Depuis la dernière présidentielle, qui a vu l’opposant Ousmane Sonko battre le Président Macky Sall au niveau de la Basse Casamance, avec un score de 57, 25 % des suffrages contre 38, 72 %, Macky Sall ne dort plus du sommeil du juste. En dépit des scénarii mis en place pour le liquider politiquement, Ousmane Sonko a survécu et continue de donner du fil à retordre au pouvoir. Pour tenter de conserver le pouvoir et éviter qu’il échappe aux libéraux, Macky Sall a mis en place des schémas politiques pour contrecarrer le leader de Pastef,/ Les Patriotes. « Le Témoin »
Ousmane Sonko fait peur au pouvoir et empêche ses tenants de dormir. C’est une redondance que de le dire. Il l’est plus avec la naissance de la coalition Yewwi Askan Wi dans laquelle se trouvent aussi Barthélémy Dias, Khalifa Ababacar Sall, Malick Gackou pour ne citer que ceux-là. Ousmane Sonko fait d’autant plus peur qu’il a promis de revoir les contrats pétroliers ou de mettre en prison beaucoup de dirigeants politiques, dont des ex-présidents de la République.
C’est pourquoi, l’élection présidentielle de 2024 représente un danger pour les gens du pouvoir, avec à leur tête Macky Sall. Ce dernier avait soutenu qu’une fois élu en 2019, il ferait son deuxième et dernier mandat.
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, semble vouloir revenir sur sa décision avec son fameux « ni oui, ni non ».
Mais, il sait que les Sénégalais ne le laisseront pas briguer un troisième mandat sans se battre. Ils l’ont fait avec son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade et rien ne laisse présager qu’ils ne le feront pas avec lui. C’est pourquoi, en perspective de la présidentielle de 2024, Macky Sall aurait mis en place plusieurs schémas.
Le scénario idéal de Macky Sall pour 2024
Lors d’une rencontre à Mbour, son fief, le directeur du Cabinet politique du président de la République, Mahmouth Saleh, avait indiqué que les Locales et les Législatives de 2022 constituent des primaires pour BBY et son leader Macky Sall, en perspective de la Présidentielle de 2024. Cette boutade n’est pas sortie de la bouche d’un responsable ordinaire.
Car, en disant ce qu’il a dit, le trotskyste qui théorisa naguère le « coup d’Etat rampant », avait dévoilé un pan du plan savamment ourdi par son mentor politique. C’est ce qui fait dire au politologue Mamadou Sy Albert que le moment et le scénario d’une candidature en 2024 dépendent fortement des élections locales et des législatives.
« C’est la culture du pouvoir politique au Sénégal qui repose sur la collectivité territoriale et l’Assemblée nationale. Ce sont les deux piliers du pouvoir politique. Il faut savoir aussi que Macky Sall, depuis qu’il est au pouvoir, n’a pas perdu une seule élection importante. Il sait par expérience que s’il perd les locales de 2022, ce serait un mauvais signe. Cela voudrait dire que son électorat risque de baisser et qu’il pourrait perdre les grandes villes. En conséquence, on irait vers un affaiblissement de son pouvoir », a analysé le politologue. Qui n’a pas manqué de s’intéresser à la position de l’administration territoriale.
« (…) Vous voyez, l’administration territoriale n’a jamais été aussi impliquée dans des élections locales. Quand le ministre de l’Intérieur sort pour défendre l’administration territoriale face à l’opposition, cela montre l’importance qu’il accorde à ces Locales. Si le Président Sall gagne les Locales et les Législatives, c’est le schéma idéal. Mais il y a aussi la jurisprudence Abdoulaye Wade qu’il mettra sur la balance. Le Conseil Constitutionnel ne pourra pas invalider sa candidature, car le cas Me Wade est un exemple. Sur le plan politique et juridique, Macky Sall aura des raisons pour postuler. Pour le deuxième scénario, s’il perd les Locales et les Législatives, il sera contraint de chercher un candidat pour sa succession », a poursuivi l’analyste politique.
Idrissa Seck une roue de secours âgée de 63 ans
Il faut noter que Macky Sall a posé les jalons d’un grand parti libéral avec notamment l’arrivée non seulement d’Idrissa Seck mais aussi d’autres frustrés du Pds, comme Omar Sarr sans compter Modou Diagne Fada et autres. Tous semblent d’accord sur le principe d’un grand parti libéral. Et cela pourrait être un scénario porté par Idrissa Seck, qui serait à la tête de l’Assemblée nationale.
Ainsi avant 2024, Macky Sall pourrait démissionner et quitter le pouvoir. Comme le prévoit la Constitution, Idrissa Seck, alors président de l’Assemblée nationale, serait chargé d’organiser des élections. A moins que le président du Conseil économique, social et environnemental ne se dédise.
En effet, Idrissa Seck avait soutenu dans une de ses sorties publiques, que si les Sénégalais ne l’élisent pas jusqu’à l’âge de 63 ans, ils n’auront plus le plaisir de le voir gérer les destinées du pays, car il aura fini de tourner le dos à la politique.
Or, selon Mamadou Sy Albert, la candidature d’Idrissa Seck serait en perspective pour deux choses : « les événements de mars dernier sont une leçon, cela pourrait se répéter si jamais Macky Sall se présente pour un troisième mandat. C’est un risque qu’il envisage dès maintenant d’ailleurs.
L’autre chose, c’est le partenaire français qui risque de peser sur la balance et rejeter complètement le troisième mandat. Mais il peut aussi fermer les yeux comme il l’a fait en Guinée et en Côte d’Ivoire. C’est le message d’ailleurs de la rencontre France-Afrique tenu à Montpellier. Macky Sall ne maîtrise pas ce scénario de révolte contre le troisième mandat sans compter le durcissement de la France. Si jamais ce cas de figure se présentait, je crois qu’Idrissa Seck sera le candidat naturel pour se substituer à Macky Sall. Il y a un pacte qui lie les deux hommes, mais quelle est la nature de ce pacte ?
C’est la grande équation. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Idrissa Seck n’a pas accepté de rallier le Benno pour un poste de Président du Conseil économique, social et environnemental. On verra plus clair après les élections » estime Mamadou Sy Albert. Poursuivant, il soutient que ni Macky encore moins Idy ne veut pas les libéraux perdent le pouvoir.
De même, croit savoir le politologue, le PDS n’a aucun intérêt à ce que Khalifa Sall ou Ousmane Sonko arrive au pouvoir. « C’est pourquoi, forcément, il y aura un rapprochement entre le PDS et Macky Sall », a-t-il conclu.
Le Témoin