L’ex-président gambien Yahya Jammeh en exil en Guinée équatoriale doit être jugé devant une cour spéciale dans un pays de la sous-région, a recommandé le rapport de la commission Vérité, réconciliation et réparations, la semaine dernière. La structure a mentionné le nom de plusieurs pays dont le Sénégal pour abriter untel procès, sans plus de précisions pour l’instant. La Gambie étant incapable de le juger pour dit-on des « raisons de sécurité », la Commission suggère fortement un transfert de compétences.
Après la remise du rapport, s’achemine-t-on vers la création d’un tribunal spécial 100 % africain ? Pour cette instance qui a enquêté sur le règne de Jammeh il faut engager des poursuites judiciaires devant un tribunal international « dans un pays d’Afrique de l’Ouest autre que la Gambie, sous l’égide de la Cédéao ou de l’Union africaine ».
Lancien autocrate est accusé, entre autres, de « meurtres, détentions arbitraires, disparitions forcées ».
Une cour spéciale au Sénégal ?
Le Sénégal serait-il l’endroit idéal pour accueillir le procès contre l’ancien dictateur ? « Le Sénégal a en place l’infrastructure nécessaire qui avait jugé Hissène Habré. Le Ghana est une autre option », suggère le rapport qui évoque également la Sierra Leone.
Quoi qu’il en soit, ce procès risque d’être retentissant. Au total, entre 240 et 250 personnes sont mortes sur ordre de l’ancien dictateur, comptabilise la Commission qui a entendu le témoignage de 400 témoins : victimes et bourreaux compris.
A peine réélu, le président Adama Barrow a donné des gages de bonne volonté pour coopérer afin de faciliter la tenue d’un tel procès. « Je prends part à une telle éventualité même si elle ne relève pas entièrement de mon ressort », avait-il martelé en marge de sa première sortie, au lendemain de sa réélection.
Amadou BARRY
Correspondant à Banjul