Atlanticactu avait révélé la semaine dernière un trafic de voitures de luxe entretenu par des sénégalais, maliens, marocains, roumains et français et dont les produits étaient acheminés à Dakar. L’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) vient de donner un grand coup dans la fourmilière en interpellant un policier soupçonné d’être le principal complice du gang.
C’est la célèbre brigade de répression du banditisme de Paris qui s’était signalée en interpellant sept individus pour « vol en bande organisée », « recel » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime » dont le sénégalais Cheikh T. qui avait révélé des complicités au niveau de certaines administrations à Dakar. Mais, pour cette opération qui est une résultante des mises en examen d’éléments du gang des voleurs de voitures, elle risque d’éclabousser du monde car, les limiers de l’OCLCO ont réussi de concert avec l’Inspection Générale de la Police Nationale à remonter l’autre face du trafic de voitures de luxe vers l’Afrique.
Plusieurs dizaines de voitures volées sont concernées et cela dure depuis les années 2014. Ces véhicules très prisées par l’élite africaine qui étaient dérobées par des malfrats, étaient d’abord retrouvées par les enquêteurs de police, mais au lieu d’être rendues à leurs propriétaires, elles étaient maquillées et revendues au prix fort. Un trafic parfaitement huilé qui a duré au moins trois ans, selon une source policière.
Le policier interpellé ce lundi matin à la suite des confidences obtenues par un assureur qui avait soupçonné certains éléments mis en examen pour trafic et association de malfaiteurs et, qui a travaillé dans plusieurs commissariats parisiens, n’est pas à la tête de ce réseau, mais il aurait joué un rôle clé. Il est soupçonné d’avoir fait disparaître des fichiers les véhicules volés.
Une fois le fichier disparu, il ne reste plus aucune trace informatique de la voiture. D’autres membres du réseau modifient alors les plaques d’immatriculation, et est vendué à Paris à des ministres, personnalités politiques avant d’être acheminée à Dakar pour la plupart
Le stratagème est simple, a expliqué aux policiers le réceptionniste d’un grand hôtel parisien où des personnalités sénégalaises ont leurs habitudes. I. Diouf 09:32:02de déclarer « Quand les policiers récupèrent les voitures, elles sont acheminées dans un garage. Et c’est moi qui indique à mes clients de l’hôtel que je peux mettre à leur disposition telle marque de voiture durant leur séjour ». Et dira le réceptionniste, « C’est là que les clients sont ferrés et pour moi, le moment de leur proposer une vente à des prix défiant toute concurrence ». Quid du propriétaire rentré au Sénégal, « Il est mêlé à une histoire qui s’est terminée par un meurtre et depuis, on me dit qu’il est au Sénégal », balance le courtier des VIP sénégalaises à Paris
C’est une société d’assurances qui a constaté les mystérieuses disparitions des inscriptions dans les fichiers alors que trois de ses agents chargés de cette question avaient décidé de s’établir à leurs comptes et roulaient souvent en bolide. Des particuliers, les propriétaires initiaux des voitures volées, ont également déposé plainte. L’enquête est confiée à l’Office central de lutte contre le crime organisé et l’Inspection générale de la police nationale.
Plusieurs cartes de visites de personnalités africaines trouvées entre les mains du réceptionniste, des messages avec des photos échangés avec des personnes de la politique et du show-business à Dakar, Bamako, Bissau… I.Diouf, un franco sénégalais était également un proxénète
L’enquête a permis de mettre la main sur plusieurs individus et des fiches de signalement ont été envoyés aux différents bureaux d’interpol. Parmi les quinze personnes arrêtées figurent un policier, en poste dans le commissariat du XXe arrondissement, qui est soupçonné d’avoir sorti les voitures d’un fichier de police recensant les véhicules volés pour permettre l’établissement de nouvelles cartes grises et la revente des véhicules. Plusieurs dizaines de voitures auraient ainsi été revendues pour un préjudice de plus de 13 millions d’euros, selon la source policière.
Yaye Thioro Gueye