Ce mardi, une vente comprenant précisément 344 ouvrages répartis en 194 lots devait avoir lieu. Cependant, sur demande du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, ces enchères ont été reportées, comme l’explique l’ambassadeur du Sénégal en France El Hadj Magatte Seye, lors d’une intervention avec le journaliste Guillaume Thibaut de la RFI : « Au-delà même de ce patrimoine-là, nous estimons que Senghor lui-même est un patrimoine : un patrimoine sénégalais, un patrimoine africain, un patrimoine universel. Éviter qu’il y ait une dispersion était essentiel. C’est pourquoi le président de la République du Sénégal, Monsieur son excellence Bassirou Diomaye Faye, a donné ses instructions, avec bien sûr le soutien des autorités françaises – ça aussi, il faut le mentionner -, ce qui a permis, aujourd’hui, de surseoir cette vente pour permettre à l’État du Sénégal de négocier l’acquisition des ouvrages de la bibliothèque du président Senghor. »
La bibliothèque de l’ancien président Senghor à Verson, une pièce centrale de sa maison, abrite une collection riche d’ouvrages rares. Certains d’entre eux, tels que Paroles de Jacques Prévert ou Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, portent même des dédicaces de leurs auteurs.
En octobre 2023, à la demande de l’ex-chef de l’État Macky Sall, une première vente aux enchères a été bloquée. L’État du Sénégal a ainsi acquis pour 240 000 euros des objets de Léopold Sédar Senghor. Médailles, des décorations officielles, stylos plumes : 41 pièces ont rejoint les collections de l’État sénégalais. L’ambition de l’État sénégalais, indique El Hadj Magatte Seye, est donc d’acheter la collection de livres et de venir compléter ce patrimoine pour créer un musée dédié à l’œuvre et à la vie de Léopold Sédar Senghor : « L’objectif est de pouvoir exposer tout ce patrimoine-là, qui a appartenu au président Senghor, dans un musée. Je crois que dans le contexte mondial que nous vivons, où il y a beaucoup de stigmatisation, où il y a une montée des communautarismes, celui qui a théorisé la civilisation de l’universel, le rendez-vous du donner et du recevoir, mérite qu’on revisite son œuvre. C’est aujourd’hui la direction vers laquelle nous allons avec l’acquisition de tout ce patrimoine ayant appartenu au président Senghor. »
L’État sénégalais et l’hôtel des ventes de Caen en charge de la vente se sont donnés deux semaines pour trouver un accord.