L’économiste et ancien ministre Pape Malick Ndour a vivement critiqué la gestion des finances publiques en s’appuyant sur les rapports d’exécution budgétaire du 4e trimestre 2024 et du 1er trimestre 2025. Selon lui, ces documents révèlent des incohérences majeures et remettent en cause la sincérité des choix budgétaires opérés par l’État.
1. ❌ Un trou de 40 milliards dans les recettes (T1 2025)
En comparant les recettes effectivement recouvrées au premier trimestre 2025 aux prévisions, un manque à gagner de près de 40 milliards FCFA est constaté. Ndour y voit une preuve que le budget adopté était davantage fondé sur le confort politique que sur la réalité économique :
« On nous a promis un budget sincère et réaliste, mais 40 milliards manquent à l’appel. Où sont-ils passés ? »
2. 🛑 Des dépenses de fonctionnement en hausse, des investissements au point mort
L’ancien ministre déplore le faible niveau d’investissement public : à peine 2,64 milliards FCFA exécutés sur les trois premiers mois de l’année. En parallèle, les dépenses de fonctionnement explosent :
84,65 milliards pour les achats de biens et services
463,93 milliards pour les transferts courants
Il dénonce une priorisation du fonctionnement de l’appareil d’État au détriment du développement :
« Quand il s’agit de payer ou de s’entretenir, tout est rapide. Mais pour investir dans le bien-être des populations, on parle de lenteurs administratives. »
Ndour donne un exemple marquant :
« Les 8 milliards dépensés pour des véhicules de fonction à l’Assemblée nationale représentent quatre fois l’ensemble des investissements de l’État au T1 2025. »
3. 📉 Un écart de 43 milliards dans les comptes de 2024
Selon les données de la Cour des comptes, 131 milliards FCFA de recettes encaissées en 2024 ont été comptabilisées au titre de 2023. Or, dans les chiffres de la Loi de finances rectificative (LFR 2024), seulement 87,9 milliards sont visibles.
D’où un écart de 43,1 milliards :
« Soit ces 131 milliards ont été mal comptabilisés, soit les chiffres ont été modifiés. Dans les deux cas, cela jette un doute sur la sincérité de la LFR 2024. »
4. 🎁 Une « surprise » budgétaire de 90 milliards en fin d’année ?
La LFR votée le 24 décembre 2024 tablait sur 65,2 milliards FCFA de dons. Une semaine plus tard, au 31 décembre, le montant réel reçu atteint 155,3 milliards. Soit 90 milliards de plus en quelques jours.
Pape Malick Ndour pose trois hypothèses :
Soit l’État savait, mais a sciemment omis d’inclure ces montants dans la LFR : grave atteinte à la transparence.
Soit c’est un don exceptionnel de dernière minute, qu’il faut justifier.
Soit ces fonds étaient dissimulés par l’ancien régime.
« Dans tous les cas, des explications claires s’imposent. »
🧾 Conclusion
Pour Ndour, la gestion actuelle des finances publiques repose sur une logique de conservation du système, non de transformation :
« On entretient les privilèges, on néglige les urgences sociales. Résultat : une jeunesse sacrifiée, une croissance à l’arrêt, et un pays en pilotage automatique. »