Ils auraient été inhumés dans la journée du samedi si les hommes du commissaire Mbaye de Gouy- Mbind n’étaient pas intervenus à temps. Tout allait vite se faire sans bruit ni protocole particulier malgré les bizarreries autour des deux morts.
Abdou S. S et Baye D. W. âgés respectivement de 10 et 09 ans auraient, par coïncidence, perdu la vie le même jour dans un même Daara appartenant au même Serigne Daara.
Dans la chaleur de la nuit du vendredi au samedi, A. S, le maître coranique a en effet, après avoir informé les parents du drame, transporté les corps sans vie des deux mômes vers la morgue de Guédé. La suite, c’était de s’affairer le lendemain autour du bain et de la prière mortuaires avant de procéder à l’inhumation.
Rien de ce programme ne se déroulera exactement comme prévu. Les hommes en kaki de Gouye-Mbind étaient déjà alertés, semble-t-il, par une personne assez intriguée par les coïncidences évoquées plus haut.
Pour un peu revenir aux faits, il faut juste signaler que A. S, maître coranique depuis 1987 et à Touba depuis 2001 tient un Daara au quartier Sam. De ce qu’il a confié aux enquêteurs, on peut retenir que le 25 novembre, selon ses dires, Abdou est venu lui faire part de ses maux de tête. Il précise lui avoir aussitôt donné à manger et formulé des prières. Pendant ce temps l’autre victime vaquait tranquillement à ses occupations ne se plaignant de rien. Seulement, le vendredi à 22 heures, un de ses talibés est venu l’informer que je jeune Baye qui respirait visiblement la forme se plaignait de maux de ventre. Il dira avoir trouvé sur place un enfant inerte. La grande faucheuse était déjà passée par là.
Quelques heures après, c’était autour de Abdou S. S de se plaindre. Après lui avoir donné de l’eau à boire, le maître – coranique dira avoir subitement constaté que les muscles de l’enfant commençaient à se dilater jusqu’à ce que mort s’en suive.
C’est alors, dit-il, qu’il a pris la responsabilité d’informer les parents des deux enfants pour ensuite conduire les corps sans vie au niveau de la morgue de la mosquée de Guédé. Dans la thèse qu’il développe, le maître coranique parlera de volonté divine, de morts naturelles, de coïncidence malheureuse et sous-tend n’avoir, à aucun moment, manqué de prendre ses responsabilités ou failli à sa mission de tuteur.
Du côté de la police, on semble juste vouloir en savoir davantage car, à bien des égards, il y’a trop de choses étranges autour de ces morts en plus du fait que le maître des lieux ne disposait d’aucun document sur les enfants et que l’inhumation allait se faire en catimini sans autorisation.
C’est alors que les enquêteurs ont exigé que les opérations soient arrêtées. Les corps ont ainsi été acheminés à la morgue de l’hôpital Matlaboul Fawzeini de Touba. Des réquisitions ont été adressées au médecin urgentiste pour que soit établie la cause des deux morts. Aux dernières nouvelles, dès l’instant qu’il se pose un problème médico-légal, des autopsies s’effectueront.Pour le moment, le Serigne Daara a été gardé à vue pour violation des règles relatives à l’inhumation.
Dakaractu est aussi en mesure de donner quelques détails non moins importants. A. S dirige un daara de 160 talibés âgés de 06 à 20 ans. Au moment où ce récit est fait, 08 d’entre eux sont alités et se plaindraient de maux de tête et de douleurs abdominales.