Après « Les Sénégalais de Boko Haram » et « Le crime organisé dans le Sahel », le journaliste Mamadou Mouth Bane revient avec un nouvel ouvrage toujours sur le même sujet, à savoir le terrorisme. Dans ce troisième livre intitulé: « Lutte contre le terrorisme et la criminalité dans le Sahel : La nouvelle stratégie du Sénégal », le journaliste, propose une analyse de la stratégiedu Sénégal face à la montée de la menace terroriste. Une menace grandissante dans un contexte où le Sénégal se prépare à exploiter son gaz et son pétrole.

Voici l’intégralité du discours de Mouth Bane :

  • Monsieur le Premier Ministre
  • Monsieur le Représentant du Chef de l’Etat
  • Monsieur le Général, Haut Commandant de la Gendarmerie
  • Monsieur les Généraux d’Armées
  • Monsieur le Représentant des Forces Armées
  • Messieurs les Représentants de la Police et de la

Gendarmerie

  • Excellences, Messieurs les représentants des Ambassades
  • Messieurs les représentants des familles religieuses
  • Messieurs les Grands Serigne de Dakar
  • Messieurs les représentants des organisations religieuses
  • Messieurs les représentants des partis politiques toute obédience confondue
  • Distingués invités en vos rangs, grades et qualités ;

Mesdames et Messieurs,

 

Je vous remercie de votre présence à cette cérémonie de présentation et de dédicaces de mon livre : « Lutte contre le terrorisme et la criminalité au Sahel : la nouvelle stratégie du Sahel ». Votre présence m’honore, merci.  Pourquoi continuez à écrire sur cette question, me diriez-vous car c’est mon troisième ouvrage ? Tout simplement, parce que la question du Terrorisme et de la criminalité au Sahel est un problème complexe et qui ne se pose pas de la même façon dans cet espace sahélien où chaque pays à ses réalités propres que ce soit sur le plan économique, politique, sécuritaire, militaire et sociologique. Sans compter que sur cette même problématique surgisse de nombreuses questions ; celle sur l’utilisation du numérique dans la propagande djihadiste, sujet de mon premier livre, puis quand on a vu des sénégalais dans les rangs de Boko Haram, je me suis intéressé à eux, ce fut le thème de mon deuxième ouvrage.

Le Sénégal a pris, dès le départ, la question très au sérieux en impliquant toutes les composantes utiles pour assurer à nos concitoyens et autres personnes vivant sur notre territoire quiétude, sécurité et paix. Ce livre est une initiative visant à expliquer le travail de titans abattu dans notre pays par les multiples institutions qui veillent sur notre sécurité au premier rang, les Forces de Défense et de

Sécurité. C’est un combat qui, à mon sens, doit être compris de tous les segments de la société afin que les démarches des autorités, en réponse, à la menace pernicieuse parfois, puissent être comprises par tous.

Notre pays, le Sénégal abrite des cellules terroristes dormantes, passives et des réseaux de la grande délinquance, qui tentent d’influencer les masses populaires, surtout la jeunesse. Disons le très clairement, le terrorisme frappe à nos portes.

Mais, c’est quoi le terrorisme ? Qui sont les terroristes ? Rappelons d’abord que le législateur sénégalais ne dégage pas le profil du

terroriste ? Il est muet sur la définition du terrorisme. Le législateur parle plutôt  de : «l’acte terroriste» et des délits connexes.  Pour notre part, disons que le terrorisme, c’est une idéologie galvanisée par un discours qui se traduit par un comportement, qui aboutit à des actes violents. La violence terroriste est l’acte final d’un processus d’engagement.  Dorénavant, il faut détacher le terrorisme de l’Islam, car, des non musulmans sont souvent jugés pour terrorisme.

