À l’orée du mois de Safar, période du Grand Magal de Touba, la ville sainte se prépare à accueillir des millions de pèlerins. Mais derrière l’effervescence religieuse, une autre réalité se fait sentir : celle d’une population en souffrance, laissée pour compte depuis l’alternance politique.

Assirou.net s’est rendu dans plusieurs quartiers périphériques de la ville – notamment SAM, Madiyana, Guédé, Tindody, Ndindy, entre autres – où les témoignages recueillis font état d’un profond malaise social. Les habitants, confrontés à des difficultés croissantes, dénoncent l’absence de soutien de l’actuel gouvernement et expriment ouvertement leurs regrets face au départ de l’ancien président Macky Sall.

Fatou Ndiaye, mère de cinq enfants, raconte sa situation :

« Depuis que Diomaye Faye et Sonko sont au pouvoir, on ne voit rien ici. Avant, avec Macky, on recevait du riz à l’approche du Magal. Même la bourse familiale que je recevais a été suspendue. Franchement, on ne sent aucun changement, juste plus de souffrance. »

Cheikh Babacar Fall, commerçant au marché de Guédé, ne cache pas sa frustration :

« Qu’ont-ils fait pour nous depuis qu’ils sont là ? Rien. Ils parlent à la télé, mais sur le terrain, c’est le vide. Macky, au moins, pensait aux événements religieux. Il nous respectait. Ce régime, on dirait qu’il veut effacer Touba. »

Aïssatou Lo, vendeuse de beignets à Tindody, dénonce elle aussi un abandon :

« Les jeunes n’ont plus de travail. Les aides ont disparu. Même l’eau devient difficile à avoir. Ce gouvernement devait apporter un changement, mais nous, on ne voit que des discours. Rien n’a été fait pour alléger nos souffrances. »

Certains guides religieux interrogés à Ndindy et Madiyana expriment eux aussi leur inquiétude, avec un ton mesuré mais ferme :

« Avec le président Macky Sall, il y avait une continuité dans le soutien aux daaras, aux mosquées, aux organisations religieuses. Aujourd’hui, c’est le flou total. Aucun contact, aucun appui. Nous avons l’impression que Touba n’est plus une priorité. »

En pleine préparation du Magal, cette rupture ressentie par une grande partie de la population est perçue comme une trahison. Loin des promesses de rupture positive, les populations interrogées estiment que la réalité du terrain reflète davantage un désengagement total de l’État.

Entre regret du passé et inquiétude pour l’avenir, Touba s’apprête à accueillir le Grand Magal dans un climat social tendu. Une chose est claire pour beaucoup d’habitants : « Macky Sall faisait mieux pour Touba. »