C’est une véritable guerre ouverte qui se profile entre les actionnaires de West African Energy (WAE). Ce qui ressemblait à une lune de miel entre partenaires d’affaires a rapidement tourné au vinaigre, mettant en lumière des tensions profondes au sein de la société. Le dernier acte en date oppose Samuel Sarr, directeur général de WAE, à Moustapha Ndiaye, l’un de ses associés. Les deux hommes s’accusent mutuellement, chacun déposant plainte contre l’autre, dans une affaire aux ramifications financières lourdes de conséquences.

L’accusation de Moustapha Ndiaye : détournement présumé de 2 milliards CFA

C’est Moustapha Ndiaye qui a lancé la première salve. Importateur de riz, mais aussi actionnaire de West African Energy, Ndiaye accuse Samuel Sarr de détournement de fonds. Selon lui, ce dernier aurait orchestré des « micmacs financiers » portant sur un montant de plus de 2 milliards de francs CFA. Une plainte a été déposée et confiée à la Section de recherches de la gendarmerie. La convocation de Samuel Sarr, mis en cause dans cette affaire, serait imminente, si l’on en croit les révélations du quotidien Les Échos.

La plainte de Moustapha Ndiaye, largement médiatisée, met en lumière des dissensions jusque-là discrètes, mais qui couvaient au sein de l’actionnariat de WAE. Ce qui se jouait dans les coulisses d’un grand projet énergétique éclate aujourd’hui au grand jour, dans une bataille judiciaire qui pourrait bien ébranler les fondations mêmes de l’entreprise.

La contre-attaque de Samuel Sarr : dénonciation calomnieuse

Face à ces accusations, Samuel Sarr n’a pas tardé à réagir. Moins de 24 heures après la plainte de son associé, l’ancien ministre de l’Énergie a déposé une contre-plainte pour dénonciation calomnieuse. Selon le quotidien L’AS, Samuel Sarr minimise les faits qui lui sont reprochés, affirmant que Moustapha Ndiaye ne maîtrise pas les subtilités des montages financiers mis en place au sein de WAE. Il assure que ce différend est un malentendu plus qu’une affaire de fraude et que les accusations de son partenaire sont infondées.

Sarr ne s’arrête pas là et fait savoir que Moustapha Ndiaye n’aurait même plus la qualité nécessaire pour porter plainte en tant que président du conseil d’administration (PCA) de WAE. Selon L’AS, ce dernier aurait été démis de ses fonctions au profit de Papa Toby Gaye, actuel directeur général de la Senelec. Une bataille de légitimité qui rend l’affaire encore plus complexe.

L’actionnariat de WAE : des tensions internes qui éclatent

West African Energy, une société spécialisée dans l’énergie et les produits pétroliers, est un acteur clé dans le développement du secteur énergétique au Sénégal. L’actionnariat de WAE se compose de figures influentes du monde des affaires. Harouna Dia, homme d’affaires sénégalais et principal actionnaire, détient 33% des parts de la société. La Senelec, entreprise publique d’électricité, en possède 15%, Samuel Sarr 12%, et les 40% restants sont répartis entre Khadim Bâ, Abdoulaye Dia et Moustapha Ndiaye.

Ce partage des pouvoirs n’a pas empêché les tensions de se développer en interne. L’affaire actuelle révèle des rivalités latentes entre les actionnaires, notamment concernant la direction de la société et la gestion des fonds. Ces conflits d’intérêts pourraient sérieusement remettre en question l’avenir de l’entreprise, à un moment où elle est engagée dans un projet de grande envergure.

Un projet énergétique majeur menacé ?

Malgré les turbulences internes, WAE est actuellement engagée dans la construction d’une centrale électrique de 300 MW à Cap des Biches, en partenariat avec les géants Calik Enerji (Turquie) et General Electric (États-Unis). Ce projet, qui vise à renforcer la capacité énergétique du Sénégal, est déjà réalisé à 90%. Initialement prévu pour août dernier, le démarrage des activités de la centrale a été reporté à ce mois de septembre.

Cependant, les tensions actuelles entre les actionnaires risquent d’avoir des conséquences sur la finalisation du projet. Si la bataille judiciaire s’envenime, cela pourrait non seulement retarder les travaux, mais également affecter l’image et la crédibilité de WAE auprès de ses partenaires internationaux.

Conclusion

Ce qui se joue aujourd’hui au sein de West African Energy dépasse largement le cadre d’un simple conflit d’actionnaires. La guerre ouverte entre Samuel Sarr et Moustapha Ndiaye reflète des divisions profondes qui pourraient affecter l’avenir d’une entreprise cruciale pour le développement énergétique du Sénégal. Alors que les plaintes se multiplient et que les tensions montent, l’avenir de WAE semble de plus en plus incertain. Il est essentiel que les protagonistes parviennent à trouver une solution pour préserver non seulement la stabilité de l’entreprise, mais aussi la réalisation des projets qui conditionnent l’avenir énergétique du pays.