Le scandale autour du crédit de 91 milliards de FCFA contracté par l’État du Sénégal sous le régime précédent fait l’objet d’une attention particulière des autorités actuelles. Selon le rapport de la Cour des Comptes sur les Finances publiques, ce crédit a été signé en janvier 2022 par le ministre des Finances de l’époque avec International Business (IB) Bank T et IB Bank B. Ce contrat, scellé sous le sceau du secret, visait à financer l’acquisition de matériel pour l’État, mais sa nature et sa destination restent floues.
Le montant total du crédit, intérêts compris, s’élevait à 105 052 249 080 FCFA, remboursable d’ici décembre 2026 à travers des paiements trimestriels. Les fonds étaient censés être versés sur un compte spécial ouvert dans les livres d’IB Bank T. Pourtant, la Cour des Comptes relève plusieurs irrégularités : absence de précision sur le matériel acquis, paiement de commissions d’un montant de 919 424 000 FCFA au dépôt « Cap gouvernement », ainsi que l’opacité entourant la transaction. Des soupçons de lien avec l’achat d’armes circulent, notamment en raison des connexions avec Adcon Ltd et Ad Trade, entreprises ayant bénéficié de financements dans des conditions similaires, à la veille de l’élection présidentielle de mars 2024.
La Cour des Comptes met également en lumière des manquements importants, tels que l’absence de procédures réglementaires pour la contractualisation de cette dette publique et l’absence de versement des produits du crédit au Trésor public. De plus, le remboursement d’une partie de la dette d’un montant de 80 041 771 576 FCFA n’a pas été correctement comptabilisé.
IB Bank T et IB Bank B, contrôlées par l’homme d’affaires Mahamadou Bounkoungou du groupe Ébomaf, sont au cœur de cette affaire. Bounkoungou est également connu pour ses relations proches avec plusieurs dirigeants africains. Fait curieux, lors de l’émission d’obligations par l’État du Sénégal en mars 2023, pour un montant de 200 milliards FCFA, ces banques ont souscrit pour le montant de leurs créances, transformant ainsi une créance initiale conclue dans des conditions opaques en une nouvelle créance régulière inscrite dans le portefeuille de la dette de l’État.
Le dossier soulève des questions sur la gestion des finances publiques sous l’ancien régime et sur la transparence des accords financiers passés avec des acteurs privés. Les autorités actuelles s’engagent à faire la lumière sur cette affaire, mais l’issue reste incertaine.