Le vaccin développé par le laboratoire anglais AstraZeneca et l’Université est mis à rude épreuve. Son efficacité sur les plus de 65 ans et contre le variant sud-africain fait l’objet d’un débat aussi bien en Europe qu’en Afrique. D’ailleurs, il a été déconseillé pour les personnes âgées tandis que l’Afrique du Sud qui avait acheté un million de doses d’AstraZeneca a suspendu son large programme de vaccination. C’est dans ces moments on ne peut plus troubles, que l’Organisation mondiale de la Santé est intervenue.
Un comité d’experts de l’OMS a indiqué ce mercredi 10 février que ce vaccin peut être injecté aux plus de 65 ans. Mieux, d’après le groupe stratégique consultatif d’experts de l’Oms sur la vaccination (SAGE), il peut être utilisé « même si des variants sont présents dans un pays ». Cette position, le Dr Richard Mihigo, Coordinateur du programme de développement de la vaccination et des vaccins à l’Oms pour l’Afrique, l’avait rappelé au cours d’une conférence virtuelle organisée le jeudi 4 février 2021. Il n’est cependant pas sûr que ces recommandations de l’OMS soient suivies par les pays membres.
Déjà, la Haute autorité française de la santé maintient l’interdiction du vaccin pour les plus de 65 ans en raison de la timidité des données dans cette tranche d’âge lors des essais cliniques. L’Afrique du Sud a décidé ce mercredi de poursuivre sa campagne de vaccination non pas avec AstraZeneca mais avec Johnson et Johnson dont elle doit recevoir les premières doses à partir de la semaine prochaine.
La persistance des réticences malgré les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé donne l’impression que l’institution internationale chercherait à sauver l’Initiative Covax à travers laquelle elle veut rendre accessibles les vaccins anti-covid. Dans cette facilité mise en place avec l’Alliance du Vaccin, l’ambition est de distribuer 2 milliards de doses dont 1,3 milliards aux pays défavorisés. En ce sens, des accords ont été signés avec des laboratoires pharmaceutiques mais AstraZeneca/Oxford focalise tous les espoirs de Covax de distribuer ses premières doses durant le premier trimestre de 2021.
Au total, 240 millions de doses d’AstraZeneca/Oxford sous licence SII, 96 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca/Oxford dans le cadre du contrat anticipé conclu avec Gavi, sont attendues dans le cadre de cette facilité. Selon les premières prévisions de distribution provisoire, les premières doses de ce vaccin seront acheminées vers les pays demandeurs fin février tandis que Pfizer/BioNTech qui doit livrer 1,2 million de doses ne devrait être prêt que dans les 6 premiers mois de l’année. Ce qui veut dire qu’on est dans une opération de sauvetage de la Facilité Covax sur laquelle les pays à revenu faible et intermédiaire placent tous leurs espoirs pour vacciner leurs populations.
Rappelons que c’est à travers ce dispositif que le Sénégal attend une première livraison de 1,3 million de doses du vaccin anglais mais sous licence Serum Institute of India (AZI/SII). Le ministre de la Santé a réceptionné la semaine dernière des réfrigérateurs adaptés à la conservation de ce vaccin. Mais face au débat sur l’efficacité de ce vaccin, Abdoulaye Diouf Sarr a rappelé que le Sénégal intègre toutes les options pour mener à bien sa stratégie de vaccination.