La visite d’Ousmane Sonko à Touba n’a pas seulement attiré des foules enthousiastes — elle a aussi mis en lumière une vague d’opportunisme politique sans précédent dans la ville sainte. Certains visages bien connus, autrefois alignés derrière Macky Sall et les privilèges du pouvoir, tentent aujourd’hui de se recycler à la hâte dans le sillage du nouveau régime.
Il est frappant de voir d’anciens barons de l’APR à Touba, ayant profité pendant des années de juteux marchés publics et d’une proximité avec l’ancien régime, courir désormais après les leaders de Pastef comme s’ils avaient toujours été de leur côté. L’exemple le plus criant est celui d’une dame autrefois figure de proue de l’APR, qui se livre aujourd’hui à un lobbying agressif pour faire remonter son nom aux oreilles de Sonko — en finançant notamment des tiktokeurs proches du pouvoir.
Le Magal de Mbacké Barry, tenu le 2 août, a servi de vitrine à ce retournement de veste généralisé. Des personnalités qui, entre 2018 et 2024, tournaient ostensiblement le dos à Cheikh Thioro Mbacké, s’alignent aujourd’hui derrière lui, espérant sans doute profiter de sa position au sein de la mouvance présidentielle.
On peut aussi citer cette femme issue d’une famille maraboutique influente, soutien affiché d’Amadou Ba lors des élections de 2024, qui joue désormais des coudes pour se rapprocher de Pastef. Serait-ce par conviction ? Rien n’est moins sûr. Beaucoup y voient plutôt une tentative désespérée de préserver ses intérêts dans certains marchés publics, notamment liés à l’hôpital Cheikhoul Khadim.
Ces attitudes soulèvent une question centrale : avec qui le nouveau pouvoir traite-t-il réellement à Touba ? Le gouvernement de Sonko ne peut se permettre de s’entourer d’opportunistes sans conviction, prêts à trahir demain ceux qu’ils acclament aujourd’hui. Car Touba, malgré son poids religieux et politique, n’est pas épargnée par les calculs d’intérêts.
Au milieu de cette agitation, une figure se distingue par sa constance : Cheikh Thioro Mbacké. Nombreuses ont été les offres pour le faire quitter Pastef, mais il a tenu bon. Sa fidélité, dans un environnement où beaucoup changent de camp au gré du vent, mérite d’être saluée. Lui, au moins, ne joue pas à cache-cache avec ses convictions.