Une réaction saluée mais jugée tardive
Le ministère des Finances et du Budget a eu raison de réagir à la dégradation de la note souveraine du Sénégal par l’agence Moody’s, passée de B3 à Caa1 avec une perspective négative.
Cependant, selon Thierno Bocoum, président du parti AGIR – Les Leaders, cette réaction arrive trop tard.
« Il fallait prévenir la dégradation au lieu de la commenter », déclare-t-il, soulignant que cette décision fragilise l’image du pays auprès des investisseurs et alimente la méfiance des partenaires financiers.
Des signaux d’alerte ignorés depuis plusieurs mois
Pour l’ancien député, la situation actuelle résulte d’un manque d’anticipation.
« Les signaux d’alerte s’étaient multipliés : retards de décaissement du FMI, révisions à la baisse par S&P et Moody’s, tensions sur la trésorerie nationale », rappelle-t-il.
À cela s’ajoute une détérioration du cadre macroéconomique, avec un ratio dette/PIB supérieur à 118 %.
La polémique sur la dette a fragilisé la crédibilité du pays
Thierno Bocoum estime que la polémique autour de la « dette cachée » a davantage desservi le Sénégal que renforcé la transparence.
« En voulant accuser ses prédécesseurs, le régime a exposé le pays », affirme-t-il.
En évoquant publiquement des montants d’endettement non consolidés sans publier de données précises ni rendre public l’audit externe, le gouvernement aurait semé le doute et la suspicion au sein des partenaires économiques.
Une perte de maîtrise et de confiance
Selon lui, ces maladresses répétées donnent l’image d’un État en perte de contrôle de ses propres comptes.
Les institutions internationales – Moody’s, S&P et le FMI – n’auraient pas sanctionné un régime politique, mais traduit le ressenti d’un pays en manque de clarté, de rigueur et de prévisibilité.
Des conséquences économiques lourdes
Cette baisse de notation n’est pas sans effets : elle augmente le coût de l’emprunt, réduit la marge budgétaire et complique les négociations avec les bailleurs de fonds.
Chaque point perdu représente des milliards de francs CFA supplémentaires en charges d’intérêts pour l’État.
Un appel à la transparence et à la rigueur
Thierno Bocoum invite le gouvernement à publier régulièrement les rapports d’exécution budgétaire, à rendre public l’audit complet de la dette, et à bâtir une communication économique fondée sur des données vérifiables plutôt que sur des discours politiques.
« La diplomatie économique ne se mène pas dans l’émotion mais dans la constance », martèle-t-il.
« Le crédit d’un pays repose sur la crédibilité de ses chiffres, pas sur ses slogans. »
« En voulant accuser, ils ont exposé le pays »
Pour le président d’AGIR, le Sénégal ne regagnera pas la confiance des marchés par des contestations mais par des actes de gestion, de planification et de transparence.
« La confiance des marchés, comme celle des peuples, se perd plus vite qu’elle ne se reconquiert », conclut-il.
« Les tenants du régime doivent désormais parler le langage des chiffres, non celui des justifications. »
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