Les incidences néfastes du changement climatique sont parmi les fléaux qui assaillent le plus aujourd’hui la terre entière.

Elles exigent une action commune et concertée de toutes les composantes de l’humanité. Ce dérèglement et ses conséquences constituent un défi urgent à relever. Le danger est unanimement reconnu par la Conférence des Parties (COP) des pays signataires de la convention sur le climat. Toutefois ce phénomène a son lot d’aspérités injustement vécues, dans la mesure où elles affectent plus sévèrement les populations les plus vulnérables, et pourtant moins responsables des émissions de gaz à effet de serre.

Ainsi, les écosystèmes de notre planète sont durement impactés par les changements climatiques. Nous assistons, impuissants, à l’intensification de ses effets désastreux à travers des incendies, inondations, érosions ou canicules incontrôlés. Le constat comme les explications de ce phénomène font désormais consensus au sein de la communauté scientifique : les changements climatiques sont attribuables, au moins en partie, aux activités humaines et devraient se poursuivre au cours des prochaines décennies. L’ampleur dépendra donc des scénarios de transition énergétique à mettre en œuvre pour y faire face.

Partant, j’invite toute la classe politique de notre pays à jouer balle à terre, afin que nous parlions justement de la planète terre ; notre planète agressée. Le sommet de la COP 28 qui se tient aux Émirats Arabes Unis, septième producteur mondial de brut, nous y convie tous. Difficile, nous le savons, de se faire entendre dans un contexte électoral si chargé. En effet, le Sénégal est à moins de trois mois d’une élection présidentielle qui sera âprement disputée. Quand on sait les enjeux liés à la conquête du pouvoir et à son exercice, on imagine aisément pour le comprendre dans une certaine mesure, que les esprits des candidats sont résolument orientés vers l’échéance électorale du 25 février 2024. Cependant, pour peu que l’on soit préoccupé par le développement du Sénégal, la transition énergétique doit nous interpeller. Elle doit aussi être au cœur du débat programmatique des candidats qui aspirent à diriger notre pays, parce qu’elle nous concerne.

En effet, qu’on s’appelle Macky Sall, qui n’est pas candidat à sa succession –la précision a son importance- ou qu’on porte le nom de l’un quelconque des plus de 260 candidats déclarés (en attendant l’arrêt de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel), la responsabilité est la même. Il s’agit de la défense des intérêts supérieurs du pays au détriment des agendas personnels.

S’il est vrai, sous nos cieux, que les débats et querelles de personnes prennent souvent le dessus sur tout et sur tous, il est plus que temps pour l’élite politique, de se pencher davantage sur l’aspiration légitime des Sénégalais au développement avec son corollaire, le progrès. Cette forte aspiration au développement engage la classe politique à une prise de position courageuse par rapport à la transition énergétique.

En français facile pour nous faire comprendre, le pétrole et le gaz aux vertus et avantages tant chantés risquent de ne pas servir à grand-chose si nous ne gagnons pas le combat de la transition énergétique. Alors que notre pays s’apprête à exploiter ces deux ressources ô combien importantes, mais surtout stratégiques pour son décollage économique, voilà que certaines puissances économiques et financières veulent nous imposer un autre agenda ! Vos ressources, nous disent-elles en des termes à peine voilés, sont à ranger au musée des « énergies polluantes ».  Autrement dit, votre pétrole et votre gaz ne sont bons qu’à rester là où ils sont, au fond des océans. Leur trouvaille : interdire « le financement à l’étranger de sources d’énergies fossiles y compris le gaz » ; notre cher gaz. Comme si le charbon que ces puissances continuent d’utiliser pour faire tourner leurs machines et pour vivre tout court était une « énergie propre » !
L’intention est claire. Après avoir pollué la planète, malmené la couche d’ozone, réchauffé et surchauffé le climat, ces chevaliers tardifs de la protection de l’environnement veulent subitement enfourcher un autre cheval : nous priver de notre droit au développement. Inacceptable. Non pas parce que le changement climatique, avec son lot de dérèglements de toutes sortes, ne nous préoccupe pas mais parce que la question, pour préoccupante qu’elle soit, doit être abordée sous l’angle de la souveraineté, de la justice et de l’équité. Si ce diktat des temps modernes passe, c’est toute notre stratégie basée sur le Gas to Power, Gas to Industry (marché local) et Gas to Export (exportation) qui tomberait à l’eau. Il y aurait alors, sans jeu de mots, de l’eau dans le gaz pour le Sénégal.

Le président Macky Sall l’a dit sans équivoque à ses pairs à Dubaï : « Nos pays ne doivent pas être condamnés à choisir entre le développement et la protection de l’environnement. » Le bon choix, s’est-il empressé d’ajouter, c’est les deux. Après avoir entendu plus d’une fois le chef de l’Etat sur le sujet de la transition énergétique et ses enjeux de développement, je suis fondé à croire en la sincérité de sa position. De plus, il n’a pas tort. Il a même raison. Cette posture courageuse de leadership mérite d’être amplifiée et soutenue pour devenir tout simplement : LA POSITION du Sénégal.

Si elle ne l’est pas davantage, la question d’une transition énergétique juste et équitable est tout au moins aussi importante que la transparence du processus électoral, l’inclusivité de l’élection présidentielle à venir, l’indépendance de la justice, la garantie des droits et libertés ou le respect de l’Etat de droit. Le prochain président de la République héritera à coup sûr de ce brûlant dossier énergétique. Inévitablement. Le développement du Sénégal en dépend.

Le combat n’est pas gagné d’avance. Il n’est pas non plus perdu d’avance. Il requiert à la fois transpiration, inspiration et détermination. Evidemment c’est un combat qui ne se mène pas seul. Parmi les alliés potentiels, figurent des producteurs de pétrole et de gaz qui ne se reconnaissent pas dans la marche vers l’abandon des énergies dites fossiles que certains souhaitent ici et maintenant. L’Arabie Saoudite est de ceux-là. Les pays africains, producteurs ou non producteurs, de même que tous les autres à travers la planète qui aspirent au développement ne devraient pas être en reste. La société civile d’ici et d’ailleurs a également un rôle non négligeable à jouer, nonobstant son attachement au développement durable.

Entendons-nous bien : il n’est pas question ici, de soutenir que les énergies fossiles n’ont aucun impact sur le réchauffement climatique. Il s’agit plutôt de dire sans détour que les pays nouvellement producteurs comme le nôtre, ont le droit d’aller à leur rythme dans la marche vers une transition énergétique qui ne saurait être confondue avec une course de vitesse vers une sortie des énergies fossiles. Une exploitation raisonnable et raisonnée des énergies dites fossiles, tel est l’enjeu. En outre, l’alternative au fossile que sont les énergies renouvelables, coûte très cher. D’où un autre enjeu : celui du financement et de l’accès au financement qui n’est pas des moindres dans le débat sur la transition énergétique.
La transition énergétique est par excellence un bon thème de campagne quand on sait que l’exploitation « des ressources naturelles (qui) appartiennent au peuple » est inscrite dans notre Constitution. Voilà un sujet qui mérite pour aujourd’hui et demain, une CO-CONSTRUCTION avec les Sénégalais.

Macky Sall et la transition énergétique : je soutiens le combat.

MAMOUDOU IBRA KANE
Leader du Mouvement « DEMAIN C’EST MAINTENANT »
Ancien candidat déclaré à l’élection présidentielle