L’Université Cheikh Ahmadoul Khadim (UCAK) de Touba, joyau de l’enseignement supérieur porté par la communauté mouride, traverse une situation financière préoccupante due à l’interruption de la subvention annuelle promise par l’État sénégalais.
En effet, sous le régime de l’ancien président Macky Sall, l’État avait pris l’engagement clair de verser une subvention annuelle d’un milliard de francs CFA pour soutenir cette institution universitaire. Une reconnaissance de la portée nationale de l’UCAK, bien qu’initiée et financée par des ressources issues exclusivement de la communauté mouride.
Macky Sall avait respecté sa parole. Un premier milliard avait été versé, dans le respect de l’accord établi. Les deux autres milliards nécessaires au fonctionnement global de l’université étaient prévus pour être couverts par le Khalife général des mourides, dans un esprit de co-construction et de service public partagé.
Mais depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, plus aucun versement n’a été effectué, et le silence des autorités devient pesant. Aucune communication officielle n’explique ce blocage. Pire encore, cette rupture d’engagement donne l’impression d’un abandon délibéré d’un projet pourtant inscrit dans une logique de service national.
Pourtant, l’UCAK accueille aujourd’hui des centaines d’étudiants sénégalais, issus de toutes les régions, et dispense un enseignement universitaire rigoureux, mêlant savoir religieux et disciplines modernes. Elle joue le même rôle que les autres universités publiques du pays, mais sans bénéficier du même traitement.
La question se pose donc avec insistance :
Pourquoi l’État refuse-t-il de continuer à soutenir cette université comme il le fait pour les autres établissements publics ?
Y aurait-il une logique politicienne ou idéologique derrière ce désengagement brutal ?
Il convient de rappeler que l’État est une continuité. Les changements de régime ne doivent pas entraîner l’oubli ou l’effacement des engagements pris. Lorsque des citoyens s’organisent, investissent leurs ressources et créent une institution d’intérêt général, l’État a le devoir de les accompagner – non de les ignorer.
Aujourd’hui, c’est la crédibilité de l’État et le principe d’équité territoriale et religieuse qui sont en jeu. Ne pas verser la subvention annuelle à l’UCAK, alors qu’elle a été budgétisée et actée, revient à punir l’initiative communautaire et à fragiliser un modèle d’autonomisation nationale basé sur la foi, l’éducation et la solidarité.
Le gouvernement actuel doit sortir de l’ambiguïté et assumer ses responsabilités. Car l’UCAK n’est pas un projet communautaire fermé : c’est un bien national, au service de la jeunesse sénégalaise.