Le langage mouride qui mange ne va pas dire « je mange », il dit « maangui xéewlu » c’est à dire je suis entrain de me régaler des biens qui proviennent de DIEU,
Xéewël signifiant bienfait, bien dont on a été gratifié par DIEU.
Ou en invitant quelqu’un à sa table, il dira « Serigne bi Kaay barkeelu ».
Le musulman n’est-il pas à la recherche de la barakat ?
Quand il a fini de manger le mouride ne dit pas « je suis rassasié ou je suis rempli » comme avait l’habitude de dire un de mes amis soninké.
il dit « Sant naa ».Quoi? Qui?
Dieu merci.
Merci de m’avoir nourri.
Quand le mouride se met à partager quelques friandises , quand il n’y en a plus,
il ne dit pas « c’est fini » « jeexna » mais
« mattna » autrement dit c’est complet .
La part que Dieu nous a attribué.
Mais il en reste car les bienfaits de DIEU sont infinis.
Quand il part se coucher, le mouride ne dit pas « je vais aller dormir » mais « maangui dall lu ji » je vais aller me poser.
Pourquoi?
Car l’homme ne doit pas être un oisif. L’homme dans sa vie doit toujours être en action, au service de sa communauté, au service des créatures pour l’onction du Créateur.
Et quand il tue un animal, le mouride utilise le terme « lewetal ».
Car DIEU seul est doté de la puissance de tuer, d’ôter la vie. Alors le mouride dit « je l’ai rendu doux ».
Et dans la vie de tous les jours quand on demande à un mouride comment il va.
Il répond toujours « Sant rekk », « maangui sant bu baax » « sant ak muñ » « sant ak muuñ »ou « sant bay fecc » ou « sant, muñ ak moytu »selon son haal ou ses épreuves. Alors si l’on sait que « sant », chukr en arabe ou rendre grâce a comme contraire « kuffr » « weddi », comme nous l’a enseigné Cheikh Saalih, on prend toute la mesure du langage mouride qui est un véritable musulman, celui qui est soumis à la volonté divine contrairement au rebelle.
Aujourd’hui le sénégalais a adopté ce mode de salutation.
Après le salam d’usage, quand tu demanderas à n’importe quel sénégalais comment il va , il te répondra « maangui sant » c’est à dire DIEU merci.
Mais continuons notre voyage au pays du langage des soufis mourides.
Ainsi on verra que le mouride est tellement probe, tellement prudent que quand on lui demande si quelqu’un est entrain de dormir ou pas, si quelqu’un s’est réveillé ou pas, il répondra « qu’il na pas encore ouvert ses portes, ubeegul.
Car il ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur.
Rien ne lui indique ce qu’est entrain de faire la personne.
Un croyant ne doit pas avancer des propos dont il n’est pas sûr. Jullit day Maandu.
Quant à sa maison, le mouride l’appelle « dall bi » ou « lieu d’hébergement » car comme un voyageur, il n’est que passager dans cette maison quelle que soit la solidité des colonnes qui retiennent la bâtisse.
Nos véritables demeures ne sont elles pas le paradis pour les vertueux.
Ce langage mouride inspiré par la crainte divine et voilé de sagesse est aussi empreint du respect de l’autre.
Ainsi quel que soit le genre masculin en face, le mouride l’appellera « Serigne bi » car Serigne bi, c’est le qualificatif le plus respectueux, l’état le plus noble auquel aspire un musulman.
L’incarnation de la sagesse, une présomption de connaissant aalim accordée à l’interlocuteur…jusqu’à preuve du contraire.
Quand il parlera ou quand il agira. Jamais avant.
Quant à la femme, le mouride l’appellera « soxna-ci , femme vertueuse » ou l’incarnation de la mère de la plupart de nos maîtres spirituels, les sages.
Jusqu’à preuve du contraire.
Quand elle agira ou quand elle » se dévoilera ».
Quant à l’enfant, le mouride l’appelle « tuuti tank »
« petit pied »
car rappelle-toi, toutes les âmes ont été créées le même jour.
ce jour là toutes les âmes ont répondu « ballé » oui, c’était YAWMA ALASTU quand DIEU déclara « Ne suis -je pas votre Seigneur ».
« Oui » ont répondu toutes les âmes.
Le mouride se rappelle encore de ce jour et tient à honorer ce pacte avec son Créateur.
Du fait de son passé de paysan, le mouride dira toujours « maangui dem ci tool yi fût-il commerçant à Sandaga ou trader à la City ou à Wall Street, fût-il enseignant ou ouvrier.
Il va aux champs afin de récolter des bienfaits qui l’aideront à rester cet homme libre, qui ne tend sa main qu’à DIEU .
Le travail, un moyen pour pouvoir adorer correctement DIEU devient sain, saint, sanctificateur et sanctifiant.
Quand quelqu’un meurt le mouride dira « nelawna » c’est à dire qu’il dort. Ce qui veut dire qu’il va se réveiller. Le mouride croit au jour de la résurrection .
. C’est ce jour que les corps sortiront des tombes pour répondre à l’appel.
Il dira aussi de quelqu’un de décédé qu’il a accompli sa tâche « wacc na ligéey ». Le mouride , il est sur terre pour engranger des bonnes actions car DIEU dit dans le Coran sourate Al Mulk « Béni soit
Celui qui détient le pouvoir suprême et Qui est tout puissant, Qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver et connaître ceux d’entre vous qui se conduisent le mieux.
« Sourate 7 verset 1 et 2.
Quand le mouride prend congé de quelqu’un il lui dira qu’il déplace juste sa personne , sa carcasse physique bien entendu;
« maangu toxal jëmm ji ».
Car les âmes vertueuses et bien inspirées ne se séparent jamais.
Et l’autre mouride de répondre « Inna Laha Mahanaa » « DIEU est avec nous. »
Mody