Les commerçants et industriels du Sénégal (Acis) sont très remontés contre le ministre de l’Environnement qui veut appliquer, sans délai, la loi interdisant la plastique. Même s’ils ne sont pas contre, ils affirment que le ministre non seulement devrait faire des préalables mais aussi doit les laisser le temps qu’ils épuisent leurs stocks qui sont au port et à l’aéroport dont la valeur est estimée à 10 milliards francs Cfa.
Les commerçants et les industriels du plastique en veulent au ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall. Ce dernier veut éradiquer la plastique au Sénégal. En conférence de presse hier, ces derniers regroupés dans l’Association des commerçants et industriels du Sénégal (Acis) ont dénoncé la manière dont la loi sur les sachets plastiques veut être appliquée. Le président exécutif de l’Acis, Oumar Cissé affirme que le ministre a agi tout seul sans consulter les concernés, les commerçants et les industriels qui ont des containers pleins au niveau du port et de l’aéroport. Il souligne que c’est inadmissible de donner un délai de quatre mois pour vider tout cela dont la valeur est estimée à 10 milliards Francs Cfa. Pourquoi cette précipitation, souligne-t-il. «Il est important de préciser que nous commerçants qui évoluons dans ce secteur, sommes conscients de l’impact polluant des sachets plastiques à l’environnement. Cependant, nous ne pouvons pas comprendre dans un pays comme le Sénégal qui a 85 % de son Pib issus du secteur, pourquoi vouloir coûte que coûte faire appliquer la loi sur les sachets plastiques juste deux mois après sa promulgation au niveau de l’Assemblée nationale», déplore M. Cissé. Lui emboitant le pas, le chargé de la communication de cette structure, Pape Modou Guèye affirme qu’avec cette nouvelle loi, ce sont 30 000 emplois dont 10 000 directs qui risquent de s’effondrer. «Nous ne sommes pas contre l’éradication des sachets plastiques parce que nous sommes conscients de l’impact négatif que ces sachets peuvent avoir au niveau de notre environnement. Ce que nous dénonçons, c’est la manière dont le ministre de l’Environnement compte envoyer au chômage de pauvres gens qui font une économie de plus de 15 milliards et un secteur qui compte plus de 700 entrepreneurs qui emploient 30 000 jeunes travailleurs. C’est une véritable économie qu’il veut tuer. Et on ne va pas l’accepter», déplore-t-il.
Les commerçants et industriels du Sénégal affirment qu’ils sont allés voir le ministre pour s’enquérir des contours de la loi et aussi lui expliquer le sort de ces produits qui sont au port et à l’aéroport. «En allant rencontrer le ministre nous lui avons posé la question à savoir. Pour les containers de la plastique au niveau de l’aéroport et du port d’une valeur de 7 milliards Francs Cfa, qu’est-ce que nous devons faire avec cela ? Nous lui avons demandé pour l’instant de les vendre et après il va appliquer la loi de manière graduelle comme l’ont fait les pays européens. C’est-à-dire de se fixer un délai qui va jusqu’à 2035. Vous savez ce qu’il nous a répondu ? Aller jeter ce produit au niveau de la mer ou les vendre ailleurs que le Sénégal. Est-ce que cela est une réponse d’un ministre de la République», fulmine M. Guèye. Qui dit n’être pas d’ailleurs surpris de la réponse. «Un ministre qui a fait déloger des gazelles de leur environnement normal au point de rencontrer la mort. Est-ce que ce ministre est un bon professeur pour donner des cours en environnement ?», dénonce-t-il.
Toutefois, les commerçants et industriels du Sénégal (Acis) ont proposé des solutions. Ils invitent le ministre au recyclage et au ramassage pour avoir une autre valeur ajoutée du secteur. Ils demandent aussi aux autorités de faire l’inventaire du secteur pour savoir l’impact économique afin de permettre aux acteurs de changer de projet à défaut de les indemniser.