Le chef de l’État est en train de consulter pour un nouvel attelage gouvernemental, dans un contexte de fortes tensions politiques. L’application des conclusions du Dialogue politique, attendues le 25 juin 2023, explique en partie, cette volonté de Macky Sall de remodeler l’attelage conduit par le Premier ministre Amadou Bâ. La sécurité, la justice et la diplomatie devraient être touchées…
Cette restructuration ministérielle sera appelée à répondre à de nouveaux défis liés à la conjoncture sociopolitique engendrée par les violentes manifestations des 1er et 2 juin derniers, principalement à Dakar et dans sa grande banlieue, à Ziguinchor et accessoirement, devant les consulats du Sénégal à Milan et à Lyon.
Concrètement, ce réaménagement devrait consister en la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national attendues pour le 25 juin prochain, ‘’tant dans son format que dans sa feuille de route’’, a assuré l’une de nos sources.
L’ancien président du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck, ayant rompu avec la majorité Benno pour préparer sa candidature à la Présidentielle, les départs des ministres de Rewmi, Yankhoba Diattara et Aly Saleh Diop avaient chamboulé la configuration gouvernementale, poussant le Premier ministre Amadou Bâ à cumuler les deux départements ministériels qu’ils occupaient : les Sports et l’Élevage.
Plusieurs pistes s’offrent à Macky Sall. Aller vers l’ouverture, avec l’intégration des personnalités ayant participé au Dialogue national ou aller vers un recentrage autour d’un noyau dur de fidèles, afin de surmonter la crise politico-sécuritaire, le thermostat étant calibré sur la propre décision de Macky Sall au sujet de la tentation d’un troisième mandat.
Mis à mal au sein de l’opinion, faisant face à une adversité inédite en onze ans de pouvoir, alors qu’il refuse toujours de se prononcer sur sa participation au scrutin de février 2024, Macky Sall doit recadrer son attelage, ne serait-ce que pour s’ajuster aux résultats attendus du dialogue, mais aussi, par besoin d’ouverture. Les consultations menées par le Palais visent des profils, ‘’pour des responsabilités à la tête de départements régaliens, concernant la sécurité et l’image du Sénégal à l’étranger, principalement’’.
Comme à son habitude, le président de la République s’est inquiété de la réponse apportée aux nouvelles formes de guérilla urbaine, consécutives à la condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme par contumace dans l’affaire Sweet Beauté, avec des niveaux d’armement jamais observés dans des manifestations politiques au Sénégal. En mars 2021, de violentes manifestations avaient éclaté au Sénégal, après la convocation d’Ousmane Sonko au tout début de cette affaire, qui a été vidée en première instance le 1er juin dernier.
Au total, 13 morts avaient été dénombrés parmi les manifestants. Dans la foulée, le chef de l’État avait limogé le patron de la gendarmerie, le général Jean-Baptiste Tine (actuel ambassadeur en Russie) et son collègue de la police, le contrôleur général Ousmane Sy.
La dernière série de violences a certes été contenue par les forces de défense et de sécurité, mais les importants moyens humains et matériels mis à la disposition du ministère de l’Intérieur et la qualité des services de renseignement, ne cadrent pas avec les résultats.
Le profil de certains manifestants et la présence parmi eux de membres du MFDC, la planification de leurs actions et les connexions établies avec des soutiens étrangers, a changé la nature du problème.
‘’Le danger est là et on dort au Sénégal. Les gens sont seulement intéressés par l’avenir politique d’une personne’’, résume un haut gradé de l’establishment sécuritaire.
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