Le Président Sall avait promis d’auditer le plan décennal des inondations, le plan Orsec, de même l’audit technique de tous les ouvrages d’assainissement, sous le contrôle de l’Onas. Et ce, après avoir constaté que, malgré les centaines et centaines de milliards engloutis par ces plans, leur efficacité n’a pas été sentie par les populations qui continuent de patauger et de réclamer des comptes. Finalement, ces audits sont-ils tombés à l’eau ? Tribune
Pourtant, à l’issue du premier Conseil des ministres tenu dans la première semaine du mois de septembre 2021, il avait été annoncé que le Président Macky avait décidé d’activer l’Ige pour voir plus clair dans la gestion du plan décennal des inondations, car près de 10 ans après, malgré les 766 milliards supposés avoir été débloqués, les inondations persistaient de plus bel.
La banlieue dakaroise et de nombreuses régions du Sénégal ne sentent pas l’efficacité de ce programme. Certaines populations continuent de cohabiter avec les eaux polluantes et réclament des solutions structurelles.
Où sont passés les milliards consacrés à la création d’infrastructures pour mettre fin à ce phénomène ? Y’a-t-il eu des détournements de deniers publics ? Qui sont les acteurs concernés ?
Voilà des questions auxquelles l’Ige est censée apporter des réponses. Mais à ce jour, les réponses sont toujours attendues. Avant cet audit du Pgdi, celui du plan Orsec avait été aussi annoncé en novembre 2020. Selon des informations parues dans la presse, le Président Macky Sall avait demandé à Antoine Diome, nouvellement installé à la place de Ali Ngouille Ndiaye, «de lui faire parvenir l’évaluation exhaustive des fonds investis dans le plan de secours national et que les travaux entamés dans le cadre de la lutte contre les inondations soient poursuivis et les acquis consolidés».
Depuis lors, cette évaluation demandée semble être tombée à l’eau, et nul n’a plus entendu parler de plan Orsec jusqu’au vendredi 5 août dernier, lors des fortes pluies qui se sont abattues sur tout le pays avec son lot de dégâts, là où il a été déclenché.
Autre audit promis et dont nul n’a encore vu ou entendu les résultats, c’est celui de l’Onas, annoncé en 2019. En effet, lors du Conseil des ministres du 12 septembre, le Président Sall avait demandé au ministre de l’Eau et de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, «d’engager l’audit technique de tous les ouvrages d’assainissement sous le contrôle de l’Onas (Office national de l’assainissement du Sénégal) et d’entreprendre l’exécution d’un plan de réhabilitation des infrastructures concernées».
Cela a-t-il été fait ? Ce qui est curieux, dans l’annonce de ces audits, est qu’ils l’ont tous été pendant un mois de septembre, sauf le dernier. Une période pluvieuse où les populations étaient en plein dans les inondations et hurlaient leur colère.
Ces audits annoncés n’étaient-ils qu’un moyen de calmer leur colère ? En tout cas, il convient aujourd’hui de faire un audit exhaustif de tous ces plans, car malgré les milliards qu’ils engloutissent, les populations continuent de vivre dans le calvaire. Et il convient de faire un audit exhaustif de tous ces plans, et voir si effectivement ils sont une source d’enrichissement pour certains bienheureux comme le soutient une bonne frange des populations.
Par exemple, pour ce qui concerne le plan Orsec, le Président Sall en est à son 6ème plan depuis qu’il est au pouvoir : 26 août 2012 ; le 02 septembre 2013 ; le 17 septembre 2019 ; le 05 septembre 2020 ; le samedi 21 août 2021 et le vendredi 5 août 2022. Soit en moyenne, une fois tous les deux ans !
Si l’on sait que ce plan nécessite beaucoup de moyens, la question qui s’impose est de savoir ce que devient le matériel acheté au fil des ans avec l’argent du contribuable ? Pourquoi, malgré les années, l’État ne parvient il pas à trouver la bonne formule pour juguler ce phénomène ? Ou bien est-ce un business florissant pour d’aucuns comme le prétendent certains ?
Dans le Témoin du mardi 24 août 2021, Abdou Sané, géographe-environnementaliste, président de l’Association africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophes, y déclarait ceci : «Pour la durabilité, il est nécessaire d’envisager des solutions de prévention contre les risques de catastrophes». «Le plan Orsec est une réponse humanitaire conjoncturelle à une crise. Il est très coûteux, en ce sens que, dans l’urgence, les marchés sont exempts d’appels d’offre, et que c’est le gré à gré qui fonctionne dans un contexte marqué par la mal gouvernance (corruption, absence de transparence…). Or, la réponse à la crise coûte plus chère que l’investissement dans la prévention».
Mais, puisque certains trouvent plus leur compte dans la réponse à la crise… Ceci explique-t-il cela ?
Ce qui est au moins sûr, c’est que si l’État avait réellement la volonté de faire en sorte que la gestion de ces plans se fasse dans la transparence, il n’y aurait aucun problème, étant donné qu’il a tous les leviers en main et les solutions existent.
Comme le suggère, d’ailleurs, avec pertinence Alioune Fall, dans une contribution : «Pour mettre un terme aux inondations dans tout le pays avec moins de milliards, il faut mettre en place une stratégie intégrant l’armée dont le potentiel est à disposition. Cette composante de l’Armée dispose de personnels qualifiés (ingénieurs des ponts et chaussées, architectes, sapeurs, mineurs, techniciens dans tous les corps de métier) et de matériels lourds lui permettant de prendre en compte tous les travaux d’envergure relevant des ponts et chaussées, Btp, etc.
En raison de la répartition des ressources, chaque zone militaire dispose d’une unité du Génie apte à réagir dans un court préavis. L’implication du Génie militaire permet, d’une part, de réaliser des travaux de très grande envergure dans les délais prescrits, et à moindre coût (les militaires ayant déjà leur solde mensuel, la seule dépense restera la prime de chantier qui sera très éloignée des milliards qui sont déjà partis), et d’autre part, de mettre fin aux marchés de gré à gré.
Par conséquent, l’intégration des militaires est vivement souhaitée dans la gestion de cette préoccupation ainsi que dans d’autres grands chantiers de l’État pour un meilleur rendement qualité-prix. Ce seul exemple suffit
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