L’attribut qui décrit le mieux Moustapha Sourang est la simplicité. D’aucuns diront l’humilité en plaçant le portrait de l’homme sous un angle psychologique. Cette simplicité, malgré le prestige de son ascendance familiale et de ses nombreux titres universitaires, en faisait un personnage discret et empathique.
Moustapha Sourang ne cherchait pas à s’imposer sur le devant de la scène. C’étaient les obligations liées aux prestigieuses fonctions académiques et gouvernementales qu’il eut à occuper de son vivant qui l’exposèrent aux feux de la rampe. Contrairement à beaucoup d’autres intellectuels, au cursus honorum moins brillant que le sien, il ne faisait pas de la célébrité une fin en soi. Et pourtant il a, dans l’ombre, rendu d’éminents services à l’Université sénégalaise en qualité de Doyen de la FSJP (1984-1999) de Vice-Président de l’Assemblée de l’UCAD, de Recteur de cette institution (1999-2001) avant d’être appelé au gouvernement par Me Abdoulaye Wade.
Beaucoup ignorent qu’il fut une des principales chevilles ouvrières de la première concertation nationale sur l’enseignement supérieur organisée en 1993 sous la houlette de feu le Professeur Assane Seck, un des inspirateurs de la nouvelle carte universitaire, un des négociateurs avec la Banque Mondiale pour le financement de la réforme universitaire. Il fut surtout, lors de son passage au gouvernement, l’artisan de l’amélioration du traitement des enseignants du supérieur en leur faisant accorder, à l’epoque, une substantielle prime spéciale d’enseignement.
Moustapha Sourang était un dignitaire mouride, mais par respect de la laïcité des institutions publiques il se gardait bien d’afficher cette appartenance pour en tirer un quelconque dividende au profit de sa carrière administrative. Il me confia un jour – il était alors Recteur et j’étais le Directeur de la recherche et de la coopération internationale – combien il était gêné lorsque des étudiants ou des enseignants ou d’autres mettaient en avant cette fibre confrérique dans une démarche officielle l’impliquant en tant qu’acteur institutionnel. C’est dire à quel point sa philosophie de la gestion publique était guidée par un souci de la probité, d’équité et la culture de l’inclusivité.
A Touba où il va reposer pour l’éternité, il sera entre les bonnes mains de son aïeul et guide qui saura plaider en sa faveur la miséricorde divine.