Par Assirou.net – 10 juillet 2025

Lors d’un mini-sommet organisé à la Maison Blanche ce mercredi, l’ancien président américain Donald Trump, récemment revenu sur la scène internationale, a surpris ses hôtes africains par une proposition pour le moins controversée. Selon le Wall Street Journal, Trump a demandé aux présidents du Sénégal, de la Mauritanie, du Liberia, de la Guinée-Bissau et du Gabon d’accepter sur leur sol des personnes expulsées des États-Unis — migrants sans-papiers que leurs pays d’origine refusent de reprendre.

Une proposition choquante, sous couvert de coopération

Officiellement, le sommet portait sur le commerce, la sécurité et l’investissement. Mais en réalité, l’agenda américain semble avoir été plus stratégique. L’immigration est revenue au cœur des échanges, notamment à travers cette requête formulée par Trump, qui relance son agenda nationaliste sur le plan international : faire des pays africains des “pays de transit” pour les migrants indésirables ailleurs.

Cette proposition fait écho à une pratique déjà amorcée avec le Soudan du Sud, qui a accepté début juillet d’accueillir huit migrants refoulés des États-Unis. Une manière pour Trump d’externaliser les politiques migratoires américaines tout en évitant les tensions diplomatiques avec d’autres nations.

Un sommet aux allures de marché géopolitique

En échange, l’ancien président américain n’a pas manqué de flatter ses invités, qualifiant leurs pays d’« endroits dynamiques » dotés de « terres précieuses, de super minerais et de gens merveilleux ». L’objectif est clair : accéder aux ressources stratégiques africaines (lithium, or, uranium, manganèse…) pour contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a notamment mis en avant la stabilité politique du Sénégal, ses ressources pétrolières et gazières, tout en invitant Donald Trump à investir dans un projet de golf au Sénégal. Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, a lui aussi vanté les minerais de son pays, tandis que son homologue gabonais a rappelé que son pays était le 2e producteur mondial de manganèse en 2023.

Vers une nouvelle relation USA-Afrique ?

Dans un contexte de réduction de l’aide internationale américaine – notamment avec la fermeture de l’USAID – Washington semble vouloir redéfinir ses relations avec l’Afrique sous forme de partenariats économiques conditionnés. Pour certains observateurs, cela traduit un changement profond : l’Afrique ne serait plus seulement perçue comme un continent à aider, mais comme un levier géopolitique à utiliser.

Reste à savoir si les chefs d’État présents à ce sommet accepteront, sous pression ou par intérêt, d’ouvrir leurs frontières à des migrants rejetés partout ailleurs.