Son nom est sur toutes les lèvres depuis quelques mois. L’affaire dite de Sweet Beauty, opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, et la jeune masseuse, Adji Rabi Sarr, l’a mis au devant de la scène.
Mardi dernier, le doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo, a confronté dans son cabinet Ousmane Sonko et Adji Rabi Sarr. Cette masseuse accuse le leader de Pastef de viols répétitifs et menaces de mort. Au lendemain de cette confrontation, le natif de Thilogne porte en ses fragiles mains — ou sur ses frêles épaules — les espoirs de paix de tout un peuple.
Son nom est sur toutes les lèvres depuis quelques mois. L’affaire dite de Sweet Beauty, opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, et la jeune masseuse, Adji Rabi Sarr, l’a mis au devant de la scène. Oumar Maham Diallo semble aujourd’hui être le visage d’une justice à bout de souffle. Le visage d’une justice traînée dans la boue et qui serait domestiquée par l’Exécutif dirigée parle président Macky Sall.
Ancien juge au tribunal de grande instance hors classe de Dakar, ancien conseiller à la Cour d’Appel de Dakar, ancien président du tribunal du travail de Kolda et précédemment président de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ziguinchor, Oumar Maham Diallo, âgé de 54 ans, a été aussi juge du 3ème cabinet au tribunal régional de Dakar. Nommé doyen des juges en remplacement de feu Samba Sall, décédé au mois d’avril dernier, Oumar Maham Diallo va devoir redorer le blason d’une justice souvent chahutée. Un de ses camarades de promotion à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui a voulu garder l’anonymat, a tenu à nous parler du doyen des juges du tribunal de grande instance de Dakar. « Je l’ai connu, il y a plus de 30 ans, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Nous partagions en 1990 la même Faculté, celle des sciences juridiques et économiques à l’époque.
C’est une personne qui n’a pas changé dans la mesure où quand je l’ai revu quelques années après notre départ de l’université, en 2006 exactement, il avait toujours le profil d’un étudiant en droit. Ce, alors qu’il occupait des fonctions très importantes dans ce pays. Oumar Maham Diallo est une personne qui ne tient pas trop aux privilèges. Il est aussi un homme qui reste soudé aux valeurs d’un homme d’Etat et qui se caractérise par son humilité, son sens de l’écoute et son désir de servir son pays. Donc, je pense que ce dossier, aussi chaud qu’il soit, ne peut lui peser sur la tête. Il ne va dire que le droit comme il a l’habitude de le faire dans beaucoup de dossiers qu’il a eu à gérer », témoigne notre interlocuteur.
«Oumar Maham Diallo que je connais ne se laissera intimider par aucun des bords »
À la question de savoir si le doyen des juges saura dire le droit dans cette affaire qui défraye la chronique, et sans parti pris, cet ami de Oumar Maham Diallo soutient que l’homme qu’il connaît « ne se laissera intimider par aucun des bords. Il ne fera qu’appliquer la loi dans toute sa rigueur. »
Puisse ce témoin parler d’or puisque l’actuel doyen des juges du Tgi de Dakar est très attendu pour dire le droit après avoir pratiquement écouté toutes les parties et même confronté Ousmane Sonko, l’accusé, à Adji Rabi Sarr, l’accusatrice, mardi dernier à son bureau sis au palais de justice Lat Dior de Dakar. Il faudra toutefois attendre la manifestation de la vérité car, selon un juge du tribunal de Dakar que Le Témoin a contacté, l’instruction suivra son cours après la confrontation d »’il y a deux jours. « Le doyen des juges peut recueillir d’autres témoignages s’il le juge nécessaire. Le cas échéant, il va clôturer le dossier et saisir le parquet pour un réquisitoire. Après le retour du dossier, il va prendre une ordonnance soit de renvoi s’il estime qu’il y a des charges contre Sonko. Au cas contraire, il prendra une ordonnance de non lieu », explique ce juge au tribunal de grande instance de Dakar.
Un de ses collègues juges: « Il a la réputation d’être indépendant »
Si l’on en croit son collègue magistrat du tribunal de la grande instance de Kaolack, Oumar Maham Diallo est assez expérimenté pour gérer un dossier politico-judiciaire comme celui opposant la masseuse Adji Sarr au leader de Pastef Ousmane Sonko.«Les affaires politico-judiciaires n’ont rien de compliqué pour un juge indépendant. Personnellement, je n’ai jamais pratiqué Oumar Maham Diallo mais il a la réputation d’être un juge indépendant », dixit notre interlocuteur.
Oumar Maham Diallo est sans doute devenu le visage d’une justice à bout de souffle avec cette affaire de viol répétitif et menace de morts qui oppose le leader de Pastef, Ousmane Sonko, et la jeune masseuse Adji Rabi Sarr. Va-t-il honorer la justice en disant de manière libre et indépendante le droit ? Car de la décision qu’il rendra après avoir bien étudié ce dossier, ouï toutes les parties et procédé aux investigations et recoupements nécessaires, dépendra grandement la stabilité de notre pays pour les prochains mois… Puisse-t-il rendre un jugement aussi équitable que celui de Salomon!