Elle s’est fait parler d’elle. Ce dimanche, alors que le Président Macky Sall s’adressait aux sénégalais à Londres, Mbayang Camara s’est levée pour l’interrompre. Pendant plusieurs minutes, elle criait : « Libérez Guy Marius Sagna, non à la dilapidation des ressources naturelles ». Elle a été expulsée de la salle par les préposés à la sécurité. Dans un entretien à L’Observateur, elle est revenue en long sur cette «opération savamment orchestrée» par le mouvement Aar Li Ñu Bokk/Angleterre.
« Je n’étais pas la seule dans la salle. C’était une stratégie que nous avions mise en place au sein de Aar Li Ñu Bokk. J’étais avec deux autres hommes et deux autres femmes. Il s’est trouvé que j’étais la première à parler. Ce n’est rien d’exceptionnel. C’est quelque chose qui se passe régulièrement dans ce pays. C’est une forme de protestation, l’occasion m’était présentée de poser ou de soulever ce que je sais intéresser des millions de Sénégalais qui en discutent dans les salons, les bureaux, les rues, mais n’ont pas, je ne dirais pas le courage de dire, parce qu’on leur a infligé la peur, eu égard à la violence exercée sur eux. C’est dommage pour un pays démocratique », détaille-t-elle.
« Je n’ai ressenti aucune peur parce que je n’étais pas là-bas ni pour insulter ni pour faire mal. J’étais là-bas pour faire passer un message. J’avais une opportunité que j’ai exploitée. Les autres, même s’ils ont cette opportunité, ont peur. Il y a une tyrannie qui est exercée par ce pouvoir-là », indique-t-elle.
Mbayang Camara a démenti l’information relayée par son parti Pastef selon laquelle elle avait été agressée par les nervis du pouvoir.
« Nous sommes en Angleterre, ils n’osent pas tabasser des gens dans ce pays. Il faudrait aussi au Sénégal qu’on arrête à chaque fois qu’une scène de ce genre se passe, de dire qu’on l’a tabassé, on l’a frappé. On est en train de légaliser et d’encourager la violence. Ils vont se dire que quelqu’un qui dit ce que le Président n’aime pas entendre, il faut le tabasser, il faut le corriger. Ce n’est pas normal. Il faut qu’on arrête ce discours, on est en démocratie », conseille-t-elle.
A la question de savoir si elle regrette son acte, Mbayang Camara répond par la négative. « Je ne regrette rien. Si c’était à refaire, je l’aurais refait pour la seule et simple raison que des gens pensent comme moi, mais ils n’ont pas l’occasion de dire ce que j’ai dit », a-t-elle fait savoir.