Mohamedou Ould Salahi a été emprisonné à Guantánamo Bay à Cuba pendant 14 ans.
En novembre 2001, il est arrêté par son gouvernement et remis à la Jordanie où il sera interrogé pendant plus de 7 mois et en isolement total. Ensuite, la CIA le récupère et l’envoie dans une base en Afghanistan avant de l’acheminer définitivement à Guantánamo en aout 2002.
Il est soupçonné d’avoir été en lien avec la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux USA, après qu’il ait voyagé en Afghanistan en 1990 (juste après la guerre contre l’ex URSS qui s’est terminée en 1989) et aurait rejoint un camp d’entrainement, puis aurait communiqué en 1998 avec son cousin qui utilisa un téléphone satellite qui aurait appartenu à Oussama Ben Laden.
Là, il fut interrogé, torturé et gardé dans des conditions d’isolement extrêmes pendant plusieurs années.
En montrant des photos de famille au journaliste, Mohamadou explique que pendant sa détention son frère et sa mère sont décédés sans qu’il puisse assister à leur enterrement.
« J’avais l’habitude d’essayer grimper au-dessus des clôtures, mais je n’y suis jamais parvenu d’une façon me permettant de regarder le coucher du soleil, ou son lever. Et aujourd’hui je regarde tout cela, et je suis tellement content, tellement heureux. » dit-il au journaliste assis dos à la mer.
« Je ne suis toujours pas un homme libre. Le camp est juste plus grand. Au lieu d’une cellule de 1.8×2.4 mètres à Guantanamo Bay, la cellule est mauritanienne ». Mohamedou Ould Salahi est en effet interdit de quitter le territoire malgré le fait qu’il n’ait jamais été inculpé pour le moindre crime.
Ce qui frappe le plus avec notre frère Mohamedou c’est que malgré tout ce qu’il a subit, il garde le sourire là où de nombreux autres sont victimes de stress post-traumatique sévère, ou ont même malheureusement pour certains perdu la raison tant les sévices subis étaient inhumains. Qu’Allah leur vienne en aide.
Quelques années après le début de sa détention, il rencontre Steve Wood qui a pour mission de le surveiller. C’est son premier gardien qui ne fait pas partie de l’équipe d’interrogation et de torture.
« Il fait partie de la première équipe qui n’était pas chargée de m’infliger de la souffrance de manière délibérée. » déclare Mohamadou.
Lors de leur première rencontre Steve Wood est étonné de voir cet homme qui sort de sa cellule et lui serre la main en lui disant « Très heureux de vous rencontrer ».
« Mohamedou a été le premier musulman que j’ai eu l’occasion de rencontrer et d’apprendre à connaitre. » affirme Steve. Il nous explique ensuite qu’à moment donné les prisonniers de Guantánamo ont eu l’autorisation de prier. «Il a commencé à prier et personne ne l’a arrêté. Alors je pense que c’est à ce moment-là qu’il a compris que les choses iraient un peu mieux. »
« C’est très difficile de dire de quelqu’un qu’il est votre ami. Quand cette personne a un tel pouvoir sur votre personne, auquel on inclut le fait de pouvoir mettre fin à votre vie, avec aucune conséquence (par rapport au fait de tuer un prisonnier, NDLR). C’est une sacrée relation » affirme Mohamedou, ému.
Il ajoute : « Quand j’ai été relâché il m’a contacté et on est devenu amis. Véritablement amis. »
13 ans après qu’ils se soient vus pour la dernière fois, Steve est venu visiter Mohamedou en Mauritanie. Mohamedou est très heureux de cette rencontre. « Ce sera vraiment gratifiant pour moi de prendre soin de lui, car il a essayé de prendre bien soin de moi en prison. »
Steve arrive le premier jour de Ramadan et assis près de son ami il évoqué le passé ainsi : « A ce moment-là je me sentais coupable car je le traitais très bien (…), mais en même temps j’avais toujours les clés de la porte de sa cellule, vous savez… alors c’est un sentiment étrange, un peu de culpabilité, qui n’est jamais partit ».
« Je lui fais confiance. Je sentais à 100 % qu’il était innocent. C’est un homme honnête ; il me l’a prouvé. »
Sur cette photo Mohamedou montre à Steve l’apparition du croissant de Lune (Hilal) qui marque le début du mois de Ramadan.
Steve est devenu musulman, Allahou Akbar. Quand a-t-il décidé de le devenir ? Est-ce sa rencontre avec ce musulman du quotidien qui lui donna pour la première fois le visage simple de l’Islam ? Est-ce l’amitié exceptionnelle qu’ils commencèrent à nouer dans un environnement infernal, alors que tout les séparait ?
« J’aimerais revenir un jour et certainement ramener ma fille, ma famille, ce serait fantastique. » partage Steve à la fin de son séjour.
Mohamedou et Steve se quittent sur la formule « As salam ‘aleikoum ».
Al hamdouliLlah qui guide qui Il veut.