La situation politique au Sénégal a fait l’objet de débats en France. En effet, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a été saisie d’une correspondance par deux députés, notamment le président du groupe de la gauche démocrate et républicaine et le vice-président de la commission des Affaires étrangères, pour attirer son attention sur cette situation qui « est de plus en plus dangereuse, à mesure que s’approche son élection présidentielle ».

Le document indique : « premièrement, la menace d’un troisième mandat du Président Macky Sall apparaît selon de nombreux acteurs au Sénégal et ailleurs, comme une mise à mal de la démocratie sénégalaise et créerait des tensions durables au sein de la société, menaçant la stabilité de la démocratie sénégalaise, et plus largement, la stabilité de la région.

Deuxièmement, les tentatives d’intimidation, les menaces et les actions judiciaires contre les opposants politiques du Président Macky Sall, dont Ousmane Sonko, qui est issu de la coalition « Yewwi Askan Wi », contribuent à créer des tensions qui pourraient, au moindre accident, dégénérer de manière violente.

Aujourd’hui, de très nombreux Sénégalais se soulèvent, face à ce qu’ils considèrent comme un harcèlement judiciaire visant à faire tomber l’opposant politique le mieux placé pour l’emporter aux prochaines élections présidentielles. Troisièmement, selon plusieurs médias sénégalais, le Président Macky Sall aurait donné 12 millions d’euros à la députée Marine Le Pen lors de son entrevue privée avec lui, le 18 janvier dernier».

C’est au regard de ces trois éléments complémentaires, que les députés estiment que la France a tout intérêt à s’inquiéter de la présente situation. « Premièrement, Paris doit impérativement vérifier que le Président Macky Sall ne s’ingère pas dans la politique française en finançant un parti politique français.

Deuxièmement, la France doit intégrer dans le dialogue qu’elle a avec le Président sénégalais et les autorités de ce pays, son souhait de voir le Sénégal remplir ses obligations du point de vue du droit international au titre, notamment de son adhésion aux Nations-Unies, mais également du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Sénégal en 1978 et de tous les engagements internationaux et nationaux afférents.

Enfin, dans un contexte où les actions de la France sont scrutées de très près en Afrique francophone, dans ce qui a été autrefois appelé le « pré-carré » français, et qui laisse encore très largement des plaies à vif dans cette sous-région du continent africain, il apparaît fondamental que la France soit attentive au respect de l’opposition et œuvre, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines, à garantir des élections crédibles, c’est-à-dire sans la présence de l’actuel président Macky Sall ».

À les croire, pour beaucoup d’opposants sénégalais, si Macky Sall se représente de manière illégale, c’est qu’il aura eu l’accord de Paris. Car selon que le pouvoir en place est proche ou non de Paris, beaucoup d’observateurs attentifs constatent que les règles semblent s’appliquer différemment. C’est ainsi, déclarent les parlementaires, que le troisième mandat inconstitutionnel du président ivoirien Alassane Ouattara n’a pas été aussi sévèrement critiqué par Paris que le troisième mandat du président guinéen Alpha Condé, qui a pris fin avec un coup d’État en septembre 2021, organisé par un ancien légionnaire français, ce qui, pour certains, pose question.

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