Le Sénégal se trouve actuellement dans une impasse politique notable, exacerbée par le retard pris par le président Macky Sall dans l’annonce d’une date pour la prochaine élection présidentielle. Ce retard survient dans un contexte où le mandat actuel du président est sur le point de s’achever le 2 avril, et suite à une décision du Conseil Constitutionnel affirmant que l’élection ne peut être reportée, et appelant à une fixation de la date « dans les meilleurs délais ». Cette situation a engendré une vague de réactions parmi l’opposition et la société civile, qui perçoivent ce retard comme une tentative du président de prolonger son pouvoir de manière non conventionnelle. Senego vous fait un tour des réactions et inquiétudes.

Ndiaga Sylla, un expert électoral, a exprimé son mécontentement face à cette situation dans un message publié sur sa page Facebook visité par Senego, le mardi : “C’est le 8 février que j’ai proposé la date du 10 mars. Si le PR avait pris, à temps, les décisions utiles après la décision du CC, cela aurait été la date la mieux indiquée.” Cette déclaration montre l’urgence ressentie par les experts et la nécessité d’agir rapidement pour respecter les exigences constitutionnelles et démocratiques.

Le groupe « SURSAUT CITOYEN », se positionnant comme un groupe de réflexion et d’action pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit, a émis un communiqué fort parvenu à la rédaction de Senego, en déclarant que : “La constitution de notre pays impose le respect de cette décision, signifiant la nécessité de poursuivre le processus électoral interrompu et de garantir la tenue de l’élection présidentielle avant l’expiration du mandat actuel, sans possibilité de prolongation au-delà du 2 avril 2024.” Ils ont également souligné : “Le temps est compté pour une mise en œuvre fidèle de ces directives, soulignant l’urgence d’actions concrètes pour respecter les délais constitutionnels.” Et d’ajouter, concernant l’absence de communication du président sur cette question : “Sursaut Citoyen est particulièrement préoccupé par l’absence de communication du président sur la fixation de la nouvelle date électorale. Afin d’assurer une transmission pacifique du pouvoir, conformément aux exigences constitutionnelles le président de la République doit sans délai annoncer la tenue de l’élection présidentielle le 3 mars 2024.”

Dans le paysage politique, Khalifa Sall, candidat à l’élection présidentielle, a marqué sa position par la publication d’une image, signalant que l’élection doit se tenir avant le 2 avril, rappelant ainsi la date d’expiration du mandat de Macky Sall. D’un autre côté, Amadou Ba, représentant du candidat Bassirou Diomaye Faye, a adopté une approche juridique affirmant que : “Aucun dialogue, la démission de Macky ou la suppléance du Président de l’assemblée nationale ne peuvent JURIDIQUEMENT modifier la liste des candidats déjà retenus par le Conseil constitutionnel. Si on « REPORTE » la coupe d’Afrique ou la ligue des champions même de plusieurs mois, à l’arrivée, seuls les équipes DÉJÀ QUALIFIÉES y participeront. Il faut une ANNULATION complète de l’élection présidentielle pour reprendre le processus électoral ENTIÈREMENT; et cela, aucun décret ou loi constitutionnelle ne peut la faire.”

Thierno Alassane Sall, représentant du parti ‘REPUBLIQUE DES VALEURS RÉEWUM NGOR’, a été particulièrement critique envers le président Macky Sall, déclarant : “Visiblement, Macky Sall n’a toujours pas renoncé. Son objectif reste d’annuler le processus en cours, en faisant du troc : amnistie contre inclusion. C’est cela qui explique le dilatoire qu’il observe actuellement qui est source de toute sorte de spéculations. En conséquence, le seul sujet pertinent de discussion avec l’administration est la date du premier tour de l’élection présidentielle. Nous exhortons les Sénégalais à rester vigilants. Nous exhortons les dialogueurs de l’ombre à se départir de la tentation de marcher sur la Constitution en acceptant le report de l’élection. Nous exhortons le Conseil constitutionnel à constater la carence de Macky Sall à exécuter sa décision 1/C/2024, et à en tirer le seul verdict qui vaille: Macky Sall est décidément un putschiste qui n’en démord pas.” Peut-on lire dans un message sur le réseau social X.

Alors que la majorité de la population sénégalaise réclame la tenue de l’élection présidentielle avant le 2 avril, la situation s’avère complexe pour le président Macky Sall dans le choix de cette date. En effet, la fixation de la date de l’élection doit respecter un ensemble de règles précises, comprenant la durée du nombre de jours de campagne électorale, le temps alloué aux réclamations suite à des irrégularités supposées du premier tour, ainsi que la durée de la campagne pour un éventuel second tour et le délai pour d’éventuelles réclamations après celui-ci.

Ces contraintes soulignent la difficulté dans laquelle se trouve le président actuel. Pour respecter tous ces délais, qui sont incompressibles selon la loi électorale, la décision concernant la date de l’élection doit être prise avec une célérité exceptionnelle. La nécessité d’organiser une élection qui non seulement respecte le calendrier constitutionnel mais aussi garantit l’intégrité du processus électoral pose un défi de taille pour le gouvernement sénégalais.