Le contrat d’équipement en armes signé par le gouvernement du Sénégal avec le trafiquant d’armes nigérien Aboubakar Hima alias « Petit Boubé », n’a pas encore livré tous ses secrets. Selon « Africa Intelligence » du 20 décembre 2022, c’est l’entreprise publique chinoise NORINCO qui a travaillé « main dans la main » avec Petit Boubé, « pour armer le ministère sénégalais de l’Environnement ».
Grâce à « un certificat adressé en janvier (2022) par le ministère de l’Environnement sénégalais au gouvernement de Pékin », « Africa Intelligence » rapporte une liste d’armes commandées à NORINCO : « 1 500 pistolets de 9 mm, des munitions de calibre 9×19 mm et 5,56×45 mm, 1 500 fusils d’assaut de type AK-47 (copie chinoise type 56) et leurs munitions, mais également plus de 2 000 grenades lacrymogènes NF11 ».
NORINCO (China North Industries Corporation) est considérée comme le n°2 de l’industrie chinoise d’armement (notamment léger) et le 8e dans le monde depuis sa création en 1980, renseigne Wikipédia. Elle employait 980 mille personnes en 2000 et affichait un chiffre d’affaires supérieur à 68 milliards de dollars en 2018.
Des journalistes de OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) avaient révélé en octobre 2022, la signature en janvier 2022, d’un important contrat d’armement de 77 millions de dollars (45 milliards FCfa) signé par les ministres des Finances et du Budget (Abdoulaye Daouda Diallo) et de l’Environnement (Abdou Karim Sall) avec une société locale créée deux mois plus tôt, sous le nom de « Lavie Commercial Brokers », appartenant au Nigérien Aboubakar Hima dit « Petit Boubé ». Les deux ministres ne sont plus en place depuis le remaniement ministériel de septembre dernier.
Le contrat signé avait été jugé « inhabituel » :
« il n’a pas fait l’objet d’une procédure d’appel d’offres et n’a pas été publié en raison de la loi sénégalaise sur le secret défense. Mais l’OCCRP, en partenariat avec le journal israélien « Haaretz », a obtenu une copie du document et appris que Lavie Commercial Brokers a été incorporé en fait par un célèbre marchand d’armes ouest-africain, Aboubakar M. Hima, soupçonné d’avoir détourné des millions de dollars de contrats d’armement surfacturés dans son pays d’origine, le Niger. Un expert qui a discuté de l’accord avec les journalistes de l’OCCRP, déclare que certaines irrégularités du contrat suggéraient que son prix pouvait également avoir été surévalué », avait écrit OCCRP.
Au lendemain de la publication de l’enquête de OCCRP, le gouvernement sénégalais – par l’intermédiaire de son porte-parole Abdou Karim Fofana -, avait publié un communiqué dans lequel figurait un décret qui contredisait sa propre thèse sur la capacité légale du ministère de l’Environnement à acheter des armes. Un autre décret cité par le même ministre, n’avait pas à l’époque (octobre 2022) été retrouvé dans le Journal officiel de la république du Sénégal (JORS) ni même au niveau de l’Imprimerie nationale qui imprime les JO.