L’intervention du Président Macky Sall était fortement attendue au Forum de Paris pour la Paix, au regard de son engagement pour l’impulsion d’une nouvelle dynamique de partenariat mondial, dans laquelle les véritables enjeux de développement de l’Afrique seront abordés avec équité.
Après le plaidoyer de 2020 pour l’inclusion, il a réitéré son appel à l’égalité des chances pour la relance économique post-Covid car, soutient-il, le monde a intérêt que l’Afrique se développe. « Mes remarques sur le soutien financier aux pays en développement porteront sur quelques points : Il y a d’abord un constat à faire : pour des économies déjà structurellement faibles, la crise née de la pandémie COVID-19 a fortement détérioré tous les agrégats économiques et dégradé nos marges de manœuvre budgétaires. La crise a en effet occasionné une chute drastique des recettes et une hausse brutale et considérable, des dépenses en santé et résilience socio-économique. La conséquence immédiate, c’est l’augmentation du déficit budgétaire et du niveau de la dette, sans compter l’absence d’instruments monétaires et financiers dont disposent les pays développés. Nous n’avons pas de planche à billets ni de Plan Marshal, ni les capacités de réserves des pays riches.
La crise a aussi considérablement réduit les apports financiers extérieurs aux économies de nos pays à trois niveaux : Premièrement, il y a eu un ralentissement des investissements directs étrangers (IDE). Selon le Rapport 2020 de la CNUCED sur les investissements dans le monde, le flux des IDE vers le continent devrait se contracter entre 25 % et 40 %. Quant au rapport de l’OCDE intitulé Dynamiques du développement en Afrique 2021 : transformation digitale et qualité de l’emploi, il indique qu’avec 45,5 milliards de dollars en 2019, l’Afrique n’a bénéficié que de 2,9% des IDE, loin derrière l’Asie (31,1 %), l’Amérique latine et les Caraïbes (9,9 %).
Deuxièmement, les transferts de la diaspora, soit 85,3 milliards de dollars en 2019 selon la Banque mondiale, ont également connu un net recul ; alors même que ces transferts sont de loin supérieurs à l’APD (29,6 milliards nets pour l’Afrique). Pour la première fois de son histoire, un pays comme le Sénégal, s’est même retrouvé à soutenir sa diaspora dans le cadre son Plan de résilience économique et social.
Troisièmement, enfin, s’agissant l’Aide Publique au Développement (29,6 milliards de dollars pour l’Afrique), on connaît ses limites. Ce n’est pas l’aide qui va développer un continent de 30 millions de km2 et de plus d’un milliard d’habitants.
Par exemple, la BAD estime que rien que pour les infrastructures, les besoins annuels de l’Afrique sont compris entre 130 et 170 milliards de
dollars. »
Le Temps de l’action