Par ailleurs, notre proximité avec le Mali contaminé par l’Algérie, et plongé dans une crise politique née des offensives terroristes sous le régime d’Amadou Toumani TOURE, fait du Sénégal, un pays exposé à l’expansion terroriste au sud-est, sans négliger sa partie nord, vers la

Mauritanie. Des déplacements de populations entre :

le Sénégal et le Mali,   le Sénégal et la Mauritanie,  le Sénégal,  le Niger et le Nigéria,  le Sénégal, le Niger et la Libye, exposent notre pays, aux infiltrations d’individus ou de groupes suspects.

Mesdames et Messieurs

Chers invités,

Très souvent, j’entends des gens dire : «les terroristes sont entrés au Sénégal ». Ils ignorent que ces derniers sont des compatriotes sénégalais comme vous et moi, qui adhérent à l’idéologie extrémiste, dans une posture inoffensive, mais dynamique.

D’ailleurs, récemment, à Wouro Himatou, dans le département de

Kidira, trois hommes : Demba. S né le 31 Décembre 1991 à Sévaré Ouro Mopty au Mali, Belko. D, Siradji. L né le 10 Juillet 1979 à Médina GOUNASS et Amadou. B.D, ont été arrêtés par les éléments du GARSI (Groupe d’Actions Rapides de Surveillance et d’Intervention). Demba, membre du MACINA d’Amadou Kouffa, avait ouvert une boutique dans ce village sénégalais. Il aidait financièrement les chefs de famille et en échange, ces derniers envoyaient de jeunes sénégalais combattre au Mali dans les rangs de la Katiba Macina. Demba et Siradji appartiennent à des réseaux terroristes établis entre le Mali, le Niger et le Burkina FASO. Ainsi, 03 enquêteurs du FBI ont été dépêchés à Dakar. Les prévenus ont été entendus par les enquêteurs américains. Il s’est trouvé que Demba ferait partie d’un groupe de terroristes qui ont pris en otage la citoyenne américaine Suellen TENNYSARA enlevée chez elle  à Yalgo, au Burkina Fasso, le 04 Avril 2022. Demba et Belko sont présentement dans une prison dakaroise.

Ensuite, il y a le cas de Laye FALL. Pour ses études à l’Université de Koufa, Professeur, FALL a séjourné en Irak de 2011 à 2017. C’est dans ce pays qu’il a fait la connaissance d’un sieur nommé Mahdi. Ce dernier l’a pris sous son aile. De retour au Sénégal, Laye FALL a reçu d’importantes sommes d’argent via western union en provenance de l’Irak. En 2019, Monsieur FALL est retourné en IRAK sur demande de Mahdi pour moins d’un mois. Durant ce séjour,  il s’est rendu au

Liban pour subir une formation militaire.  Des transferts d’argent d’un montant global 11000 $ effectués par son contact en Irak, lui ont permis d’effectuer ce voyage.

En plus, des bailleurs basés dans des pays étrangers finançaient de jeunes sénégalais à hauteur de  150.000 et 200.000 FCFA pour rejoindre Boko Haram au Nigéria ou Daesh en Libye.   Par la voie terrestre, ces jeunes sénégalais prenaient les bus de la Société nigérienne SONEF pour se rendre à Djiender (Niger) puis à Fathoul Moubine ex Gwanzu (Nigéria) par moto jakarta.

Plusieurs jeunes sénégalais ont été tués au Nigéria et en Lybie. Certains parmi ces jeunes sont connus pour leurs déclarations hostiles contre les tarikhas et contre des symboles de l’islam sénégalais.

Sur Facebook, des djihadistes sénégalais établis en Libye :

Abdourahmane Mendy, Elimane Diop, Abou Jafar Diop,  Abu Khalid,

Sadio Gassama et Abdou Salam Gueye Colonel dans l’Armée de

Daesh, étaient connus pour leur propos virulents contre les confréries :

Tidiane, Mouride, Layéne, Khadr, etc…. Tous ces discours virulents contre les tarikhas entrent dans une logique stratégie bien réfléchie, dont la finalité est le déclin des confréries et l’émergence d’une idéologie religieuse nouvelle importée.

