chef de l’Etat à l’occasion du décès de son oncle. « Monsieur le Premier ministre, je vous demande de passer mes salutations à mon grand frère le président de la République, Macky Sall. C’est un homme bon. Certains ne savent pas faire la distinction et ils disent « est-ce qu’il ne veut pas transhumer ? »
Moi je serai un socialiste à vie, mais je ne rabaisserai pas celui qui fait un acte d’une si haute portée à mon endroit. J’ai eu un décès, certains membres de mon parti ne sont même pas venus ici, alors que quelqu’un d’autre, qui n’est même pas du même parti que moi, vient compatir à ma douleur. Et on veut que je les mette au même pied. Non, je ne le ferai jamais », déclarait le maire de la Médina devant une foule de militants, médusée, dépité et déçue de tels propos considérés comme un pied de nez à Khalifa Sall emprisonné.
Voulant témoigner au président Sall toute sa gratitude pour cet « acte de haute portée et haute signification », l’édile de la Médina avait renchéri : « Que le président de la République, avec tous mes mots acerbes que je lui envoie dans le cadre de la politique, m’envoie son Premier ministre, cet homme qui lui est si cher, pour venir me témoigner sa compassion, je salue vraiment cet acte. Te teranga dinako fay (Je le lui revaudrai, en wolof). Moi je n’ai pas de maître en politique. Ce que le Président vient de faire, si cela ne suffit pas à quelqu’un, rien ne lui suffira. Car c’est très fort. Dis au Président que c’est un acte fort, je suis comblé. Je lui rendrai la monnaie de sa pièce ».
Des propos fortement critiqués par les khalifistes qui les considéraient comme un acte de trahison à l’endroit de leur leader illégalement embastillé. Vu la facilité avec laquelle GSB est éliminé de la course pour la ville de Dakar, et même si un recours est déposé au niveau de la cour d’Appel, il y a de quoi douter de la sincérité de Bamba Fall. Là, il faut souligner qu’en signant avec « réserve » le papier préfectoral qui atteste qu’il a déposé des dossiers incomplets, il reconnait de factoles motifs du rejet. Ce qui amincit, pour ne pas dire anéantit, l’espoir de Bougane de trôner à la tête de la ville de Dakar. Une forclusion pour laquelle il doit dire merci à son allié Bamba Fall !