 

Au plan idéologique, des formations politiques comme les Frères musulmans en Egypte, le Tawassul en Mauritanie, l’Ennahda en Tunisie, le Hezbollah au Liban, les Frères musulmans au Soudan fondé par le défunt tuteur d’Ossaman Ben Laden, Hassan Al Turabi, ont réussi à influencer plusieurs jeunes sénégalais. L’existence des tarikha au Sénégal heurte leur doctrine religieuse.  Or, le Sénégal sans ses tarikhas, c’est comme le drapeau national sans son étoile verte au milieu. On nous confondrait au Mali alors.

Faudrait-il laisser cette idéologie de terreur, cette intolérance aveugle et ce rejet systématique de la différence, prendre le dessus sur ce commun vouloir de vie commune dans la paix et l’entente ? La pluralité religieuse n’a jamais été une menace à la cohésion sociale au

Sénégal.

Mesdames et Messieurs

Chers invités,

Les groupes terroristes ne s’installent que dans les régions où les populations sont pauvres. Dans ses localités démunies, la frustration et la colère des jeunes inspirent le discours des leaders radicaux et de certains acteurs politiques. Il urge alors de déconstruire les discours religieux et politiques violents.

Toutefois, la meilleure manière de détacher les jeunes des cercles extrémistes, c’est de leur offrir de meilleures conditions de vie. Le Sénégal compte des milliers de jeunes sans emploi et sans formation.

Dans le Sahel, l’adhésion des jeunes aux groupes terroristes est plus économique que religieux. Un jeune qui gagne bien sa vie en Afrique, ne rejoindra jamais les groupes terroristes.  Des enquêtes effectuées au Niger, au Nigéria, au Tchad ont démontré que tous les jeunes terroristes repentis sont issus de familles démunies. La majeure partie de ces jeunes n’ont aucune activité durable productrice de revenus.  Une enquête réalisée par les autorités nigériennes sur les jeunes repentis de Boko Haram, a révélé que «9,50% des jeunes étaient couturiers, 2,50% coiffeurs, 8% chauffeurs taxi moto, 12,25% maraichers, 15,00% pêcheurs, 13,% dans le petit commerce, 15% chômeurs, 5% dans la boucherie, 8% boutiquiers, 2,50% chauffeurs,

5,50% éleveurs de bétail, 3,75% autres ».

 

Mesdames et Messieurs

Chers invités

 

Le Sud-est du Sénégal est menacé.  Le Sahel connait une propagation de la menace terroriste qui a touché aujourd’hui : le Burkina Faso, le

Niger, le Nigéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Cameroun, la Libye et le Mali. Face à cette menace qui s’approche à nos frontières, l’Etat du Sénégal a engagé des réformes juridiques et sécuritaires.  Par l’anticipation, les FDS ont réussi à déjouer tous les plans des groupes terroristes,  intra-muros et au niveau des frontières. En matière de lutte contre le terrorisme, le Sénégal a réussi des prouesses importantes. L’acquisition d’équipements militaires de dernière génération et en quantité, les recrutements massifs, la formation continue, le maillage sécuritaire territorial, la coopération interétatique par les échanges de renseignements avec des pays partenaires, ont permis aux FDS d’endiguer la menace. Il faut également encourager l’alerte précoce en créant un lien entre : la Police/la Gendarmerie/ le Citoyen. Mieux encore, les confréries, dans leur mission d’éducation, d’éveil des consciences, de sensibilisation ont un rôle central à jouer Dans la prévention et l’anticipation.

Les Média, la Société civile, les chefs de villages situés au niveau des frontières, les transporteurs et les conducteurs de jakartas dans les zones frontalières, les orpailleurs dans le département de Kidira, de Saraya, les «badienu Gox», les Imams, les Associations des jeunes et les femmes, les prêcheurs et animateurs religieux etc… doivent également être impliqués dans la stratégie de lutte contre cette menace.

Je vous remercie pour votre aimable attention.